Alors que le président américain, Joe Biden, est sur le point d'entamer sa deuxième année à la Maison Blanche, ceux qui s'intéressent à la politique de son administration sur le Moyen-Orient cherchent à comprendre de manière réaliste ce à quoi s'attendre lors des trois prochaines années.
Lorsque le secrétaire d'État américain, Antony Blinken, a exposé les priorités de l'administration dans son premier discours de politique étrangère en mars 2021, il a clairement indiqué que Washington prendrait toutes les mesures possibles pour éviter des interventions militaires coûteuses dans le monde.
«À l’avenir, quand nous devrons entreprendre une action militaire, nous ne le ferons que lorsque les objectifs et la mission sont clairs et réalisables, conformes à nos valeurs et lois, et avec le consentement éclairé du peuple américain. Et nous le ferons avec la diplomatie américaine», avait-t-il déclaré.
Le Moyen-Orient et Israël, le principal allié des États-Unis, n'ont pas été mentionnés dans le discours de Blinken, reflétant le désir du dirigeant américain d'unir ses politiques étrangère et intérieure.
Au cours des douze derniers mois, Biden a remis en selle un certain nombre de politiques étrangères remontant à l'ère Barack Obama, lorsqu’il occupait la position de vice-président, de 2009 à 2017. En particulier concernant la politique de retrait du Moyen-Orient élargi, l'une des promesses de campagne de l’ancien président.
Bien que l’Afghanistan ne fasse géographiquement pas partie du Moyen-Orient, le retrait honteux des États-Unis de ce pays – laissant le sort de son peuple entre les mains des talibans – a porté ombrage non seulement à la région mais aussi au monde entier et a sapé la confiance de la communauté internationale dans les capacités politiques, diplomatiques et militaires des États-Unis.
Le soudain retrait américain a donné le feu vert à plusieurs gouvernements régionaux et groupes voyous pour manipuler le sort de millions d'innocents sans craindre d’en assumer la responsabilité ou de faire face à des conséquences importantes.
Le plus grand défi pour la présidence de Biden est la Chine, et la manière dont son administration gère son influence commerciale, économique, militaire et cybernétique. Cela place Pékin en tête de sa liste de priorités, tandis que pour la première fois, le Moyen-Orient n’est plus au centre du jeu, la région n'offrant plus suffisamment de motivations pour que les États-Unis adoptent des politiques dynamiques et coûteuses à son égard.
Pourquoi la République islamique d'Iran fait-elle figure d'exception?
Avant d'être élu, Biden a promis à plusieurs reprises aux électeurs qu'il relancerait l'accord sur le nucléaire iranien de 2015. Il s’agit également de l’un des enjeux de sa politique intérieure, ce qui explique pourquoi Washington diminue son influence dans la région afin de convaincre les Iraniens et d'améliorer les chances du parti démocrate lors des difficiles élections de mi-mandat qui auront lieu en 2022.
L'une des nombreuses erreurs commises par l’administration Biden dans la région est d’avoir négligé le premier accord de paix au Moyen-Orient conclu depuis des décennies. Malgré sa vaste expérience des affaires étrangères, la forte opposition de Biden à la politique de Donald Trump l'a empêché de voir comment les États-Unis, Israël et le Moyen-Orient pourraient bénéficier d'une expansion des Accords d'Abraham.
Le retrait des Houthis au Yémen des listes terroristes mondiales a eu des conséquences désastreuses et a accru la menace que la milice fait peser non seulement sur le peuple yéménite et son allié de longue date, l'Arabie saoudite, mais aussi sur les États-Unis. Le 10 novembre 2021, le groupe terroriste a pris d'assaut l'enceinte de l'ambassade des États-Unis à Sanaa, a arrêté plus de deux douzaines d'entrepreneurs locaux et saisi de grandes quantités d'équipements et de matériaux.
D'autres milices pro-iraniennes gagneront en influence en Irak lorsque les États-Unis mettront fin à leur présence militaire d'ici au 31 décembre.
En termes simples, Washington s’intéresse très peu à des pays confrontés à des défis humanitaires, politiques et sécuritaires, tels que la Syrie, le Liban, le Soudan, la Tunisie et la Libye. L’administration américaine ouvre la porte à Pékin pour étendre son influence dans la région et tendre la main aux alliés les plus proches de l'Amérique afin de saisir plus d'opportunités.
Une nouvelle carte est en train de se dessiner et de nouvelles alliances sont sur le point d'être créées au Moyen-Orient. La Maison Blanche sera la seule à blâmer.
Dalia Al-Aqidi est maître de recherche au Center for Security Policy.
Twitter : @DaliaAlAqidi
NDLR : L’opinion exprimée dans cette page est propre à l’auteur et ne reflète pas nécessairement celle d’Arab News en français.
Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com