Au procès du 13-Novembre, le sentiment de culpabilité de Tom

Une plaque commémorative devant l'entrée du Bataclan à Paris le 13 novembre 2018. (Photo, AFP)
Une plaque commémorative devant l'entrée du Bataclan à Paris le 13 novembre 2018. (Photo, AFP)
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Publié le Mardi 12 octobre 2021

Au procès du 13-Novembre, le sentiment de culpabilité de Tom

  • Tom, 1,71 m et plutôt gringalet, s'occupe du couple anglais. L'homme pèse environ 100 kilos. Il est blessé et Tom doit le porter. «Il est bien trop lourd pour moi». Tom réussit néanmoins à le faire sortir du Bataclan.
  • «Je fais des cauchemars de ça tous les soirs. Je revis le moment où je croise son regard, quand il comprend que je ne vais pas le sauver», dit-il en retenant ses larmes

PARIS : Il ne faut pas raconter à Tom, venu témoigner lundi au procès du 13-Novembre, qu'il est un héros même s'il a sauvé quatre personnes au Bataclan. Six ans après les attentats, il demeure hanté par un cauchemar : son face-à-face avec la personne qu'il n'a pas sauvée.

La culpabilité effroyable des rescapés des attentats du 13-Novembre revient dans quasiment tous les témoignages des parties civiles devant la cour d'assises spéciale de Paris.

Les treize personnes qui se sont succédé à la barre lundi n'ont pas perdu la vie le 13-Novembre mais toutes, sans exception, ont vu leur existence fracassée et portent en elles des blessures invisibles mais toujours ouvertes.

Tignasse ébouriffée sur le haut du crâne et nuque rasée, t-shirt noir et tatouages sur les bras, Tom, est un de ces blessés indemnes en apparence.

Il était dans la fosse du Bataclan le soir du 13-Novembre avec son ami Arthur.

A la cinquième ou sixième chanson du groupe Eagles of Death Metal, Tom entend une première détonation.

"A la deuxième détonation, je me dis: +c'est super rock'n'roll ici+. Je comprends pas. Je me retourne et là, je vois une personne, le regard vide. Je regarde mieux, elle a une immense plaie dans le ventre", se souvient Tom qui avait alors 23 ans.

Quand les assaillants montent à l'étage pour mieux atteindre leurs cibles coincées dans la fosse, un mouvement de panique s'empare des spectateurs qui se ruent vers les sorties de secours. Arthur que Tom n'a cessé de couvrir des yeux, hébété, manque d'être piétiné. Tom se rue vers son ami mais une main accroche son pied.

«Je me suis dégoûté»

"C'était la main d'un gars à côté de moi que je croyais mort depuis le début. Je le regarde et je lui fais comprendre que c'est pas lui que je vais sauver mais mon ami. J'avais besoin de mes deux bras pour sauver Arthur. J'ai fait un calcul froid", dit Tom dont la voix commence à se briser.

Il réussit à récupérer son ami. "Plein de gens lui marchaient dessus. Il est sonné. Je lui dis : +Agrippe-moi, on va sortir+. On commence à avancer...".

En chemin, "je vois (une) fille sonnée, je me dis qu'elle ne va pas s'en sortir. Je mets une claque à Arthur pour qu'il revienne à la réalité. Je lui dis: +accroche-toi à moi mais il faut que j'agrippe cette fille+".

"On avance à trois pour essayer de sortir. On arrive à la porte des toilettes. Il y a un couple d'anglais. Un gars sonné, une fille qui pleure. Je dis à Arthur de prendre la fille et de foncer. Je les mets ensemble, je les pousse vers la sortie".

Tom, 1,71 m et plutôt gringalet, s'occupe du couple anglais. L'homme pèse environ 100 kilos. Il est blessé et Tom doit le porter. "Il est bien trop lourd pour moi". Tom réussit néanmoins à le faire sortir du Bataclan.

Mission accomplie? Certainement. Tom a sauvé son ami Arthur, une jeune femme et un couple britannique. Mais il est inconsolable.

"Je tiens à dire à la personne que je n'ai pas sauvée ce soir-là que je m'excuse, je m'excuse pour ses parents. J'ai fait un calcul froid mais il fallait que je récupère mon ami", dit le jeune homme d'une voix brisée.

"Je fais des cauchemars de ça tous les soirs. Je revis le moment où je croise son regard, quand il comprend que je ne vais pas le sauver", dit-il en retenant ses larmes.

Rongé de culpabilité, Tom raconte être "tombé dans la drogue, l'alcool, les médicaments". "J'ai mis beaucoup, beaucoup de temps à m'en sortir", dit-il.

Il avoue avoir fait "deux tentatives de suicide parce que je n'arrivais plus à me regarder en face".

"Au collège, j'essayais toujours d'aider les gens, se souvient-il. Là j'ai l'impression d'avoir créé une injustice. Je me suis dégoûté".


Première mission du porte-avions nucléaire français Charles de Gaulle aux Philippines

Le 6 juillet 1999, un prototype du Rafale M02 effectue un appontage sur la piste du porte-avions nucléaire Charles de Gaulle à Brest (Photo Getty Images)
Le 6 juillet 1999, un prototype du Rafale M02 effectue un appontage sur la piste du porte-avions nucléaire Charles de Gaulle à Brest (Photo Getty Images)
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  • L'ambassadrice de France a jugé dimanche que ces exercices militaires étaient « encore plus importants » en raison de la montée des tensions en mer de Chine méridionale.
  • La France cherche à réaffirmer son poids dans la région Asie-Pacifique, où la Chine et les États-Unis sont en concurrence pour exercer leur influence.

SUBIC BAY FREEPORT ZONE PHILIPPINES : Le porte-avions nucléaire français Charles de Gaulle a effectué sa première mission aux Philippines, où l'ambassadrice de France a jugé dimanche que ces exercices militaires étaient « encore plus importants » en raison de la montée des tensions en mer de Chine méridionale.

« Compte tenu de la montée des tensions, il est d’autant plus important de défendre le droit international et la liberté de navigation, que ce soit en mer ou dans les airs », a déclaré l'ambassadrice Marie Fontanel sur le pont du porte-avions, dans la baie de Subic, au nord de Manille.

Le groupe aéronaval a rejoint la marine des Philippines vendredi pour ces exercices.

Constitué de quelque 3 000 marins, il avait quitté le port de Brest en novembre pour une mission de plusieurs mois en mer Rouge, dans l'océan Indien et dans le Pacifique, durant laquelle il doit intégrer régulièrement des frégates ou des sous-marins de pays étrangers.

La France cherche à réaffirmer son poids dans la région Asie-Pacifique, où la Chine et les États-Unis sont en concurrence pour exercer leur influence.

Les Philippines cherchent pour leur part à renforcer leurs relations avec leurs alliés face aux confrontations régulières entre Manille et Pékin concernant la mer de Chine méridionale. Pékin y revendique en effet la majeure partie de cette voie navigable stratégique.

En novembre, Manille avait annoncé l'achat à la France de 40 vedettes rapides de patrouille dans le cadre d'un accord de 440 millions de dollars (environ 420 millions d'euros).


L'écrivain Boualem Sansal a entamé une grève de la faim, a déclaré son avocat

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  • « Je suis inquiet pour sa santé, comme pour la possibilité même d'un procès équitable », a affirmé Me François Zimeray, avocat français de l'écrivain, confirmant une information du JDD.
  • Selon Me Zimeray, qui a expliqué ne pas avoir obtenu de visa pour se rendre en Algérie afin de voir son client, Boualem Sansal aurait pris cette décision « en raison des pressions exercées contre lui pour changer d'avocat ».

PARIS : L'écrivain franco-algérien Boualem Sansal, incarcéré en Algérie depuis mi-novembre, a entamé lundi une grève de la faim, a indiqué son avocat dimanche à l'AFP, précisant tenir cette information d'une source judiciaire.

« Je suis inquiet pour sa santé, comme pour la possibilité même d'un procès équitable », a affirmé Me François Zimeray, avocat français de l'écrivain, confirmant une information du JDD.

Selon Me Zimeray, qui a expliqué ne pas avoir obtenu de visa pour se rendre en Algérie afin de voir son client, Boualem Sansal aurait pris cette décision « en raison des pressions exercées contre lui pour changer d'avocat ».

« Ni la pondération dans l'expression de sa défense, ni la retenue face à la campagne abjecte que j'ai subie dans certains médias algériens, ni le respect du cadre judiciaire de ce pays ne semblent avoir été appréciés par un régime qui persiste à me refuser le visa sans raison valable, privant Boualem Sansal de la défense de son choix », a martelé l'avocat.

Ce dernier a également affirmé que le protocole de soin suivi par Boualem Sansal avait été interrompu, alors que l'écrivain souffrirait d'un cancer, d'après des informations de presse.

Boualem Sansal est poursuivi en vertu de l'article 87 bis du Code pénal algérien, qui sanctionne comme acte terroriste ou subversif tout acte visant la sûreté de l'État, l'intégrité du territoire, la stabilité et le fonctionnement normal des institutions.

Selon le quotidien français Le Monde, le pouvoir algérien aurait mal pris les déclarations de Boualem Sansal au média français Frontières, réputé d'extrême droite, reprenant la position du Maroc selon laquelle le territoire de ce dernier pays aurait été amputé sous la colonisation française au profit de l'Algérie.

Son incarcération a provoqué les protestations de nombreux intellectuels et écrivains, qui estiment les poursuites sans aucun fondement.

Boualem Sansal a longtemps affirmé être né en 1949, ce qui lui donnerait aujourd'hui 75 ans. En décembre, son éditeur Antoine Gallimard avait pour sa part indiqué qu'il était en vérité né en 1944 et avait donc 80 ans.


Immigration : un conseil interministériel se réunit mercredi

Le ministre français de l'Intérieur Bruno Retailleau (C) serre la main d'un agent de la police nationale française dans une caserne de pompiers après une attaque au couteau à Mulhouse, dans l'est de la France, où un homme est soupçonné d'avoir tué une personne et grièvement blessé deux agents de police, le 22 février 2025 (Photo par SEBASTIEN BOZON / AFP)
Le ministre français de l'Intérieur Bruno Retailleau (C) serre la main d'un agent de la police nationale française dans une caserne de pompiers après une attaque au couteau à Mulhouse, dans l'est de la France, où un homme est soupçonné d'avoir tué une personne et grièvement blessé deux agents de police, le 22 février 2025 (Photo par SEBASTIEN BOZON / AFP)
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  • Ce conseil, qui était prévu avant l'attaque de Mulhouse, « se réunira ce mercredi », a déclaré Jean-Noël Barrot lors d'un entretien avec Europe 1 et CNews, où il était interrogé sur l'attaque de samedi.
  • Interrogé sur TF1, le ministre de l'Intérieur, Bruno Retailleau, a indiqué que le suspect faisait l'objet d'une obligation de quitter le territoire français (OQTF) et a accusé l'Algérie de l'avoir refoulé à 10 reprises.

PARIS : Le gouvernement français réunira un conseil interministériel de contrôle de l'immigration mercredi, alors qu'une attaque au couteau, perpétrée par un Algérien en situation irrégulière, a fait un mort samedi à Mulhouse, a assuré dimanche le ministre des Affaires étrangères.

Ce conseil, qui était prévu avant l'attaque de Mulhouse, « se réunira ce mercredi », a déclaré Jean-Noël Barrot lors d'un entretien avec Europe 1 et CNews, où il était interrogé sur l'attaque de samedi.

Au cours de l'entretien, le ministre a été interrogé sur les discussions avec ses homologues algériens concernant les obligations de quitter le territoire français (OQTF).

« Cette attaque terroriste nous appelle à amplifier encore la mobilisation qui est la nôtre pour mieux contenir et prévenir les conséquences de la présence de ce terroriste islamiste sur le territoire national », a estimé le ministre avant d'évoquer le conseil interministériel.

Interrogé sur TF1, le ministre de l'Intérieur, Bruno Retailleau, a indiqué que le suspect faisait l'objet d'une obligation de quitter le territoire français (OQTF) et a accusé l'Algérie de l'avoir refoulé à 10 reprises.

Le Premier ministre, François Bayrou, a d'ailleurs convoqué un conseil interministériel de contrôle de l'immigration ce mercredi. « Nous devons faire plus et nous devons faire mieux », a-t-il déclaré.

M. Barrot a également affirmé avoir demandé « aux 19 ambassadeurs, dans les pays où nous rencontrons le plus de difficultés pour renvoyer les étrangers en situation irrégulière, à me faire un rapport circonstanciel dont je présenterai les résultats ce mercredi au Premier ministre pour que nous puissions prendre des mesures fortes ».

« Il y a des pays vis-à-vis desquels il nous faut effectivement prendre des mesures fortes. Il y en a d'autres où, au contraire, il nous faut des mesures d'accompagnement », a-t-il ajouté.