Les États-Unis sont confrontés à une nouvelle humiliation diplomatique à un moment où la débâcle afghane n'a pas été oubliée et où ses répercussions continuent de figurer dans les médias mondiaux et dans les cercles politiques. Cette fois, l'embarras provient du même groupe dont l'administration Biden a décidé qu’il n'était pas une organisation terroriste: les Houthis au Yémen, soutenus par l'Iran, qui ont été retirés de la liste des organisations terroristes étrangères du département d'État américain en février.
«Cette annulation vise à garantir que la politique américaine concernée n'entrave pas l'assistance à ceux qui souffrent déjà de ce qui a été qualifié de la pire crise humanitaire au monde. En nous concentrant sur l’atténuation de la crise humanitaire au Yémen, nous espérons que les parties yéménites pourront également se concentrer sur le dialogue», avait alors déclaré le secrétaire d'État, Antony Blinken, dans un communiqué, ignorant toutes les violations des droits humains commises par le groupe.
La semaine dernière, un groupe de la milice houthie a pris d'assaut l'ambassade des États-Unis dans la capitale yéménite, Sanaa, tenant en otage un nombre inconnu de ressortissants yéménites travaillant pour l'ambassade et l'Agence américaine pour le développement international. Ils ont exigé de grandes quantités d'équipements et de matériels en échange de la libération des otages. Même si la plupart des otages ont depuis été libérés, la crise diplomatique se poursuit, du fait que le groupe terroriste détient toujours plusieurs employés de l'ambassade, sans formuler jusqu'à présent aucune autre demande.
Le département d'État a fait ce qu'il fait le mieux: il a publié un communiqué dans lequel il exige la libération de tous les otages et promet de continuer à suivre la situation de près. «Le gouvernement américain poursuivra ses efforts diplomatiques pour obtenir la libération de notre personnel et l'évacuation de l’enceinte de l’ambassade, notamment par l'intermédiaire de nos partenaires internationaux», indique le communiqué.
Washington avait suspendu les activités de son ambassade au Yémen en février 2015, après le début de la guerre civile entre les Houthis, qui sont soutenus, financés et armés par l'Iran et la coalition internationale qui soutient le président Abed Rabbo Mansour Hadi. Cependant, prendre d'assaut l'ambassade d'un pays étranger et détenir ses employés constituent des actes terroristes et une atteinte à la sécurité et à la diplomatie qui ne peut être tolérée ou traitée en émettant une condamnation ou un avertissement qui n'a pas été et ne sera pas pris au sérieux.
Les Américains se souviennent encore de la crise des otages en Iran en 1979, au cours de laquelle 52 diplomates et ressortissants américains ont été pris en otage à l'ambassade des États-Unis à Téhéran et détenus pendant quatre cent quarante-quatre jours. Les attentats coordonnés de 1998, qui ont visé les ambassades des États-Unis à Dar es-Salaam, en Tanzanie, et dans la capitale kényane de Nairobi, faisant plus de 200 morts et présentant Al-Qaïda au monde, sont encore frais dans les mémoires.
«Il faut rappeler à Blinken que le groupe qu'il a défendu poursuit ses activités criminelles contre des innocents au Yémen.»
Dalia al-Aqidi
Ils se souviennent encore de l'attaque du groupe Ansar al-Charia en 2012 contre la mission américaine à Benghazi, en Libye, qui a conduit au meurtre de l'ambassadeur Christopher Stevens et de trois autres ressortissants américains. Il y a eu aussi le siège de l'ambassade des États-Unis à Bagdad en 2020, à la suite duquel l'ancien président Donald Trump a pris la décision courageuse d'ordonner une frappe aérienne en Irak qui a tué l'un des terroristes les plus violents de la région, le commandant de la force iranienne Al-Qods, Qassem Soleimani.
Le facteur commun dans toutes ces attaques est le terrorisme et, par conséquent, quiconque les a planifiées ou exécutées est un terroriste, selon toutes les lois et normes internationales. Al-Qaïda n'est pas différent d'Ansar al-Charia ou des milices iraniennes en Irak et de leurs homologues au Yémen.
Qu'est-ce qui empêche donc le président Joe Biden de revenir sur son annulation de la désignation des Houthis en tant que groupe terroriste?
La diplomatie n'a jamais fonctionné avec les terroristes. Ainsi, lorsque l'administration Biden fait allusion à la poursuite de son dialogue avec un groupe de tueurs et commence à abandonner ses plus proches alliés dans la région, cela reflète l’état d'un gouvernement faible qui est incapable de défendre ses citoyens ou ses intérêts.
Il convient de rappeler à Blinken que le groupe qu'il a défendu poursuit ses activités criminelles contre des innocents au Yémen, dont la dernière en date est l'assassinat la semaine dernière de la journaliste Rasha Abdallah al-Harazi, qui était sur le point de donner naissance à son deuxième enfant.
Si Blinken n’est pas enclin à désigner à nouveau les Houthis en tant que groupe terroriste, il devrait démissionner et sauver les États-Unis d'une autre humiliation mondiale.
Dalia al-Aqidi est chercheure principale au Center for Security Policy. Twitter: @DaliaAlAqidi
NDLR: Les opinions exprimées dans cette rubrique sont personnelles et ne reflètent pas nécessairement le point de vue d’Arab News.
Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com