Attentats du 13-Novembre: les complicités belges sous les projecteurs jeudi

Ce croquis d'audience réalisé le 27 juin 2022 montre l'accusé Salah Abdeslam (à droite) debout à côté des 13 autres accusés devant le tribunal correctionnel de Paris lors du procès des attentats de novembre 2015. Benoit PEYRUCQ / AFP
Ce croquis d'audience réalisé le 27 juin 2022 montre l'accusé Salah Abdeslam (à droite) debout à côté des 13 autres accusés devant le tribunal correctionnel de Paris lors du procès des attentats de novembre 2015. Benoit PEYRUCQ / AFP
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Publié le Jeudi 30 juin 2022

Attentats du 13-Novembre: les complicités belges sous les projecteurs jeudi

  • Le tribunal de Bruxelles rend jeudi son jugement à l'encontre de treize hommes et une femme accusés d'avoir aidé des membres de la cellule djihadiste qui a fomenté ces attaques
  • Le jugement tombe au lendemain du verdict de la cour d'assises spéciale de Paris qui, après dix mois d'audience, a condamné mercredi soir 20 hommes impliqués dans les pires attentats jamais commis en France

BRUXELLES: Ils sont considérés comme les "petites mains" belges des commandos du 13 novembre 2015: le tribunal de Bruxelles rend jeudi son jugement à l'encontre de treize hommes et une femme accusés d'avoir aidé des membres de la cellule djihadiste qui a fomenté ces attaques.

Le jugement tombe au lendemain du verdict de la cour d'assises spéciale de Paris qui, après dix mois d'audience, a condamné mercredi soir 20 hommes (dont six étaient jugés par défaut) impliqués dans les pires attentats jamais commis en France.

Ces attaques perpétrées à Paris et dans la ville voisine de Saint-Denis, revendiquées par le groupe Etat islamique (EI), ont fait 130 morts, dont 90 assassinés lors d'un concert dans la salle parisienne du Bataclan.

A Bruxelles, de mi-avril à mi-mai, 14 personnes ont été jugées par le tribunal correctionnel, accusées d'avoir apporté une aide, plus ou moins importante, à certains auteurs, hébergeant l'un ou l'autre, assurant une conduite à l'aéroport ou fournissant des faux papiers.

Le dossier a été baptisé "Paris bis". Ecartés de la procédure française, les prévenus sont pour la grande majorité des Bruxellois qui gravitaient dans l'entourage de Salah Abdeslam, de Mohamed Abrini (tous deux condamnés mercredi à la réclusion à perpétuité), ou des frères El Bakraoui, les relais d'Oussama Atar pour former l'ossature belge de la cellule djihadiste. Les deux frères se sont fait exploser lors des attentats de Bruxelles (32 morts le 22 mars 2016).

L'un des prévenus, Abid Aberkane, cousin des Abdeslam et quasiment leur voisin à Molenbeek, est accusé d'avoir caché au domicile de sa mère le djihadiste en fuite les derniers jours précédant son arrestation le 18 mars 2016.

Une peine de quatre ans de prison, éventuellement assortie du sursis, a été requise contre lui le 29 avril par le parquet fédéral. L'accusation a pointé du doigt "des faits d'une extrême

gravité", alors qu'Abdeslam, seul membre encore en vie des commandos du 13-Novembre, était l'homme le plus recherché d'Europe.

«Les fonds de tiroirs»

Jeudi matin à l'heure de l'énoncé du jugement, à partir de 08H45 (06H45 GMT), son sort sera parmi les plus guettés. Excepté Youssef Bazarouj, absent car présumé mort en Syrie (et contre qui cinq ans ont été réclamés), Abid Aberkane est le complice présumé pour lequel le parquet s'est montré le plus sévère.

"Pour ce qu'on me reproche, je suis désolé, j'ai réagi comme un abruti", a-t-il lâché à la fin du procès, regrettant d'avoir été "endoctriné en regardant des vidéos" de propagande de l'EI.

Pour les autres, des peines n'excédant pas trois ans de prison, la plupart avec un sursis possible, ont été demandées.

C'est le cas pour Ibrahim Abrini, frère de Mohamed, soupçonné d'avoir aidé ce dernier, une fois rentré en Belgique, à se débarrasser d'un ordinateur et des vêtements qu'il portait en accompagnant "le convoi de la mort" à Paris. Deux ans de prison avec sursis probatoire (c'est- à-dire soumis à conditions) ont été réclamés contre lui.

Deux des 14 prévenus ne doivent pas répondre d'une infraction à caractère terroriste, dont Meryem El Balghiti, poursuivie pour "faux" pour avoir aidé son mari Farid Kharkhach à confectionner des faux papiers d'identité pour les djihadistes. Ce dernier a été condamné mercredi soir dans le procès parisien à deux ans de prison, la cour abandonnant la qualification terroriste des poursuites.

Comme ce couple, la plupart des suspects jugés à Bruxelles ont assuré qu'ils ignoraient les intentions "terroristes" de ceux qu'ils ont aidés.

"Conduire un copain à l'aéroport est devenu participer aux activités d'un groupe terroriste. Evidemment c'est facile à dire après coup", a protesté l'avocat d'un prévenu, tandis qu'un autre déplorait que la justice belge ait "raclé les fonds de tiroirs" pour mener ce procès.

13-Novembre: la condamnation de Salah Abdeslam «ne paraît pas conforme à la justice»

La condamnation à la perpétuité réelle de Salah Abdeslam, le seul membre encore en vie des commandos des attentats du 13-Novembre, "ne paraît pas conforme à la justice", a estimé jeudi au lendemain du verdict Martin Vettes, un de ses avocats.

"Là où cette décision ne me paraît pas conforme à la justice, c'est que Salah Abdeslam écope de la même peine qu'Oussama Atar qui a été condamné exactement dans les mêmes termes", a regretté Me Vettes sur France Inter.

Oussama Atar, présumé mort en zone irako-syrienne, est le commanditaire présumé des attaques qui ont frappé Paris et Saint-Denis le 13 novembre 2015, causant la mort de 130 personnes.

Jugé par défaut comme six autres accusés, il a été condamné comme Salah Abdeslam à la perpétuité incompressible, une peine rarissime, la plus lourde du droit pénal français.

"On ne peut pas se satisfaire d'une décision qui met sur un pied d'égalité le commanditaire des attentats du 13-Novembre et Salah Abdeslam qui n'est pas le commanditaire de toute évidence", a insisté Me Vettes.

Interrogé sur un possible appel, l'avocat a indiqué qu'il ne fallait "pas réagir à chaud". "On va prendre le temps d'en discuter" avec Salah Abdeslam, a-t-il dit.

Les avocats de la défense, comme le ministère public, ont dix jours pour faire appel de la décision de la cour d'assises spéciale. "On a un délai de dix jours. On va l'exploiter", a indiqué Martin Vettes. "En dernier lieu c'est une décision qui revient" à Salah Abdeslam, a-t-il dit.

"On est sur une grande élasticité du droit pénal qui nous a été vendue par le parquet", a estimé de son côté Olivia Ronen, autre avocate de Salah Abdeslam.

"Juridiquement je trouve ça extrêmement compliqué, on propose de condamner une personne dont on sait qu'elle n'était pas au Bataclan comme si elle y était et donc il y a des questions qui se posent. On ne peut pas cacher une déception du fait de voir qu'il y a eu quelque chose, je pense, un peu étrange sur l'application du droit", a-t-elle dit.

"Le crime est odieux, (Salah Abdeslam) est pleinement responsable (...) Il devait être puni sévèrement mais quel que soit le crime, quel espoir la justice accepte-t-elle de laisser perdurer ?", s'est interrogée de son côté Me Claire Josserand-Schmidt, avocate de 37 parties civiles.


Un influenceur franco-iranien jugé en juillet pour apologie du terrorisme

La justice vise des propos tenus par l'influenceur sur l'attaque sanglante du Hamas le 7 octobre 2023, qui a entraîné la mort de 1.218 personnes du côté israélien, en majorité des civils, selon un décompte de l'AFP basé sur des chiffres officiels. (AFP)
La justice vise des propos tenus par l'influenceur sur l'attaque sanglante du Hamas le 7 octobre 2023, qui a entraîné la mort de 1.218 personnes du côté israélien, en majorité des civils, selon un décompte de l'AFP basé sur des chiffres officiels. (AFP)
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  • La justice vise des propos tenus par l'influenceur sur l'attaque sanglante du Hamas le 7 octobre 2023, qui a entraîné la mort de 1.218 personnes du côté israélien, en majorité des civils, selon un décompte de l'AFP basé sur des chiffres officiels
  • Se présentant comme journaliste indépendant sur TikTok, où il est suivi par 330.000 abonnés, le mis en cause, qui s'est fait connaître avec une association d'aide aux plus démunis, y partage de nombreux contenus sur l'actualité du Moyen-Orient

BOBIGNY: Un influenceur franco-iranien sera jugé début juillet devant le tribunal de Bobigny (Seine-Saint-Denis) pour apologie du terrorisme, ont indiqué jeudi à l'AFP le parquet et ses avocats.

Shahin Hazamy, 29 ans, s'est vu "délivrer une convocation à une audience du 3 juillet pour apologie du terrorisme par un moyen de communication en ligne en public", a déclaré le parquet, confirmant son arrestation mardi révélée par le magazine Le Point.

La justice vise des propos tenus par l'influenceur sur l'attaque sanglante du Hamas le 7 octobre 2023, qui a entraîné la mort de 1.218 personnes du côté israélien, en majorité des civils, selon un décompte de l'AFP basé sur des chiffres officiels.

Se présentant comme journaliste indépendant sur TikTok, où il est suivi par 330.000 abonnés, le mis en cause, qui s'est fait connaître avec une association d'aide aux plus démunis, y partage de nombreux contenus sur l'actualité du Moyen-Orient.

"En s'en prenant à un journaliste la justice envoie un très mauvais signal à la liberté de la presse. Notre client Shahin Hazamy a subi un traitement inadmissible, avec une perquisition devant ses enfants en bas âge alors que les faits reprochés ont bientôt deux ans", ont déclaré à l'AFP ses avocats Nabil Boudi et Antoine Pastor.

Ces poursuites font suite à l'arrestation fin février d'une autre Iranienne en France, Mahdieh Esfandiari, actuellement écrouée pour apologie du terrorisme dans le cadre d'une information judiciaire confiée au Pôle national de lutte contre la haine en ligne (PNLH).

Annonçant cette nouvelle arrestation en France d'un de ses ressortissants, la télévision d'Etat iranienne a fustigé mercredi une "violation flagrante de la liberté d'expression dans un pays qui prétend être une démocratie".


Macron appelle à intégrer Mayotte dans la Commission de l'océan Indien

Le président français Emmanuel Macron a demandé jeudi "l'intégration" du département français de Mayotte à la Commission de l'océan Indien (COI), en plaidant pour une "approche pragmatique" face à l'hostilité des Comores. (AFP)
Le président français Emmanuel Macron a demandé jeudi "l'intégration" du département français de Mayotte à la Commission de l'océan Indien (COI), en plaidant pour une "approche pragmatique" face à l'hostilité des Comores. (AFP)
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  • "Nous ne pouvons pas laisser un territoire et ceux qui y vivent à l'écart d'un certain nombre de nos programmes", a dit M. Macron, en citant expressément Mayotte, au cinquième sommet de la COI dans la capitale malgache Antananarivo
  • Mais à la différence de La Réunion, autre département français dans cette partie du monde, Mayotte reste à la porte de l'organisation intergouvernementale

ANTANANARIVO: Le président français Emmanuel Macron a demandé jeudi "l'intégration" du département français de Mayotte à la Commission de l'océan Indien (COI), en plaidant pour une "approche pragmatique" face à l'hostilité des Comores.

"Nous ne pouvons pas laisser un territoire et ceux qui y vivent à l'écart d'un certain nombre de nos programmes", a dit M. Macron, en citant expressément Mayotte, au cinquième sommet de la COI dans la capitale malgache Antananarivo.

La COI réunit les États insulaires (Madagascar, Comores, Maurice, Seychelles et La Réunion pour la France) dans le sud-ouest de l'océan Indien.

Mais à la différence de La Réunion, autre département français dans cette partie du monde, Mayotte reste à la porte de l'organisation intergouvernementale.

"L'implication de nos populations, l'intégration de toutes nos îles dans les efforts de la COI pour la prospérité et la sécurité, dans la pluralité de ses dimensions maritime, alimentaire et pour la santé sont dans l'intérêt de nos peuples et de la région", a insisté M. Macron.

Il a suggéré toutefois d'"avancer de manière pragmatique vers cet objectif", sans réclamer l'intégration pleine et entière immédiate de l'archipel.

"La France est le premier bailleur de la COI", a-t-il aussi souligné, en précisant que l'Agence française du développement (AFD) gérait un "portefeuille de 125 millions d'euros de projets" de l'organisation.

"La COI est un modèle de coopération (...) Aucune de nos îles ne peut relever seule le défi", a-t-il ajouté, évoquant un "océan Indien profondément bousculé" par les défis planétaires actuels.

"Ensemble, en conjuguant nos atouts (..) nous pouvons tracer une voie nouvelle singulière", a-t-il assuré.

L'Union des Comores s'oppose à l'intégration de Mayotte dans la COI car elle conteste la souveraineté de la France sur Mayotte, restée française lorsque l'archipel des Comores est devenu indépendant en 1975.

Mayotte, tout comme les îles Éparses, autre territoire français hérité de la colonisation et revendiqué par Madagascar, sont au cœur du canal du Mozambique, voie majeure de transport maritime qui renferme d'importantes réserves en hydrocarbures.


Narcobanditisme à Marseille: le ministre de l'Intérieur annonce 21 arrestations dans «le haut du spectre»

Le ministre de l'Intérieur Bruno Retailleau (C) s'entretient avec la présidente de la métropole Aix-Marseille-Provence Martine Vassal et le président du Conseil régional Provence-Alpes-Côte d'Azur Renaud Muselier lors d'une visite d'inspection des mesures de sécurité publique à Marseille. (AFP)
Le ministre de l'Intérieur Bruno Retailleau (C) s'entretient avec la présidente de la métropole Aix-Marseille-Provence Martine Vassal et le président du Conseil régional Provence-Alpes-Côte d'Azur Renaud Muselier lors d'une visite d'inspection des mesures de sécurité publique à Marseille. (AFP)
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  • Les personnes arrêtées sont de "hauts responsables qui tiennent un réseau à la Castellane", "pas du menu fretin", a-t-il insisté: ce "ne sont pas des petites mains, des charbonneurs, mais des responsables de haut niveau du narcobantitisme"
  • Toutes ces interpellations jeudi matin n'ont cependant pas eu lieu à Marseille, pour ce réseau qui présente des "ramifications nationales mais avec des racines marseillaises", a ajouté le ministre sans plus de détail

MARSEILLE: Le ministre de l'Intérieur Bruno Retailleau a annoncé jeudi un coup de filet avec 21 interpellations de trafiquants appartenant au "haut du spectre" du narcobanditisme marseillais, lors d'un déplacement à Marseille.

Une opération "a eu lieu très tôt ce matin avec 21 interpellations liées au narcobanditisme, dans le haut de spectre, qui doit nous permettre de démanteler un réseau important sur Marseille", qui tenait la cité de la Castellane, dans les quartiers populaires du nord de la ville, a déclaré Bruno Retailleau lors d'une conférence de presse.

Les personnes arrêtées sont de "hauts responsables qui tiennent un réseau à la Castellane", "pas du menu fretin", a-t-il insisté: ce "ne sont pas des petites mains, des charbonneurs, mais des responsables de haut niveau du narcobantitisme", a insisté M. Retailleau.

Selon une source policière, cette enquête portait notamment sur du blanchiment.

Toutes ces interpellations jeudi matin n'ont cependant pas eu lieu à Marseille, pour ce réseau qui présente des "ramifications nationales mais avec des racines marseillaises", a ajouté le ministre sans plus de détail.

Au total, 170 enquêteurs ont été mobilisés pour ce coup de filet qui est, selon le ministre, "un coup dur", "sinon mortel", porté à ce réseau.

La cité de la Castellane, vaste ensemble d'immeubles blancs en bordure d'autoroute, est connue pour être un haut lieu marseillais de ces trafics de stupéfiants qui empoisonnent le quotidien des habitants. En mars 2024, Emmanuel Macron s'y était rendu pour lancer des opérations "place nette XXL" contre les trafiquants et depuis la présence policière y était quasi constante, mais si le trafic était moins visible il se poursuivait notamment via les livraisons.

Ce coup de filet n'a a priori "pas de lien" avec les récents faits visant des prisons en France, a également précisé le ministre.

Le ministre était à Marseille pour dresser un premier bilan des plans départementaux de restauration de la sécurité du quotidien, lancés en février, avec par exemple mercredi 1.000 fonctionnaires mobilisés dans les Bouches-du-Rhône qui ont procédé à 10.000 contrôles d'identité.

Au total, 106 personnes ont été interpellées, dont une trentaine d'étrangers en situation irrégulière, dans le cadre d'une opération "massive" et "visible".