Biden ouvre la voie à une idéologie dangereuse

Le président Joe Biden de retour à la Maison Blanche, à Washington, le 20 décembre 2021,  après avoir passé le week-end dans sa résidence à Delaware. (Photo AP/Patrick Semansky)
Le président Joe Biden de retour à la Maison Blanche, à Washington, le 20 décembre 2021, après avoir passé le week-end dans sa résidence à Delaware. (Photo AP/Patrick Semansky)
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Publié le Dimanche 26 décembre 2021

Biden ouvre la voie à une idéologie dangereuse

Biden ouvre la voie à une idéologie dangereuse
  • Le Conseil des relations américano-islamiques est l’unique source de cette vague politique islamiste qui déferle depuis peu aux États-Unis
  • Les islamistes recourent à un processus de victimisation puis de glorification de leurs actions au nom de «l’islamophobie»

Les membres démocrates de la Chambre des représentants des États-Unis ont adopté une loi la semaine dernière dans le but de créer un poste d’envoyé spécial pour lutter contre l’islamophobie dans le monde. Le projet de loi est parrainé par la représentante musulmane, Ilhan Omar, une démocrate du Minnesota, et par sa collègue juive, Jan Schakowsky, représentante démocrate de l’Illinois.

À première vue, la création de ce poste est une chose remarquable: elle rassure les minorités musulmanes persécutées ou victimes de racisme à travers le monde sur la disposition du leader du monde libre à reconnaître leurs souffrances et à les défendre si nécessaire. Pourtant, la réalité est tout autre. 

En tant qu’Américaine de religion musulmane, je m’oppose à ce projet de loi et de nombreux musulmans partagent mon opinion: ils savent d’expérience ce qu’est l’islamisme politique et sont prêts à lutter contre ces tentatives.

Le terme «islamophobie» est lui-même discutable; il n’est rien d’autre qu’une invention d’islamistes politiques désireux de faire taire jusqu’aux voix musulmanes qui remettent en question leurs motivations et s’opposent à leur idéologie totalitaire au nom de la liberté de religion.

Le projet de loi, fièrement soutenu par le Parti démocrate, n’est même pas parvenu à définir l’islamophobie.

Le fait de qualifier le Hamas de groupe terroriste entre-t-il dans cette catégorie? Qu’en est-il de la condamnation des attentats-suicides perpétrés par des djihadistes islamistes? Et, surtout, s’opposer aux Frères musulmans et à leurs défenseurs ferait-il de vous un «islamophobe» qui mériterait d’être sanctionné?

Personne n’est capable de répondre à ces questions à l’exception des islamistes eux-mêmes,qui tentent de s’infiltrer dans le système politique occidental et de le modifier en fonction de leur agenda politique; ce dernier n’a rien à voir avec la foi musulmane.

Si ce n’était pas le cas, pourquoi donc Ilhan Omar, qui prétend lutter pour les droits de l’homme dans le monde, a-t-elle refusé de soutenir une résolution qui reconnaît le génocide arménien, si ce n’est au profit du président de la Turquie, Recep Tayyip Erdogan, qui l’a rencontrée à New York à titre privé à l’occasion de la 72e Assemblée générale des nations unies, avant sa candidature au Congrès américain?

 

Les Américains doivent comprendre que les islamistes sont les oppresseurs dans leur propre patrie. Ils sont prêts à tout pour manipuler la bonne volonté de l’Américain moyen qui respecte la liberté de religion et s’attend à ce que les autres le fassent aussi.

 

Dalia al-Aqidi

Si l’on se penche sur les organisations qui ont contribué à la préparation et à la présentation de personnalités politiques américaines telles qu’Ilhan Omar ou Rashida Tlaib, dans leMichigan, ainsi qu’un nombre important d’islamistes qui se sont portés candidats aux élections américaines, on se rend compte qu’elles proviennent toutes d’une même source, ce qui explique ce récit unifié et l’utilisation d’un vocabulaire commun.

Le Conseil des relations américano-islamiques, qui se définit comme la plus grande organisation musulmane des libertés civiles – et dont le directeur exécutif, Nihad Awad, ne cache pas son admiration pour le régime turc ni ses liens étroits avec Erdogan –, est l’unique source de cette vague politique islamiste qui déferle depuis peu aux États-Unis.

Awad a appelé la direction du Congrès et l’administration Biden-Harris à soutenir ce projet de loi et à rendre concret ce poste d’envoyé spécial. «Alors que l’islamophobie mondiale, les politiques étatiques antimusulmanes et les incidents motivés par la haine augmentent au cours des deux dernières décennies, la communauté musulmane américaine a toujours appelé à la création d’un poste d’envoyé spécial pour surveiller et combattre ce flot croissant de haine», écrit-il.

Au cours du présent mois, le Conseil des relations américano-islamiques a décerné à Ilhan Omar le prix du fonctionnaire américano-musulman de l’année pour «son militantisme au sein de la Chambre des représentants des États-Unis, à la lumière de sa récente querelle avec la représentante Lauren Boebert [la représentante du Colorado], qui a tenu des propos islamophobes à l’encontre de sa collègue membre du Congrès».

C’est exactement ainsi que fonctionnent les islamistes: en se victimisant, puis en glorifiant leurs actions au nom de «l’islamophobie», profitant du fait que le président Joe Biden ouvre la voie à l’idéologie la plus dangereuse de notre histoire moderne.

«L’administration est impatiente de travailler avec le Congrès afin de garantir que le secrétaire d’État dispose de la flexibilité et de l’autorité permissive nécessaires pour désigner un bureau ainsi qu’un envoyé spécial et pour fournir un rapport annuel de surveillance des actes d’islamophobie dans les pays étrangers», déclare la Maison Blanche.

Les Américains doivent comprendre que les islamistes sont des oppresseurs dans leur propre patrie. Ils sont prêts à tout pour manipuler la bonne volonté de l’Américain moyen qui respecte la liberté de religion et s’attend à ce que les autres le fassent aussi.

Les deux cent douze députés républicains qui ont voté contre cette loi ne sont pas des «islamophobes». Au contraire, ils ont pris cette mesure courageuse afin de défendre des musulmans qui, comme moi, croient en la Constitution américaine et sont la cible des islamistes américains – justement parce qu’ils y croient. Ils l’ont fait pour protéger la première modification apportée à la Constitution, qui garantit la liberté d’expression en interdisant au Congrès de restreindre la presse ou les droits des individus à s’exprimer librement.

Cependant, le combat est loin d’être fini. L’année prochaine, le projet de loi sera présenté au Sénat américain, où il devrait stagner – comme il se doit – tandis que des sénateurs tels queTed Cruz devraient se concentrer sur la désignation des Frères musulmans comme groupe terroriste avant qu’il ne soit trop tard.

 

Dalia al-Aqidi est chercheuse principale au Center for Security Policy. Twitter: @DaliaAlAqidi

NDLR: L’opinion exprimée dans cette page est propre à l’auteur et ne reflète pas nécessairement celle d’Arab News en français.

 

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com