Selon Macron, l'Algérie se « déshonore » en ne libérant pas l'écrivain Boualem Sansal

Le président français Emmanuel Macron prononce son discours devant les ambassadeurs de France en poste dans le monde, le 6 janvier 2025 au palais de l'Élysée à Paris. (Photo AFP)
Le président français Emmanuel Macron prononce son discours devant les ambassadeurs de France en poste dans le monde, le 6 janvier 2025 au palais de l'Élysée à Paris. (Photo AFP)
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Publié le Lundi 06 janvier 2025

Selon Macron, l'Algérie se « déshonore » en ne libérant pas l'écrivain Boualem Sansal

  • "L'Algérie que nous aimons tant et avec laquelle nous partageons tant d'enfants et tant d'histoires entre dans une histoire qui la déshonore, à empêcher un homme gravement malade de se soigner.
  • Ce n'est pas à la hauteur de ce qu'elle est", a-t-il asséné devant les ambassadeurs français réunis à l'Elysée.

PARIS : Le président français Emmanuel Macron a estimé lundi que l'Algérie se "déshonore" en ne libérant pas l'écrivain franco-algérien Boualem Sansal, arrêté à la mi-novembre à Alger.

"L'Algérie que nous aimons tant et avec laquelle nous partageons tant d'enfants et tant d'histoires entre dans une histoire qui la déshonore, à empêcher un homme gravement malade de se soigner. Ce n'est pas à la hauteur de ce qu'elle est", a-t-il asséné devant les ambassadeurs français réunis à l'Elysée.

"Et nous qui aimons le peuple algérien et son histoire, je demande instamment à son gouvernement de libérer Boualem Sansal", a-t-il ajouté. Ce "combattant de la liberté" est "détenu de manière totalement arbitraire par les responsables algériens", a-t-il martelé.

Le président algérien Abdelmadjid Tebboune a évoqué pour la première fois son arrestation le 29 décembre, le qualifiant d'« imposteur » envoyé par la France.

L'auteur de 2084: la fin du monde, naturalisé français en 2024, est poursuivi en vertu de l'article 87 bis du code pénal algérien, qui sanctionne comme acte terroriste ou subversif tout acte visant la sûreté de l'État, l'intégrité du territoire, la stabilité et le fonctionnement normal des institutions.

Selon le quotidien français Le Monde, le pouvoir algérien aurait mal pris les déclarations de M. Sansal au média français Frontières, réputé d'extrême droite, dans lesquelles il reprenait la position du Maroc selon laquelle le territoire du pays aurait été tronqué sous la colonisation française au profit de l'Algérie.

Son arrestation s'ajoute à la nouvelle crise entre Paris et Alger, initiée en juillet par la décision d'Emmanuel Macron de reconnaître le Sahara occidental comme relevant de la souveraineté marocaine.

L'ex-colonie espagnole du Sahara occidental, considérée comme un « territoire non autonome » par l'ONU, oppose depuis un demi-siècle le Maroc aux indépendantistes sahraouis du Front Polisario, soutenus par Alger.


« Figure de la vie politique » : la gauche dénonce la réaction de Bayrou après la mort de Le Pen

Le chef du parti centriste français MoDem François Bayrou arrive pour assister à une cérémonie pour rendre hommage aux 42 citoyens français tués et à toutes les victimes de l'attaque du Hamas contre Israël le 7 octobre dernier (Photo, AFP).
Le chef du parti centriste français MoDem François Bayrou arrive pour assister à une cérémonie pour rendre hommage aux 42 citoyens français tués et à toutes les victimes de l'attaque du Hamas contre Israël le 7 octobre dernier (Photo, AFP).
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  • Jean-Marie Le Pen était un raciste et un antisémite notoire, adorateur de Pétain et tortionnaire en Algérie », a écrit sur les réseaux sociaux Manon Aubry, cheffe de file des eurodéputés de La France insoumise.
  • "C'était un raciste. Un antisémite. Un colonialiste. Un nostalgique du régime de Vichy. Un antiféministe… Un multirécidiviste qui a fondé le FN avec des SS. Pas une figure de la vie politique française", a appuyé le secrétaire général du Parti socialiste

PARIS : Plusieurs responsables de gauche ont dénoncé mardi la réaction, jugée trop laudative, de François Bayrou à la mort de Jean-Marie Le Pen, qualifié de « figure de la vie politique » et instigateur de « polémiques » par le Premier ministre.

« Jean-Marie Le Pen est mort. Ce n'était pas juste une « figure de la vie politique française », comme a réagi François Bayrou. Le respect pour les défunts ne doit pas conduire à la cécité sur son parcours. Jean-Marie Le Pen était un raciste et un antisémite notoire, adorateur de Pétain et tortionnaire en Algérie », a écrit sur les réseaux sociaux Manon Aubry, cheffe de file des eurodéputés de La France insoumise.

« Le racisme, la haine des musulmans, l'antisémitisme ne sont pas des polémiques. Ce sont des délits punis par la loi », a ajouté Paul Vannier, député LFI.

« Au-delà des polémiques qui étaient son arme préférée et des affrontements nécessaires sur le fond, Jean-Marie Le Pen aura été une figure de la vie politique française. On savait, en le combattant, quel combattant il était », avait écrit un peu plus tôt François Bayrou sur X.

"C'était un raciste. Un antisémite. Un colonialiste. Un nostalgique du régime de Vichy. Un antiféministe… Un multirécidiviste qui a fondé le FN avec des SS. Pas une figure de la vie politique française", a appuyé le secrétaire général du Parti socialiste Pierre Jouvet.

"Il n'est pas question de polémiques, mais de condamnations pour des propos racistes, antisémites et négationnistes", a pour sa part estimé le porte-parole du Parti communiste français Ian Brossat, qualifiant de message du Premier ministre de "pathétique".

Le fondateur du Front national est mort mardi à l'âge de 96 ans.


Macron sur Sansal : une « ingérence inacceptable dans une affaire intérieure », selon Alger

Président  Emmanuel Macron (Photo AFP)
Président Emmanuel Macron (Photo AFP)
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  • « Des propos du président français qui déshonorent, avant tout, celui qui a cru devoir les tenir de manière aussi désinvolte et légère.
  • Ces propos ne peuvent être que réprouvés, rejetés et condamnés.

ALGER, ALGERIE : Alger a rejeté mardi comme « une immixtion inacceptable dans une affaire interne algérienne » les déclarations du président français Emmanuel Macron sur l'Algérie, dans lesquelles il affirmait que ce pays « se déshonore » en maintenant en prison l'écrivain franco-algérien Boualem Sansal.

« Des propos du président français qui déshonorent, avant tout, celui qui a cru devoir les tenir de manière aussi désinvolte et légère. Ces propos ne peuvent être que réprouvés, rejetés et condamnés pour ce qu'ils sont : une immixtion éhontée et inacceptable dans une affaire interne algérienne », a indiqué le ministère algérien des Affaires étrangères dans un communiqué.

« Ce que le président français présente indûment et faussement comme une affaire de liberté d'expression n'en est pas une au regard de la loi d'un État souverain et indépendant. Elle relève essentiellement d'une mise en cause de l'intégrité territoriale du pays, un délit passible de la loi algérienne », a ajouté le ministère algérien.


Jean Marie Le Pen mort, ses idées plus que jamais ancrées dans la vie politique

Déchu en 2015 de la présidence du Front National, parti dont il a été le fondateur en 1972, et vivant en retrait de la politique, Le Pen suivait de près les évolutions politiques françaises qui ne pouvaient que lui donner des motifs de réjouissances. (AFP)
Déchu en 2015 de la présidence du Front National, parti dont il a été le fondateur en 1972, et vivant en retrait de la politique, Le Pen suivait de près les évolutions politiques françaises qui ne pouvaient que lui donner des motifs de réjouissances. (AFP)
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  • Ses frasques politiques allaient de pair avec les frasques de sa vie personnelle, ses mariages, ses séparations mais surtout l’acquisition obscure du domaine de Montretout, où il a résidé
  • Il a toujours préféré se cantonner dans le rôle du provocateur, l’empêcheur de tourner en rond, le sale gosse de la vie politique, plutôt que de réellement prendre des responsabilités politiques

PARIS: Jean Marie Le Pen patriarche et père fondateur de l’extrême droite française s’est éteint à l’âge de 96 ans, laissant derrière lui une empreinte bien nette sur la vie politique française.

Déchu en 2015 de la présidence du Front National, parti dont il a été le fondateur en 1972, et vivant en retrait de la politique, Le Pen suivait de près les évolutions politiques françaises qui ne pouvaient que lui donner des motifs de réjouissances.

Adepte du verbe cru et direct, Le Pen a cultivé tout au long de son parcours politique les saillies choquantes contre les arabes son bouc émissaire et contre les juifs ce qui lui a valu plus de 25 condamnations pour provocation à la haine raciale, et antisémitisme.

Vilipendé, chahuté, isolé politiquement et banni d’apparition dans les médias de l’époque, il a toujours préféré se cantonner dans le rôle du provocateur, l’empêcheur de tourner en rond, le sale gosse de la vie politique, plutôt que de réellement prendre des responsabilités politiques.

Ses frasques politiques allaient de paire avec les frasques de sa vie personnelle, ses mariages, ses séparations mais surtout l’acquisition obscure du domaine de Montretout, où il a résidé.

Vilipendé, chahuté, isolé politiquement et banni d’apparition dans les médias de l’époque, il a toujours préféré se cantonner dans le rôle du provocateur, l’empêcheur de tourner en rond, le sale gosse de la vie politique, plutôt que de réellement prendre des responsabilités politiques.

C’est d’ailleurs sans regret qu’il a vu la présidence de la République lui filer entre les doigts en réussissant à la surprise générale à se hisser au second tour des élections présidentielles en avril 2002.

L’essentiel pour lui résidait dans le séisme politique qu’il a provoqué en évinçant le candidat du Parti socialiste et ancien premier ministre Lionel Jospin, pour affronter au second tour de la présidentielle l’ancien président Jacques Chirac.

C’est ce séisme qui a donné naissance au fameux barrage républicain, incitant les électeurs de gauche à donner leurs voix à Chirac, candidat de la droite pour empêcher Le Pen d’accéder à la magistrature suprême.

En ce temps-là, la France était autre, plus d’un million et demi de personnes sont descendues dans la rue pour conspuer Le Pen. Chirac pour sa part avait refusé de participer face à lui au débat traditionnel entre les deux candidats au second tour de la présidentielle.

En ce temps-là, débattre avec le chef du Front National relevait d’un tabou, les idées racistes et identitaires de Le Pen étaient considérées anti-républicaines et nuisibles à la paix sociale et devaient donc rester circonscrites.

Mais même circonscrites, ces idées-là ont continué à essaimer en France, se nourrissant des problèmes économiques et sociaux et de la déception grandissante des Français à l’égard de la classe politique.

L’extrême droite est bien ancrée dans la vie politique française, elle peut même désormais peser sur les institutions et chambouler les équilibres, tel qu’on l’a vu avec la chute récente de l’ancien premier ministre Michel Barnier.

Surfant sur ces frustrations accumulées, Marine Le Pen, fille de Jean-Marie Le Pen a su au fil des ans, dépoussiérer l’image de l’extrême droite, en évinçant son père bien sûr ainsi que les autres caciques qui l’entouraient.

En édulcorant ses idées sans renoncer aux fondamentaux, en rajeunissant la direction du parti et sa base, elle est parvenue à l'installer solidement sur l’échiquier politique français.

Marine le Pen, qui a affronté l’actuel président français Emmanuel Macron à deux reprises au second tour des élections présidentielles en 2017 puis 2022, préside aujourd’hui un grand bloc parlementaire fort de 143 députés.

L’extrême droite est bien ancrée dans la vie politique française, elle peut même désormais peser sur les institutions et chambouler les équilibres, tel qu’on l’a vu avec la chute récente de l’ancien premier ministre Michel Barnier.

Tout cela ne pouvait que réjouir Le Pen père, qui l’a d’ailleurs exprimé dans une interview accordée à Arab News en français à la veille des élections présidentielles de 2022, qui voyait dans la mue opérée par sa fille un passage de relais entre générations.

Cette mue disait-il était nécessaire parce que « étant candidate à la présidentielle elle doit rassembler autant que possible, tout en restant compatible et loyale à l’esprit du message ».

En enterrant Le Pen, la France est loin d’enterrer son héritage idéologique porté à son zénith, banalisé et bien revendiqué par une large majorité de français.