Deux influenceurs algériens en garde à vue pour avoir diffusé des appels à la haine

Cette photographie montre le commissariat de Brest, dans l'ouest de la France, le 3 janvier 2025, où un influenceur algérien de 25 ans a été arrêté aux premières heures du matin à Brest et placé en garde à vue pour apologie d'actes de terrorisme et incitation à la haine et à la violence (Photo AFP)
Cette photographie montre le commissariat de Brest, dans l'ouest de la France, le 3 janvier 2025, où un influenceur algérien de 25 ans a été arrêté aux premières heures du matin à Brest et placé en garde à vue pour apologie d'actes de terrorisme et incitation à la haine et à la violence (Photo AFP)
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Publié le Samedi 04 janvier 2025

Deux influenceurs algériens en garde à vue pour avoir diffusé des appels à la haine

  • Les deux hommes « ont été placés en garde à vue pour des faits d’apologie d’acte de terrorisme et de provocation à la haine et à la violence », a indiqué à l'AFP le procureur de la République de Brest.
  • Bruno Retailleau, qui avait déjà annoncé les premières interpellations, a fait état de l'arrestation d'un autre « influenceur algérien », connu sous le nom d'« imadtintin ». « Lui aussi devra répondre des ignobles propos tenus sur TikTok.

RENNES, FRANCE : Deux influenceurs algériens ont été arrêtés vendredi à Brest et près de Grenoble pour des vidéos postées sur TikTok, accusées de faire l'apologie du terrorisme ou de proférer des menaces de mort.

Vers 6 heures du matin, des policiers sont intervenus dans un quartier populaire de Brest et ont interpellé Youcef A., un Algérien de 25 ans accusé d'avoir appelé à commettre des attentats, ainsi qu'un complice présumé âgé de 41 ans, également Algérien, qui le logeait.

Les deux hommes « ont été placés en garde à vue pour des faits d’apologie d’acte de terrorisme et de provocation à la haine et à la violence », a indiqué à l'AFP le procureur de la République de Brest, Camille Miansoni, soulignant que les investigations se poursuivaient.

Dans la soirée, Bruno Retailleau, qui avait déjà annoncé les premières interpellations, a fait état de l'arrestation d'un autre « influenceur algérien », connu sous le nom d'« imadtintin ». « Lui aussi devra répondre des ignobles propos tenus sur TikTok devant la justice. « Ne rien laisser passer », a commenté le ministre de l'Intérieur sur X.

Ce second influenceur a été « interpellé à Échirolles vers 19 h 30 et placé en garde à vue pour menaces de mort matérialisées par écrit, image ou autre objet, commises en raison de la race, de l'ethnie, de la nation ou de la religion », a indiqué le procureur de Grenoble, Éric Vaillant.

Mardi 31 décembre, une vidéo était publiée sur le réseau social TikTok. Dans cette vidéo, l'influenceur basé en Bretagne, qui compte des centaines de milliers d'abonnés, s'exprimait de façon véhémente en arabe sous-titré en français. Il y appelait à perpétrer des attentats en France et des violences en Algérie.

« Quand les policiers m'ont signalé avoir détecté cette vidéo, je leur ai demandé de prendre contact immédiatement avec le parquet », a déclaré à l'AFP le préfet du Finistère, Alain Espinasse.

Cette vidéo a également été transmise à la plateforme Pharos de signalement de contenus illicites sur internet.

« L'influenceur algérien +Zazouyoussef+, qui appelait sa communauté à commettre des attentats en France, devra répondre de ses actes devant la justice », a déclaré Bruno Retailleau sur X.

Interrogé par l'AFP, TikTok indique que le compte en question « a été banni après la publication de plusieurs vidéos identifiées comme enfreignant nos règles communautaires, notamment nos politiques relatives à la haine ». « Six copies des vidéos concernées » ont également été détectées et supprimées, indique l'application.

- Appel de sa condamnation -
Youcef A., né à Mostaganem dans le nord-ouest de l'Algérie, a déclaré être arrivé en France en 2020 et avoir reçu un titre de séjour en mars 2023, valable jusqu'au 14 mars 2024, selon M. Espinasse.

« Il avait un titre de séjour en tant que parent d'enfant français puisqu'il a eu un enfant avec une personne de nationalité française », a précisé le préfet.

Lors des émeutes urbaines qui ont secoué la France après la mort de Nahel en juin 2023, Youcef A. avait été interpellé pour avoir pris part à la dégradation d'un complexe sportif à Brest, puis condamné en décembre à douze mois d'emprisonnement.

« Il a fait appel dans la foulée », ce qui explique pourquoi il n'a pas été emprisonné, a déclaré M. Espinasse.

Selon la cour d'appel de Rennes, l'audience de son procès en appel est « en attente de fixation ».

« Compte tenu des faits dont il s'était rendu coupable, j'ai décidé de ne pas renouveler son titre de séjour arrivé à échéance en mars 2024 et une Obligation de quitter le territoire français (OQTF) lui a été notifiée le 18 avril 2024 », a-t-il dit.

Après la délivrance de son OQTF, Youcef A. a été « inscrit au Fichier des personnes recherchées (FPR) », a ajouté le préfet, précisant que le jeune homme n'était ni fiché S ni identifié pour radicalisation.

Selon un tweet d'un activiste algérien reposté par Bruno Retailleau, l'influenceur Imadtintin avait pour sa part publié une vidéo, retirée après l'arrestation de « Zazouyoussef », dans laquelle il appelait à « brûler vif, tuer et violer sur le sol français ».


Selon Macron, l'Algérie se « déshonore » en ne libérant pas l'écrivain Boualem Sansal

Le président français Emmanuel Macron prononce son discours devant les ambassadeurs de France en poste dans le monde, le 6 janvier 2025 au palais de l'Élysée à Paris. (Photo AFP)
Le président français Emmanuel Macron prononce son discours devant les ambassadeurs de France en poste dans le monde, le 6 janvier 2025 au palais de l'Élysée à Paris. (Photo AFP)
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  • "L'Algérie que nous aimons tant et avec laquelle nous partageons tant d'enfants et tant d'histoires entre dans une histoire qui la déshonore, à empêcher un homme gravement malade de se soigner.
  • Ce n'est pas à la hauteur de ce qu'elle est", a-t-il asséné devant les ambassadeurs français réunis à l'Elysée.

PARIS : Le président français Emmanuel Macron a estimé lundi que l'Algérie se "déshonore" en ne libérant pas l'écrivain franco-algérien Boualem Sansal, arrêté à la mi-novembre à Alger.

"L'Algérie que nous aimons tant et avec laquelle nous partageons tant d'enfants et tant d'histoires entre dans une histoire qui la déshonore, à empêcher un homme gravement malade de se soigner. Ce n'est pas à la hauteur de ce qu'elle est", a-t-il asséné devant les ambassadeurs français réunis à l'Elysée.

"Et nous qui aimons le peuple algérien et son histoire, je demande instamment à son gouvernement de libérer Boualem Sansal", a-t-il ajouté. Ce "combattant de la liberté" est "détenu de manière totalement arbitraire par les responsables algériens", a-t-il martelé.

Le président algérien Abdelmadjid Tebboune a évoqué pour la première fois son arrestation le 29 décembre, le qualifiant d'« imposteur » envoyé par la France.

L'auteur de 2084: la fin du monde, naturalisé français en 2024, est poursuivi en vertu de l'article 87 bis du code pénal algérien, qui sanctionne comme acte terroriste ou subversif tout acte visant la sûreté de l'État, l'intégrité du territoire, la stabilité et le fonctionnement normal des institutions.

Selon le quotidien français Le Monde, le pouvoir algérien aurait mal pris les déclarations de M. Sansal au média français Frontières, réputé d'extrême droite, dans lesquelles il reprenait la position du Maroc selon laquelle le territoire du pays aurait été tronqué sous la colonisation française au profit de l'Algérie.

Son arrestation s'ajoute à la nouvelle crise entre Paris et Alger, initiée en juillet par la décision d'Emmanuel Macron de reconnaître le Sahara occidental comme relevant de la souveraineté marocaine.

L'ex-colonie espagnole du Sahara occidental, considérée comme un « territoire non autonome » par l'ONU, oppose depuis un demi-siècle le Maroc aux indépendantistes sahraouis du Front Polisario, soutenus par Alger.


Budget : le gouvernement s'attend à un dialogue plus « fécond » avec la gauche qu'avec le RN

Le ministre de l’Économie et des Finances, Eric Lombard (C), est accueilli par le ministre de l’Economie, des Finances et de l’Industrie, Antoine Armand (R), lors de la cérémonie de passation au ministère de l’Économie et des Finances (Bercy) à Paris, le 23 décembre 2024. (Photo AFP)
Le ministre de l’Économie et des Finances, Eric Lombard (C), est accueilli par le ministre de l’Economie, des Finances et de l’Industrie, Antoine Armand (R), lors de la cérémonie de passation au ministère de l’Économie et des Finances (Bercy) à Paris, le 23 décembre 2024. (Photo AFP)
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  • « Je pense qu'il y a plus de perspectives d'un dialogue fécond avec les partis de gauche qu'avec le Rassemblement national », a déclaré M. Lombard sur France Inter, malgré le refus de LFI de l'entendre.
  • L'objectif est de préparer le budget pour 2025, car la France est dépourvue de budget en raison de la censure du gouvernement de Michel Barnier, le 4 décembre.

PARIS : Éric Lombard, ministre de l'Économie, a estimé lundi que le dialogue s'annonçait « fécond » avec les partis de gauche plutôt qu'avec le Rassemblement national, alors que débutent les consultations avec les forces politiques pour préparer le budget 2025.

« Je pense qu'il y a plus de perspectives d'un dialogue fécond avec les partis de gauche qu'avec le Rassemblement national », a déclaré M. Lombard sur France Inter, malgré le refus de LFI de l'entendre.

Il a souligné qu'il ne s'aligneraient « pas nécessairement » sur les lignes rouges de la cheffe de file des députés du RN, Marine Le Pen, car « la démarche par lignes rouges est une démarche qui coince tout le monde (...), il n'y a pas de solution avec les lignes rouges ».

Avec la ministre des Comptes publics Amélie de Montchalin, le ministre de l'Économie Éric Lombard reçoit les forces politiques jusqu'à la déclaration de politique générale du Premier ministre François Bayrou, le 14 janvier. L'objectif est de préparer le budget pour 2025, car la France est dépourvue de budget en raison de la censure du gouvernement de Michel Barnier, le 4 décembre.

Marc Fesneau, président du groupe MoDem à l’Assemblée nationale, est reçu à 9 heures. Suivront à 12 heures Olivier Faure, premier secrétaire du Parti socialiste, Boris Vallaud, président du groupe socialiste à l’Assemblée nationale, et Patrick Kanner, son homologue au Sénat. Les écologistes et les communistes devraient être reçus mercredi.

Vendredi, ce sera au tour du RN, selon Éric Lombard.

« Nous allons, avec le Premier ministre et les autres membres du gouvernement concernés, notamment Catherine Vautrin qui gère les questions de retraites, regarder (...) quelle politique nous paraît conforme aux objectifs que nous nous sommes donnés et qui répond à leurs demandes aussi », a-t-il expliqué.

Pour 2025, le gouvernement vise un déficit public compris entre 5 % et 5,5 % du produit intérieur brut, après un niveau « autour de 6,1 % » attendu pour 2024, selon le ministre de l'Économie. Cela nécessitera un effort budgétaire « autour de 50 milliards d'euros », moins que les 60 milliards qu'ambitionnait le gouvernement précédent, qui passera « essentiellement » par des économies.


Soupçons de financement libyen: Nicolas Sarkozy attendu lundi au tribunal

Le président français Nicolas Sarkozy (à gauche) accueille le dirigeant libyen Moamer Kadhafi au palais de l'Élysée, à Paris, le 10 décembre 2007. (AFP)
Le président français Nicolas Sarkozy (à gauche) accueille le dirigeant libyen Moamer Kadhafi au palais de l'Élysée, à Paris, le 10 décembre 2007. (AFP)
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  • L'ancien président, 69 ans, sera présent pour l'ouverture de son procès à 13H30, assure son entourage, le disant "combatif" et "déterminé" à prouver son innocence face à ce qu'il a toujours qualifié de "fable"
  • Il est accusé d'avoir passé fin 2005, notamment avec l'aide de ses très proches Brice Hortefeux et Claude Guéant, un "pacte de corruption" avec le richissime dictateur libyen tombé en 2011, pour qu'il "soutienne" financièrement son accession à l'Elysée

PARIS: Un nouveau procès pour Nicolas Sarkozy: l'ex-chef de l'Etat est attendu au tribunal de Paris lundi après-midi, cette fois pour répondre, pendant quatre mois et aux côtés de trois anciens ministres, d'accusations de financement illégal de sa campagne de 2007 par la Libye de Mouammar Kadhafi.

L'ancien président, 69 ans, sera présent pour l'ouverture de son procès à 13H30, assure son entourage, le disant "combatif" et "déterminé" à prouver son innocence face à ce qu'il a toujours qualifié de "fable".

Il est accusé d'avoir passé fin 2005, notamment avec l'aide de ses très proches Brice Hortefeux et Claude Guéant, un "pacte de corruption" avec le richissime dictateur libyen tombé en 2011, pour qu'il "soutienne" financièrement son accession à l'Elysée.

Jugé pour corruption, recel de détournement de fonds publics, financement illégal de campagne et association de malfaiteurs, il encourt 10 ans de prison et 375.000 euros d'amende, ainsi qu'une privation des droits civiques (donc une inéligibilité) allant jusqu'à 5 ans.

L'accusation sera portée par le Parquet national financier (PNF).

"J'ai la conviction d'une culpabilité qui conduit à un procès", tirée "d'auditions, de témoins, de retraçage de flux financiers, d'éléments d'entraide qui nous ont été fournis par 21 pays au total", a déclaré le procureur financier Jean-François Bohnert lundi matin sur BFMTV/RMC.

Mais cette thèse, "qui sera combattue par la défense", "doit être partagée par celles et ceux qui décident, les juges", qui trancheront après les quatre mois de procès, a-t-il ajouté.

"Notre travail n'est pas un travail politique, nous ne sommes pas engagés politiquement", a-t-il aussi déclaré. "Nous n'avons qu'une seule boussole, c'est la loi".

C'est le cinquième procès en cinq ans de Nicolas Sarkozy, condamné en première instance et en appel dans le dossier Bygmalion (sur le financement de sa campagne de 2012, il a formé un pourvoi en cassation), et dans le dossier Bismuth.

Dans cette dernière affaire, dite "des écoutes", son pourvoi a été rejeté mi-décembre, rendant définitive sa condamnation à un an de prison ferme sous bracelet électronique, une sanction inédite pour un ancien président.

Il ne porte pas encore de bracelet - cela peut prendre plusieurs semaines - ce qui lui a permis de passer ses vacances aux Seychelles, avec sa femme, la chanteuse Carla Bruni, et leur fille.

Kadhafi à Paris 

Le procès débutera avec l'appel des 12 prévenus, des parties civiles et des témoins, avant les questions de procédures, qui devraient occuper le tribunal toute la première semaine.

Les audiences auront lieu les lundi, mercredi et jeudi après-midi, jusqu'au 10 avril. Nicolas Sarkozy sera selon son entourage présent à chaque audience pendant le premier mois, consacré aux soupçons de financement. Des volets annexes seront abordés les semaines suivantes.

"Il va combattre la construction artificielle imaginée par l'accusation. Il n'y a aucun financement libyen de la campagne", a déclaré son avocat, Me Christophe Ingrain.

Pour l'accusation, le "pacte de corruption" s'est noué à l'automne 2005 à Tripoli, sous la tente de Mouammar Kadhafi, connu pour être très généreux avec ses visiteurs étrangers.

Nicolas Sarkozy était alors un ambitieux et très médiatique ministre de l'Intérieur pensant à la présidentielle "pas simplement quand (il se) rase". Sa visite en Libye était officiellement consacrée à l'immigration clandestine.

L'accusation n'a pas pu établir un montant total exact du financement présumé. Mais après 10 ans d'enquête, un "faisceau d'indices" a convaincu les juges d'instruction de l'existence de ce soutien financier, qui serait passé par Claude Guéant et Brice Hortefeux, alors garde rapprochée de Nicolas Sarkozy.

Les contreparties supposées ? D'abord une réhabilitation internationale: Kadhafi sera accueilli en grande pompe par Nicolas Sarkozy fraîchement élu président lors d'une visite controversée à Paris, première depuis trois décennies.

Mais aussi la signature de gros contrats et un coup de main judiciaire à Abdallah Senoussi, directeur des renseignements libyens condamné à perpétuité en son absence en France pour son rôle dans l'attentat du DC-10 d'UTA en 1989, qui a coûté la vie à 170 personnes dont 54 Français. Une vingtaine de proches sont parties civiles au procès.

Parmi les prévenus figurent l'ex-ministre Eric Woerth, trésorier de la campagne, dans laquelle du cash d'origine inconnue a circulé selon l'enquête. Ainsi que deux hommes de l'ombre, rompus aux négociations internationales parallèles: le discret Alexandre Djouhri et le sulfureux et versatile Ziad Takieddine - aujourd'hui en fuite au Liban.