Harris a du pain sur la planche si elle veut devenir présidente des États-Unis

La vice-présidente Kamala Harris s’exprime lors d’un rassemblement de la sororité Sigma Gamma Rho à Houston, le 31 juillet 2024. (AP)
La vice-présidente Kamala Harris s’exprime lors d’un rassemblement de la sororité Sigma Gamma Rho à Houston, le 31 juillet 2024. (AP)
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Publié le Samedi 03 août 2024

Harris a du pain sur la planche si elle veut devenir présidente des États-Unis

Harris a du pain sur la planche si elle veut devenir présidente des États-Unis
  • La vice-présidente a eu une carrière impressionnante: elle a été procureur de San Francisco, procureur général de Californie et sénatrice de Californie. Toutefois, ces fonctions n’ont pas toujours été couronnées de succès
  • La vision de Harris pour l'Amérique comprend des objectifs admirables tels que la justice sociale, mais elle manque encore de précision pour l'instant

À chaque fois que j’envisage d’écrire à propos de la vice-présidente des États-Unis Kamala Harris, je ressens un besoin pressant de dire que, malgré mes désaccords fondamentaux avec les politiques du parti démocrate, j’ai été sincèrement ravie qu’une femme a été choisie en 2020 pour occuper le deuxième poste le plus élevé du pays. Il s’agissait d’une étape importante et d’un moment de progrès que je soutenais de tout mon cœur. Cependant, mon optimisme initial s’est dissipé.

Dans la politique américaine, le choix d’un dirigeant est une grande affaire. Nous avons besoin d’une personne ayant de l’expérience, des réalisations et de solides compétences en matière de leadership. Malgré le fait que sa candidature attendue à l’élection présidentielle de novembre soit historique et un symbole de progrès, Harris a encore à prouver qu’elle est capable de diriger la nation.

La vice-présidente a eu une carrière impressionnante: elle a été procureur de San Francisco, procureur général de Californie et sénatrice de Californie. Toutefois, ces fonctions n’ont pas toujours été couronnées de succès. En tant que procureur, elle a pris certaines décisions qui ont mécontenté des personnes aux deux extrémités de la scène politique.

En tant que vice-présidente, on a confié à Harris plusieurs responsabilités à fort enjeu, notamment celle de s’attaquer aux causes profondes de l’immigration en provenance d’Amérique centrale, et à la crise du droit de vote. Son rôle dans la lutte contre l’immigration a été mis en évidence lorsque le président Joe Biden l’a nommée officieusement “tsar des frontières” en mars 2021. Bien que ce titre n’ait pas officiellement été approuvé par l’administration, il est devenu un point focal du discours médiatique et politique.

La situation chaotique à la frontière persiste, avec des problèmes tels que des abris surpeuplés, des ressources limitées et un manque de solutions adéquates à long terme. De nombreux observateurs estiment que les efforts de l'ancien sénateur de Californie n'ont pas abouti à l'action claire et décisive nécessaire pour stabiliser la situation. L'approche de l'administration a manqué de cohérence stratégique et n'a pas réussi à s'attaquer efficacement aux causes fondamentales de la migration, telles que l'instabilité économique et la violence dans les pays d'origine.

“La vision de Harris pour l'Amérique comprend des objectifs admirables tels que la justice sociale, mais elle manque encore de précision pour l'instant.”

                                                           Dalia Al-Aqidi

De même, le travail de Harris en matière de droit de vote a rencontré des difficultés. Les projets de loi essentiels sur le droit de vote qu'elle a soutenus ont eu du mal à s'imposer au Congrès. Cette impasse législative est le reflet d'une plus grande difficulté à traduire le plaidoyer en changements politiques concrets.

L’image que les médias libéraux donnent du rôle de Harris comme “tsar des frontières” a également évolué ces derniers temps. Au départ, le terme a été largement utilisé pour souligner ses responsabilités les plus importantes et la concentration de l’administration sur les questions d’immigration. Cependant, avec sa montée au sommet du ticket démocrate en tant que candidate présumée à l'élection présidentielle suite au départ du président Biden, l'utilisation de ce titre a disparu. Ce changement souligne une tendance plus large selon laquelle les récits des médias sont adaptés en fonction des changements politiques et de l'évolution des priorités.

Cela nous mène à la politique étrangère, là où l'expérience de Harris est limitée. Malgré qu’elle ait été impliquée dans certaines questions internationales en tant que vice-présidente, ses références en matière de politique étrangère ne sont pas aussi solides que celles de ses prédécesseurs. Face aux défis mondiaux complexes d'aujourd'hui, un candidat doté d'une solide expérience en matière de politique étrangère pourrait prendre l'avantage.

Le leadership national exige une vision claire et convaincante de l'avenir. La vision de Harris pour l'Amérique comprend des objectifs admirables tels que la justice sociale, mais elle manque encore de précision pour l'instant, et une planification stratégique sera nécessaire pour réaliser ces changements.

Pour diriger, il faut plus que de l'ambition et des victoires symboliques: il nécessite des antécédents de gouvernance efficace, la capacité de rassembler et d'inspirer, ainsi qu'une vision claire et réalisable de l'avenir. Harris a donc du pain sur la planche si elle veut battre Donald Trump lors de l'élection du 5 novembre. 


Dalia Al-Aqidi est directrice exécutive du Centre américain contre l'extrémisme.

NDLR: L’opinion exprimée dans cette page est celle de l’auteur et ne reflète pas nécessairement le point de vue d’Arab News en français.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com