Aurélie est allée «1 000 fois au Bataclan» avec Matthieu, et comme tant d'autres passés à la barre, ils avaient leurs habitudes dans la salle : au fond, à droite, près de l'entrée. «Il n'avait aucune chance»
Avec ce procès, elle veut «comprendre». «Ça fait six ans que je tourne autour de ma peine. Matthieu n'est pas que mort, il a été assassiné lors d'une tuerie de masse»
Les otages du Bataclan ont faire vivre à la cour leurs deux heures et demi de huis-clos avec les jihadistes, entre terreur et conversations absurdes
«Moi j'ai baigné dans le sang et les tripes du terroriste, et j'ai eu beaucoup de plaisir. Encore aujourd'hui ça reste une joie, morbide, mais totalement assumée»
«Je ne suis pas blessé physiquement, j’ai une chance absolue, je n'ai pas l'impression d'être meurtri psychologiquement»
«Ma vie est encore plus belle aujourd'hui, parce que j’ai conscience de la chance que j’ai d'avoir survécu à un évènement pareil et de pouvoir profiter de ce que la vie peut apporter»
Tom, 1,71 m et plutôt gringalet, s'occupe du couple anglais. L'homme pèse environ 100 kilos. Il est blessé et Tom doit le porter. «Il est bien trop lourd pour moi». Tom réussit néanmoins à le faire sortir du Bataclan.
«Je fais des cauchemars de ça tous les soirs. Je revis le moment où je croise son regard, quand il comprend que je ne vais pas le sauver», dit-il en retenant ses larmes
«Ma joue pendait le long de mon cou. J'avalais les dents déchiquetées dans ma bouche parce que ça me faisait tousser et j'avais peur d'attirer l'attention des terroristes.»
«Tout le nez avait été arraché, son oeil droit avait explosé.» «Je lui ai dit (à sa compagne, ndlr): C'est pas grave»
Des rescapés du massacre au Bataclan ont commencé à raconter mercredi comment ils sont restés à «la merci» de «l'inhumanité aveugle» des assaillants
Cédric a «fait le mort pendant deux heures». «J'ai essayé de fusionner avec le sol», résume cet ancien chauffeur-livreur de 41 ans, un tee-shirt noir et larges tatouages
«En l'espace de quelques secondes, il a perdu sa mère, son beau-père et sa marraine», la «meilleure» amie de sa mère
«La mort de Victor a saccagé nos vies. Du jour au lendemain, la vie disparaît», poursuit-elle, en lisant à toute vitesse le qu'elle a écrit, son fils aîné silencieux à côté d'elle.