L'ex-président français Sarkozy jugé pour un pacte présumé avec Kadhafi

L’ancien président français Nicolas Sarkozy reste une figure influente pour beaucoup de gens à droite et est également connu pour rencontrer régulièrement le président Emmanuel Macron. (photo du fichier AFP)
L’ancien président français Nicolas Sarkozy reste une figure influente pour beaucoup de gens à droite et est également connu pour rencontrer régulièrement le président Emmanuel Macron. (photo du fichier AFP)
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Publié le Dimanche 05 janvier 2025

L'ex-président français Sarkozy jugé pour un pacte présumé avec Kadhafi

  • Depuis qu’il a perdu l’élection présidentielle de 2012, la carrière de Nicolas Sarkozy a été éclipsée par des problèmes juridiques.
  • Le dernier procès est le résultat d’une décennie d’enquêtes sur les accusations de financement illégal de sa campagne.

PARIS : L’ancien président français, déjà condamné à deux reprises dans des affaires distinctes depuis qu’il a quitté ses fonctions, est jugé lundi pour avoir accepté de financer une campagne électorale illégale dans le cadre d’un prétendu pacte avec le défunt dictateur libyen Mouammar Kadhafi.

La carrière de Sarkozy a été éclipsée par des problèmes juridiques depuis qu’il a perdu l’élection présidentielle de 2012. Mais il reste une figure influente pour beaucoup à droite et est également connu pour rencontrer régulièrement le président Emmanuel Macron.

Ce politicien de 69 ans, fervent et énergique, est connu pour son ambition et son goût pour la controverse. Pendant son mandat de 2007 à 2012, il aimait être surnommé « l’hyperprésident ». Il a déjà été condamné à deux reprises dans des affaires distinctes depuis qu’il a quitté ses fonctions. Il fait actuellement l’objet d’une autre enquête en lien avec deux autres.

Sarkozy sera sur le banc des accusés à la cour de Paris, à peine un demi-mois après le rejet par la plus haute cour d’appel française de son recours contre une peine d’emprisonnement d’un an pour trafic d’influence, qu’il devra purger en portant un bracelet électronique plutôt qu’en prison.

Ce procès est le résultat d’une décennie d’enquêtes sur des accusations selon lesquelles Sarkozy aurait accepté un financement illégal de campagne de la part de Kadhafi, pour un montant d'environ 50 millions d’euros, afin d'aider sa campagne électorale victorieuse de 2007.

En échange, Sarkozy et d'autres hauts responsables se sont engagés à aider Kadhafi à restaurer son image internationale après que Tripoli a été accusé d’avoir bombardé le vol 103 de la Pan Am au-dessus de Lockerbie en Écosse en 1988, et le vol UTA 772 en 1989, causant la mort de centaines de passagers.

Sarkozy a dénoncé les accusations comme faisant partie d’une conspiration contre lui, insistant sur le fait qu’il n’a jamais reçu de financement pour la campagne de Kadhafi et qu’il n’existe aucune preuve d’un tel transfert.

À une époque où de nombreux pays occidentaux courtisaient Kadhafi pour des accords énergétiques alors que le dictateur machiavélique cherchait à sortir de décennies d’isolement international, le dirigeant libyen s’est rendu à Paris en décembre 2007, installant sa tente dans le centre de la ville.

Mais la France a ensuite soutenu l’action militaire sanctionnée par les Nations unies qui a aidé en 2011 à évincer Kadhafi, qui a été tué par des rebelles. Sarkozy a déclaré que les allégations d’anciens membres du cercle intime de Kadhafi sur le financement présumé de la campagne sont motivées par la vengeance.

Si Sarkozy est reconnu coupable, il risque jusqu’à 10 ans de prison pour avoir dissimulé des détournements de fonds publics et financé illégalement une campagne électorale. Le procès doit se terminer le 10 avril.

Sarkozy « attend ces quatre mois d’audiences avec détermination, il va lutter contre la construction artificielle imaginée par l’accusation. La campagne n’a pas été financée par la Libye », a déclaré son avocat Christophe Ingrain.

Parmi les douze autres accusés de financement libyen figurent des personnalités telles que l’ancien bras droit de Sarkozy, Claude Gueant, son directeur de campagne à l’époque, Éric Woerth, et l’ancien ministre Brice Hortefeux.

« Claude Guéant démontrera qu’après plus de dix ans d’enquête, aucune des infractions dont il est accusé n’a été prouvée », a déclaré son avocat Philippe Bouchez El Ghozi, dénonçant des cas équivalant à « des assertions, des hypothèses et autres approximations ».

Pour la poursuite, le pacte a commencé en 2005, lorsque Kadhafi et Sarkozy, alors ministre de l’Intérieur, se sont rencontrés à Tripoli lors d'une réunion ostensiblement consacrée à la lutte contre la migration illégale. Mais la défense de Sarkozy répond qu’aucune trace du financement illégal n’a jamais été trouvée dans les coffres de la campagne.

Le scandale a éclaté en avril 2012, alors que Sarkozy était en pleine campagne électorale, lorsque le site Mediapart a publié un article sensationnel basé sur un document prétendument de décembre 2006, évoquant un accord sur le financement de la campagne.

Sarkozy a longtemps soutenu que le document n’était pas authentique. Un Sarkozy aigri a par la suite perdu de peu le second tour de l’élection face au socialiste François Hollande.

L’homme d’affaires franco-libanais Ziad Takieddine, figure clé de l’affaire, avait affirmé à plusieurs reprises avoir aidé à livrer jusqu’à cinq millions d’euros (5,4 millions de dollars aux taux actuels) en espèces de Kadhafi à Sarkozy et à son chef de cabinet en 2006 et 2007.

Mais en 2020, Takieddine a soudainement retiré ses déclarations incriminantes, suscitant ainsi des soupçons que Sarkozy et ses proches alliés aient payé le témoin pour qu’il change d’avis.

Dans un autre tournant, Sarkozy a été accusé en octobre 2023 de manipulation illégale de témoins, tandis que Carla Bruni a été accusée l’année précédente de cacher des preuves dans le même contexte.

La deuxième condamnation de Sarkozy, dans une autre affaire de financement de campagne, a été confirmée l’année dernière par une cour d’appel de Paris qui a statué qu’il devait purger six mois de prison, avec un autre sursis de six mois. Ce verdict peut encore être confirmé par la Cour de cassation.


Retailleau/Darmanin : deux présidentiables de droite sur la même ligne sécuritaire

Gérald Darmanin, le ministre de l'Intérieur et de l'Outre-mer sortant, prononce un discours sous le regard de Bruno Retailleau, le nouveau ministre de l'Intérieur, et de Nicolas Daragon, le nouveau ministre délégué à la Sécurité quotidienne, lors de la cérémonie de passation des pouvoirs au ministère de l'Intérieur, à Paris, le 23 septembre 2024. (Photo AFP)
Gérald Darmanin, le ministre de l'Intérieur et de l'Outre-mer sortant, prononce un discours sous le regard de Bruno Retailleau, le nouveau ministre de l'Intérieur, et de Nicolas Daragon, le nouveau ministre délégué à la Sécurité quotidienne, lors de la cérémonie de passation des pouvoirs au ministère de l'Intérieur, à Paris, le 23 septembre 2024. (Photo AFP)
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  • Pour la première fois dans l'histoire récente de la Ve République, les ministres de l'Intérieur et de la Justice sont sur la même longueur d'onde
  • « Avec eux, la chaîne pénale sera cohérente. C'est un binôme très complémentaire avec un intérêt commun : incarner la sécurité », relève pour sa part Franck Louvrier, ancien conseiller de Nicolas Sarkozy à l’Élysée.

PARIS : Pour la première fois dans l'histoire récente de la Ve République, les ministres de l'Intérieur et de la Justice sont sur la même longueur d'onde. Toutefois, les ambitions présidentielles de Bruno Retailleau et Gérald Darmanin pourraient déboucher sur une compétition mortifère pour l'un et l'autre.

« Ils ne s'adorent pas, mais ils ne veulent pas s'embêter l'un l'autre », estime un ancien ministre d'Emmanuel Macron, car, dit-il, « ils sont convaincus tous les deux qu'en matière régalienne, il faut de la fermeté ».

« Ce sont deux grands fauves de la politique qui ont des visions assez proches de ce que doit être le continuum de sécurité », note une ministre du gouvernement Bayrou.

« Avec eux, la chaîne pénale sera cohérente. C'est un binôme très complémentaire avec un intérêt commun : incarner la sécurité », relève pour sa part Franck Louvrier, ancien conseiller de Nicolas Sarkozy à l’Élysée.

Il considère que la « concurrence entre ces deux profils de présidentiables va être annihilée car l'un ne peut pas réussir sans l'autre ». Il estime même que le tandem peut « être solide malgré les vicissitudes du gouvernement, pour peu qu'il parvienne à installer l'idée dans l'opinion qu'il représente la sécurité ».

De prime abord, tout semble opposer les deux hommes, hormis leur position commune sur la sécurité et l'ordre. Ils ne sont pas de la même génération : Bruno Retailleau, âgé de 64 ans, pourrait être le père de Gérald Darmanin, âgé de 42 ans. Tous deux sont certes de droite et le revendiquent, mais le premier est resté à LR et était proche de François Fillon quand le second, dont le mentor était Nicolas Sarkozy, a quitté le parti pour rejoindre Emmanuel Macron en 2017.

- « Petites phrases » -

« Retailleau est un conservateur cultivé, beaucoup plus que Darmanin. Il est intellectuellement très affûté », décrit un responsable socialiste, grand connaisseur des arcanes gouvernementales et parlementaires.

Il estime que l'ex-patron du groupe LR au Sénat est très différent de son cadet dans sa manière de faire : « Il a des convictions, mais il n'est pas sans foi ni loi, il ne fait pas de coups dans le dos alors que Gérald Darmanin est plus opportuniste ».

Avant la dissolution et son entrée au gouvernement de Michel Barnier début septembre comme ministre de l'Intérieur, le sénateur vendéen n'était pas connu pour avoir des ambitions présidentielles.

Mais dès son arrivée place Beauvau, il a « fait du Sarko en termes de com' », selon un parlementaire de gauche, multipliant les formules choc (« mexicanisation du pays ») et les postures martiales, disant souhaiter « frapper la délinquance au cœur et en profondeur ».

Selon la ministre du gouvernement Bayrou, il n'y a pas de différence entre eux. « Les deux sont adeptes des petites phrases », affirme-t-elle.

À son arrivée place Beauvau, Bruno Retailleau avait laissé entrevoir son envie de tacler son prédécesseur. Devant un Gérald Darmanin impassible, il avait répété à trois reprises que sa feuille de route était de « rétablir l'ordre », sous-entendant que cela n'avait pas été le cas auparavant.

Trois mois plus tard, ils sont réunis avec une ambition commune : mettre fin au narcotrafic, source d'un grand nombre de meurtres. Chacun a proclamé sa détermination en ce domaine. « Le risque est plus grand pour Bruno Retailleau. Si les résultats ne sont pas à la hauteur de ses paroles, ce sera un problème pour lui. Pour Gérald Darmanin, la tâche est plus aisée. On attend toujours davantage de la police », souligne le responsable socialiste.

Lundi, Bruno Retailleau et Gérald Darmanin ont déjeuné ensemble pour la première fois depuis l'annonce du nouveau gouvernement. « C'était un déjeuner de travail extrêmement constructif qui leur a permis de travailler ensemble. Ils ont abordé plusieurs dossiers, dont la proposition de loi sénatoriale contre le narcotrafic », a commenté auprès de l'AFP l'entourage du garde des Sceaux, assurant qu'il n'y avait « pas du tout » de rivalité entre les deux hommes.


Selon Macron, l'Algérie se « déshonore » en ne libérant pas l'écrivain Boualem Sansal

Le président français Emmanuel Macron prononce son discours devant les ambassadeurs de France en poste dans le monde, le 6 janvier 2025 au palais de l'Élysée à Paris. (Photo AFP)
Le président français Emmanuel Macron prononce son discours devant les ambassadeurs de France en poste dans le monde, le 6 janvier 2025 au palais de l'Élysée à Paris. (Photo AFP)
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  • "L'Algérie que nous aimons tant et avec laquelle nous partageons tant d'enfants et tant d'histoires entre dans une histoire qui la déshonore, à empêcher un homme gravement malade de se soigner.
  • Ce n'est pas à la hauteur de ce qu'elle est", a-t-il asséné devant les ambassadeurs français réunis à l'Elysée.

PARIS : Le président français Emmanuel Macron a estimé lundi que l'Algérie se "déshonore" en ne libérant pas l'écrivain franco-algérien Boualem Sansal, arrêté à la mi-novembre à Alger.

"L'Algérie que nous aimons tant et avec laquelle nous partageons tant d'enfants et tant d'histoires entre dans une histoire qui la déshonore, à empêcher un homme gravement malade de se soigner. Ce n'est pas à la hauteur de ce qu'elle est", a-t-il asséné devant les ambassadeurs français réunis à l'Elysée.

"Et nous qui aimons le peuple algérien et son histoire, je demande instamment à son gouvernement de libérer Boualem Sansal", a-t-il ajouté. Ce "combattant de la liberté" est "détenu de manière totalement arbitraire par les responsables algériens", a-t-il martelé.

Le président algérien Abdelmadjid Tebboune a évoqué pour la première fois son arrestation le 29 décembre, le qualifiant d'« imposteur » envoyé par la France.

L'auteur de 2084: la fin du monde, naturalisé français en 2024, est poursuivi en vertu de l'article 87 bis du code pénal algérien, qui sanctionne comme acte terroriste ou subversif tout acte visant la sûreté de l'État, l'intégrité du territoire, la stabilité et le fonctionnement normal des institutions.

Selon le quotidien français Le Monde, le pouvoir algérien aurait mal pris les déclarations de M. Sansal au média français Frontières, réputé d'extrême droite, dans lesquelles il reprenait la position du Maroc selon laquelle le territoire du pays aurait été tronqué sous la colonisation française au profit de l'Algérie.

Son arrestation s'ajoute à la nouvelle crise entre Paris et Alger, initiée en juillet par la décision d'Emmanuel Macron de reconnaître le Sahara occidental comme relevant de la souveraineté marocaine.

L'ex-colonie espagnole du Sahara occidental, considérée comme un « territoire non autonome » par l'ONU, oppose depuis un demi-siècle le Maroc aux indépendantistes sahraouis du Front Polisario, soutenus par Alger.


Budget : le gouvernement s'attend à un dialogue plus « fécond » avec la gauche qu'avec le RN

Le ministre de l’Économie et des Finances, Eric Lombard (C), est accueilli par le ministre de l’Economie, des Finances et de l’Industrie, Antoine Armand (R), lors de la cérémonie de passation au ministère de l’Économie et des Finances (Bercy) à Paris, le 23 décembre 2024. (Photo AFP)
Le ministre de l’Économie et des Finances, Eric Lombard (C), est accueilli par le ministre de l’Economie, des Finances et de l’Industrie, Antoine Armand (R), lors de la cérémonie de passation au ministère de l’Économie et des Finances (Bercy) à Paris, le 23 décembre 2024. (Photo AFP)
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  • « Je pense qu'il y a plus de perspectives d'un dialogue fécond avec les partis de gauche qu'avec le Rassemblement national », a déclaré M. Lombard sur France Inter, malgré le refus de LFI de l'entendre.
  • L'objectif est de préparer le budget pour 2025, car la France est dépourvue de budget en raison de la censure du gouvernement de Michel Barnier, le 4 décembre.

PARIS : Éric Lombard, ministre de l'Économie, a estimé lundi que le dialogue s'annonçait « fécond » avec les partis de gauche plutôt qu'avec le Rassemblement national, alors que débutent les consultations avec les forces politiques pour préparer le budget 2025.

« Je pense qu'il y a plus de perspectives d'un dialogue fécond avec les partis de gauche qu'avec le Rassemblement national », a déclaré M. Lombard sur France Inter, malgré le refus de LFI de l'entendre.

Il a souligné qu'il ne s'aligneraient « pas nécessairement » sur les lignes rouges de la cheffe de file des députés du RN, Marine Le Pen, car « la démarche par lignes rouges est une démarche qui coince tout le monde (...), il n'y a pas de solution avec les lignes rouges ».

Avec la ministre des Comptes publics Amélie de Montchalin, le ministre de l'Économie Éric Lombard reçoit les forces politiques jusqu'à la déclaration de politique générale du Premier ministre François Bayrou, le 14 janvier. L'objectif est de préparer le budget pour 2025, car la France est dépourvue de budget en raison de la censure du gouvernement de Michel Barnier, le 4 décembre.

Marc Fesneau, président du groupe MoDem à l’Assemblée nationale, est reçu à 9 heures. Suivront à 12 heures Olivier Faure, premier secrétaire du Parti socialiste, Boris Vallaud, président du groupe socialiste à l’Assemblée nationale, et Patrick Kanner, son homologue au Sénat. Les écologistes et les communistes devraient être reçus mercredi.

Vendredi, ce sera au tour du RN, selon Éric Lombard.

« Nous allons, avec le Premier ministre et les autres membres du gouvernement concernés, notamment Catherine Vautrin qui gère les questions de retraites, regarder (...) quelle politique nous paraît conforme aux objectifs que nous nous sommes donnés et qui répond à leurs demandes aussi », a-t-il expliqué.

Pour 2025, le gouvernement vise un déficit public compris entre 5 % et 5,5 % du produit intérieur brut, après un niveau « autour de 6,1 % » attendu pour 2024, selon le ministre de l'Économie. Cela nécessitera un effort budgétaire « autour de 50 milliards d'euros », moins que les 60 milliards qu'ambitionnait le gouvernement précédent, qui passera « essentiellement » par des économies.