Procès 13 Novembre, la vie fauchée d'un jeune algérien

Des personnes blessées sont évacuées rue Oberkampf, près du Bataclan, dans la nuit du 13 au 14 novembre 2015. (Photo, AFP)
Des personnes blessées sont évacuées rue Oberkampf, près du Bataclan, dans la nuit du 13 au 14 novembre 2015. (Photo, AFP)
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Publié le Jeudi 21 octobre 2021

Procès 13 Novembre, la vie fauchée d'un jeune algérien

  • Lahssen ne comprend toujours pas pourquoi son frère a été tué par des assaillants se réclamant de l'islam
  • «Moi, je viens d'Algérie. Vous, vous êtes nés en Europe et vous aviez toutes les chances... »

PARIS : Pour Lahssen et son frère Djalal, deux jeunes Algériens, l'Europe avait des allures de terre promise, l'endroit où, enfin, se construire un avenir. Sauf que la vie de Djalal, apprenti boulanger, a été fauchée devant le Bataclan à Paris au soir du 13 novembre 2015.


A la barre de la cour d'assises spéciale mercredi, Lahssen ne comprend toujours pas pourquoi son frère a été tué par des assaillants se réclamant de l'islam.


"Moi, je viens d'Algérie. Vous, vous êtes nés en Europe et vous aviez toutes les chances... Au lieu de ça vous n'avez fait que des conneries", s'emporte le jeune homme en se tournant vers le box des accusés.


La majorité des 14 accusés sont Belges ou Français. Seul membre encore en vie des commandos du 13-Novembre, Salah Abdeslam partage les nationalités marocaine et française, il est né et a grandi à Bruxelles.


"Quand nous sommes venus rejoindre nos parents en France, en août 2014, nous étions fous de joie", se souvient Lahssen. Les deux frères n'ont alors qu'une hâte: s'intégrer.


Eux qui "ne parlaient pas un mot de français" prennent des cours d'apprentissage, s'efforcent de trouver du travail, de "faire les démarches" nécessaires pour obtenir la nationalité française, répète plusieurs fois le jeune homme. Tous les deux choisissent la boulangerie. "On aimait notre métier".


Le soir du 13 novembre, les deux frères - "plutôt un pote pour moi", dit Lahssen - dînent ensemble. Après le repas, Djalal a envie d'aller se promener avant de retourner chez lui dans la banlieue de Paris. Ses pas le conduisent devant la salle de spectacle du Bataclan au moment où les assaillants s'y engouffrent. Il est fauché sur le trottoir par une rafale de kalachnikov.


La famille de Djalal restera plusieurs jours sans savoir. Elle s'inquiète de ne pas avoir de nouvelles et c'est finalement le père, alors âgé de 83 ans, qui se rendra chez les gendarmes pour signaler la disparition d'un de ses fils.

«Une autre vie»

"On voulait commencer une autre vie (...) Malheureusement ça ne s'est pas fait", dit Lahssen d'une voix hachée, s'efforçant de s'exprimer en français alors qu'il pourrait avoir l'aide d'un interprète.


"Comme a dit un autre témoin avant moi, vous n'êtes rien sans vos armes", dit aux accusés Lahssen, incapable de retenir ses larmes.


Les autres membres de la famille de Djalal qui devaient témoigner devant la cour ont finalement renoncé. "Depuis la mort de Djalal, notre mère n'est plus la même, elle croit le voir quand elle regarde la télé, elle ne sort plus beaucoup".


Pendant que Lahssen parle, les écrans de la salle d'audience montrent les accusés. Ils semblent indifférents. Aucun d'eux ne regarde le témoin.


"Vous allez finir votre vie en prison et après ce sera l'enfer", leur promet Lahssen. 


Sa colère contre les accusés s'amplifie. "Tout à l'heure, une maman racontait qu'elle était triste d'avoir perdu son fils. Et j'ai vu des accusés boire de l'eau. Boire de l’eau devant une maman qui souffre ? Pour moi ce ne sont pas des hommes, ce sont des animaux", s'emporte-t-il.


"Je m'arrête là, sinon je ne m'arrête jamais. Le reste ça reste dans le cœur", dit-il avec pudeur.


Djalal avait 31 ans quand il a été tué.


Avec Kheireddine, un violoniste assassiné alors qu'il passait par hasard devant une terrasse, il est l'une des deux victimes algériennes des attentats du 13-Novembre.


Venu témoigner à la barre de la cour d'assises le 30 septembre, le père de Kheireddine, un ingénieur agronome à la retraite, venu spécialement d'Algérie pour le procès, avait lancé aux accusés: "Votre religion n'est pas la même que celle que je pratique".


"Mon fils est mort un violon à la main. C'était un esprit éclairé face à des esprits ténébreux", a-t-il ajouté.


Macron appelle à intégrer Mayotte dans la Commission de l'océan Indien

Le président français Emmanuel Macron a demandé jeudi "l'intégration" du département français de Mayotte à la Commission de l'océan Indien (COI), en plaidant pour une "approche pragmatique" face à l'hostilité des Comores. (AFP)
Le président français Emmanuel Macron a demandé jeudi "l'intégration" du département français de Mayotte à la Commission de l'océan Indien (COI), en plaidant pour une "approche pragmatique" face à l'hostilité des Comores. (AFP)
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  • "Nous ne pouvons pas laisser un territoire et ceux qui y vivent à l'écart d'un certain nombre de nos programmes", a dit M. Macron, en citant expressément Mayotte, au cinquième sommet de la COI dans la capitale malgache Antananarivo
  • Mais à la différence de La Réunion, autre département français dans cette partie du monde, Mayotte reste à la porte de l'organisation intergouvernementale

ANTANANARIVO: Le président français Emmanuel Macron a demandé jeudi "l'intégration" du département français de Mayotte à la Commission de l'océan Indien (COI), en plaidant pour une "approche pragmatique" face à l'hostilité des Comores.

"Nous ne pouvons pas laisser un territoire et ceux qui y vivent à l'écart d'un certain nombre de nos programmes", a dit M. Macron, en citant expressément Mayotte, au cinquième sommet de la COI dans la capitale malgache Antananarivo.

La COI réunit les États insulaires (Madagascar, Comores, Maurice, Seychelles et La Réunion pour la France) dans le sud-ouest de l'océan Indien.

Mais à la différence de La Réunion, autre département français dans cette partie du monde, Mayotte reste à la porte de l'organisation intergouvernementale.

"L'implication de nos populations, l'intégration de toutes nos îles dans les efforts de la COI pour la prospérité et la sécurité, dans la pluralité de ses dimensions maritime, alimentaire et pour la santé sont dans l'intérêt de nos peuples et de la région", a insisté M. Macron.

Il a suggéré toutefois d'"avancer de manière pragmatique vers cet objectif", sans réclamer l'intégration pleine et entière immédiate de l'archipel.

"La France est le premier bailleur de la COI", a-t-il aussi souligné, en précisant que l'Agence française du développement (AFD) gérait un "portefeuille de 125 millions d'euros de projets" de l'organisation.

"La COI est un modèle de coopération (...) Aucune de nos îles ne peut relever seule le défi", a-t-il ajouté, évoquant un "océan Indien profondément bousculé" par les défis planétaires actuels.

"Ensemble, en conjuguant nos atouts (..) nous pouvons tracer une voie nouvelle singulière", a-t-il assuré.

L'Union des Comores s'oppose à l'intégration de Mayotte dans la COI car elle conteste la souveraineté de la France sur Mayotte, restée française lorsque l'archipel des Comores est devenu indépendant en 1975.

Mayotte, tout comme les îles Éparses, autre territoire français hérité de la colonisation et revendiqué par Madagascar, sont au cœur du canal du Mozambique, voie majeure de transport maritime qui renferme d'importantes réserves en hydrocarbures.


Narcobanditisme à Marseille: le ministre de l'Intérieur annonce 21 arrestations dans «le haut du spectre»

Le ministre de l'Intérieur Bruno Retailleau (C) s'entretient avec la présidente de la métropole Aix-Marseille-Provence Martine Vassal et le président du Conseil régional Provence-Alpes-Côte d'Azur Renaud Muselier lors d'une visite d'inspection des mesures de sécurité publique à Marseille. (AFP)
Le ministre de l'Intérieur Bruno Retailleau (C) s'entretient avec la présidente de la métropole Aix-Marseille-Provence Martine Vassal et le président du Conseil régional Provence-Alpes-Côte d'Azur Renaud Muselier lors d'une visite d'inspection des mesures de sécurité publique à Marseille. (AFP)
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  • Les personnes arrêtées sont de "hauts responsables qui tiennent un réseau à la Castellane", "pas du menu fretin", a-t-il insisté: ce "ne sont pas des petites mains, des charbonneurs, mais des responsables de haut niveau du narcobantitisme"
  • Toutes ces interpellations jeudi matin n'ont cependant pas eu lieu à Marseille, pour ce réseau qui présente des "ramifications nationales mais avec des racines marseillaises", a ajouté le ministre sans plus de détail

MARSEILLE: Le ministre de l'Intérieur Bruno Retailleau a annoncé jeudi un coup de filet avec 21 interpellations de trafiquants appartenant au "haut du spectre" du narcobanditisme marseillais, lors d'un déplacement à Marseille.

Une opération "a eu lieu très tôt ce matin avec 21 interpellations liées au narcobanditisme, dans le haut de spectre, qui doit nous permettre de démanteler un réseau important sur Marseille", qui tenait la cité de la Castellane, dans les quartiers populaires du nord de la ville, a déclaré Bruno Retailleau lors d'une conférence de presse.

Les personnes arrêtées sont de "hauts responsables qui tiennent un réseau à la Castellane", "pas du menu fretin", a-t-il insisté: ce "ne sont pas des petites mains, des charbonneurs, mais des responsables de haut niveau du narcobantitisme", a insisté M. Retailleau.

Selon une source policière, cette enquête portait notamment sur du blanchiment.

Toutes ces interpellations jeudi matin n'ont cependant pas eu lieu à Marseille, pour ce réseau qui présente des "ramifications nationales mais avec des racines marseillaises", a ajouté le ministre sans plus de détail.

Au total, 170 enquêteurs ont été mobilisés pour ce coup de filet qui est, selon le ministre, "un coup dur", "sinon mortel", porté à ce réseau.

La cité de la Castellane, vaste ensemble d'immeubles blancs en bordure d'autoroute, est connue pour être un haut lieu marseillais de ces trafics de stupéfiants qui empoisonnent le quotidien des habitants. En mars 2024, Emmanuel Macron s'y était rendu pour lancer des opérations "place nette XXL" contre les trafiquants et depuis la présence policière y était quasi constante, mais si le trafic était moins visible il se poursuivait notamment via les livraisons.

Ce coup de filet n'a a priori "pas de lien" avec les récents faits visant des prisons en France, a également précisé le ministre.

Le ministre était à Marseille pour dresser un premier bilan des plans départementaux de restauration de la sécurité du quotidien, lancés en février, avec par exemple mercredi 1.000 fonctionnaires mobilisés dans les Bouches-du-Rhône qui ont procédé à 10.000 contrôles d'identité.

Au total, 106 personnes ont été interpellées, dont une trentaine d'étrangers en situation irrégulière, dans le cadre d'une opération "massive" et "visible".


Le lycée Averroès, «un bastion de l'entrisme islamiste», selon Retailleau

Le lycée musulman lillois Averroès, dont le contrat d'association avec l'Etat a été rétabli mercredi par la justice administrative, "est un bastion de l'entrisme islamiste", a affirmé jeudi le ministre de l'Intérieur Bruno Retailleau. (AFP)
Le lycée musulman lillois Averroès, dont le contrat d'association avec l'Etat a été rétabli mercredi par la justice administrative, "est un bastion de l'entrisme islamiste", a affirmé jeudi le ministre de l'Intérieur Bruno Retailleau. (AFP)
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  • "Les faits sont graves, ils sont significatifs de l'entrisme islamiste que je veux combattre avec la plus grande fermeté. Et le lycée Averroès est pour nous un bastion de cet entrisme"
  • "On a des éléments extrêmement graves, extrêmement lourds, l'argent des Français n'a rien à faire dans ce genre d'organisation"

MARSEILLE: Le lycée musulman lillois Averroès, dont le contrat d'association avec l'Etat a été rétabli mercredi par la justice administrative, "est un bastion de l'entrisme islamiste", a affirmé jeudi le ministre de l'Intérieur Bruno Retailleau, disant souhaiter "que l'Etat fasse appel".

"Les faits sont graves, ils sont significatifs de l'entrisme islamiste que je veux combattre avec la plus grande fermeté. Et le lycée Averroès est pour nous un bastion de cet entrisme", a déclaré le ministre. "On a des éléments extrêmement graves, extrêmement lourds, l'argent des Français n'a rien à faire dans ce genre d'organisation", a-t-il ajouté, lors d'un déplacement à Marseille.