La «diplomatie» de Biden ferme les yeux sur la menace iranienne imminente

Des partisans de l’alliance pro-Iran, Hachd al-Chaabi, se rassemblent à l’extérieur de la zone verte de Bagdad après une manifestation. (AFP)
Des partisans de l’alliance pro-Iran, Hachd al-Chaabi, se rassemblent à l’extérieur de la zone verte de Bagdad après une manifestation. (AFP)
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Publié le Mardi 07 décembre 2021

La «diplomatie» de Biden ferme les yeux sur la menace iranienne imminente

La «diplomatie» de Biden ferme les yeux sur la menace iranienne imminente
  • En Irak, il suffit d’errer dans les rues pour sentir l’ampleur de la déception, de la colère et du désespoir dans la voix des gens
  • L’administration Biden a besoin d’un coup de semonce pour qu’elle comprenne que ces oppresseurs et ces terroristes ne comprennent strictement rien à la diplomatie

En Irak, il suffit d’errer dans les rues pour sentir l’ampleur de la déception, de la colère et du désespoir dans la voix des gens. Interrogés sur les États-Unis, les citoyens pro-Iran qualifient le pays d’«empire du mal», tandis que d’autres reprochent à Washington d’avoir servi leur pays au régime iranien sur un plateau d’argent.

À l’approche de la nouvelle année, on constate l’étendue des malheurs infligés par les politiques de l’administration de Washington à la région, du Yémen à l’Iran, en passant par d’autres pays de la région où la sécurité et la politique sont instables.

Au mois de février dernier, le président américain, Joe Biden, et le secrétaire d’État, Antony Blinken, ont dévoilé le plan de sauvetage des États-Unis et ils ont présenté les objectifs de politique étrangère de l’administration pour les quatre prochaines années.

«Nous n’investissons pas dans notre diplomatie simplement parce que c’est une bonne chose pour le monde. Nous le faisons pour vivre dans la paix, la sécurité et la prospérité. Nous le faisons parce que c’est dans notre propre intérêt personnel. Lorsque nous renforçons nos alliances, nous accentuons notre pouvoir, ainsi que notre capacité à perturber les menaces avant qu’elles n’atteignent nos côtes», a déclaré Biden dans le premier discours de politique étrangère qu’il a prononcé depuis son arrivée au pouvoir.

L’Irak ne semble avoir que très peu de place dans cette équation malgré la présence de soldats américains dans le pays.

Interrogé sur le Moyen-Orient, un ancien haut responsable de la sécurité nationale, qui est également un proche conseiller de Biden, indique que la région ne fait pas partie des trois priorités du président. «C'est l’Asie-Pacifique, puis l’Europe, et ensuite l’hémisphère occidental. Et cela reflète un consensus bipartite selon lequel les questions qui exigent notre attention ont changé à mesure que la concurrence avec les grandes puissances [la Chine et la Russie] refait surface», écrit le magazine Politico, qui cite la source anonyme.

Le fait que Biden fasse abstraction de l’Irak montre que Washington voit le pays sous un angle iranien et donne la priorité à la relance de l’accord nucléaire au lieu de limiter l’influence de Téhéran en Irak ainsi que dans d’autres pays voisins et d'empêcher que des crimes abominables et des violations des droits de l’homme ne soient commis contre les citoyens irakiens innocents par les milices soutenues par l’Iran.

 

Les chefs de milice pro-Iran ont menacé d’attaquer tout soldat américain qui resterait sur le sol irakien après la date butoir.

Dalia al-Aqidi

 

Le dirigeant américain a décidé d’adopter la politique laxiste menée par son collègue démocrate, l’ancien président Barack Obama, qui a permis au régime radical de cibler les bases et les troupes américaines sur le sol irakien ainsi que d’innombrables civils sans responsabilité ni contrôle.

Plus récemment, alors que les États-Unis tentent toujours d’obtenir le retour de Téhéran dans l’accord sur le nucléaire, le pays a discrètement décidé de lever les sanctions contre le régime iranien afin de permettre aux partisans de la ligne dure de vendre de l’électricité à l’Irak, selon le site Washington Free Beacon.

«Le moment choisi pour la dérogation – signée le 19 novembre, mais transmise au Congrès le 29 novembre, jour de la reprise des négociations sur le nucléaire – a entraîné des accusations selon lesquelles l’administration Biden aurait fait à Téhéran des concessions afin d’inciter à la bienveillance alors que les pourparlers ont pour objectif d’obtenir une version remaniée de l’accord de 2015 sur le nucléaire, après une impasse de plusieurs mois», écrit Adam Kredo. Ce dernier ajoute qu’un porte-parole du département d’État avait confirmé, lors d’une séance d’information, que cette décision avait pour but de garantir l’aptitude de l’Irak à produire de l’énergie.

Lors de sa rencontre, au mois de juillet dernier, avec le Premier ministre irakien, Moustafa al-Kazimi, qui a récemment survécu à une tentative d’assassinat – une attaque de deux drones de fabrication iranienne –, le président Biden a officiellement annoncé la fin de la mission de combat américaine en Irak d’ici à la fin de l’année 2021.

«Je pense que la situation est favorable. Nous continuerons à être disponibles en Irak pour former et fournir une aide face à Daech – au besoin. Mais nous ne poursuivrons plus, d’ici à la fin de l’année, notre mission de combat», avait expliqué le dirigeant américain, ignorant ainsi la réalité de la menace iranienne.

Néanmoins, ce que le président américain ne sait pas, ou ce que l’administration essaie de cacher, c’est que les chefs de milice pro-Iran ont menacé d’attaquer tout soldat américain qui resterait sur le sol irakien après la date butoir, en dépit du fait que sa fonction ne soit plus la même.

Lorsque cela se produira, les Américains et les Irakiens se souviendront de la décision courageuse de l’ancien président Donald Trump, qui a autorisé le meurtre de Qassem Soleimani, alors chef de la force iranienne Al-Qods. Ce dernier avait du sang américain et irakien sur les mains et il était responsable de la mort de centaines de citoyens américains et de milliers d’Irakiens, d’Iraniens, de Yéménites et de Libanais.

En 2022, le peuple irakien sera contraint de faire face, seul, à la brutale agression iranienne, tout en regrettant que Trump ne soit plus au pouvoir. L’administration Biden a besoin d’un coup de semonce pour qu’elle comprenne que ces oppresseurs et ces terroristes ne comprennent strictement rien à la diplomatie.

Dalia al-Aqidi est chercheure principale au Center for Security Policy. Twitter: @DaliaAlAqidi

NDLR: L’opinion exprimée dans cette page est propre à l’auteur et ne reflète pas nécessairement celle d’Arab News en français.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com