Syrie: les électeurs votent aux législatives sans suspense

Une femme dépose son bulletin de vote alors que les Syriens élisent de nouveaux membres du Parlement dans un bureau de vote à Damas le 15 juillet 2024 (Fournie)
Une femme dépose son bulletin de vote alors que les Syriens élisent de nouveaux membres du Parlement dans un bureau de vote à Damas le 15 juillet 2024 (Fournie)
Short Url
Publié le Lundi 15 juillet 2024

Syrie: les électeurs votent aux législatives sans suspense

  • Les élections se déroulent dans le calme, à l'exception de la province méridionale de Soueida, fief de la minorité druze, où des rassemblements anti-élections ont eu lieu, selon une ONG et un média local.
  • Des dizaines de milliers de jeunes hommes de la région ont refusé d'effectuer leur service militaire depuis 2011, et les forces de sécurité ont une présence limitée dans cette partie du pays.

DAMAS : Les électeurs syriens des zones contrôlées par le gouvernement votent lundi aux législatives organisées pour la quatrième fois depuis le début de la guerre civile en 2011, un scrutin sans risque pour le parti au pouvoir du président Bachar al-Assad.

Les élections se déroulent dans le calme, à l'exception de la province méridionale de Soueida, fief de la minorité druze, où des rassemblements anti-élections ont eu lieu, selon une ONG et un média local.

Le parti Baas, au pouvoir depuis 1963, et ses alliés laïques de gauche et nationalistes arabes se présentent pratiquement sans opposition, les candidats indépendants étant la seule alternative. Plus de 1.500 candidates sont en lice pour 250 sièges au Parlement.

"Nous devons prendre la responsabilité d'élire de bonnes personnes et de ne pas répéter les erreurs du passé en votant pour des habitués qui ne peuvent rien changer", a déclaré Bodour Abou Ghazaleh, une employée du ministère de la Santé, après avoir voté à Damas.

Selon le système de quotas en vigueur, 127 sièges sont réservés à des ouvriers ou agriculteurs, tandis que les 123 autres sont ouverts à d'autres professions. Le Baas devrait obtenir la plupart des sièges à ce scrutin législatif qui a lieu tous les quatre ans.

La présidence a publié des images montrant M. Assad en train de voter dans la capitale.

Avec l'aide de ses principaux alliés, l'Iran et la Russie, Damas a repris le contrôle d'une grande partie de la Syrie qu'il avait perdu au début de la guerre.

Elle a fait plus d'un demi-million de morts et provoqué le plus important déplacement de population au monde, avec 13,8 millions de personnes toujours déplacées de force à l'intérieur et à l'extérieur du pays, selon le Haut-Commissariat pour les réfugiés (HCR).

La guerre s'est transformée en un conflit complexe impliquant des armées étrangères et des jihadistes.

- Manifestations dans le sud -

Dans la province de Soueida, des protestataires ont attaqué des centres de vote dans plusieurs localités, selon l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH).

Soueida est le théâtre de manifestations antirégime depuis que le gouvernement a levé les subventions sur les carburants, il y a près d'un an, portant un nouveau coup dur à une population déjà fortement éprouvée par la guerre.

"Certains manifestants ont détruit ou incendié des urnes", a indiqué l'OSDH.

Des images publiées sur les réseaux sociaux par le média local Suwayda24 montrent des dizaines de manifestants et des pancartes sur lesquelles on pouvait lire "seuls les corrompus votent pour la corruption" ou "Assez, partez".

Suwayda24 rapporte qu'une personne a été blessée par des tirs des forces de sécurité.

Des dizaines de milliers de jeunes hommes de la région ont refusé d'effectuer leur service militaire depuis 2011, et les forces de sécurité ont une présence limitée dans cette partie du pays.

- "Absurdes" -

Dans les zones contrôlées par le gouvernement, les Syriens âgés de 18 ans et plus et détenteurs d'une carte d'identité peuvent voter dans quelque 8.150 bureaux de vote.

Les Syriens vivant dans le nord-est contrôlé par les Kurdes, dans les zones tenues par les rebelles soutenus par Ankara le long de la frontière nord avec la Turquie, et dans le bastion d'Idleb (nord-ouest) contrôlé par les jihadistes, sont en fait privés de leur droit de vote.

Les candidats sont toujours en lice pour les sièges de ces régions, mais seuls les électeurs vivant dans les zones contrôlées par le gouvernement peuvent voter.

Dans la capitale, des affiches présentent les candidats pour Idleb et pour Raqa, ancien bastion des jihadistes du groupe Etat islamique (EI) aujourd'hui tenue par les Kurdes. Les bureaux de vote devraient rester ouverts jusqu'à 19H00 (16H00 GMT).

Des millions de Syriens qui ont trouvé refuge à l'étranger pendant le conflit n'ont pas non plus le droit de vote. La semaine dernière, l'opposition en exil a estimé que ces élections étaient "absurdes", affirmant que les scrutins organisés par le gouvernement "ne représentaient que l'autorité en place", en l'absence d'un règlement politique du conflit.

Les tentatives de règlement politique soutenues par les Nations unies ont échoué à plusieurs reprises, et les pourparlers engagés depuis 2019 en vue de réviser la Constitution sont également dans l'impasse.


Soudan: violents combats près de Khartoum, des centaines de familles sur les routes

Short Url
  • Mercredi, les forces paramilitaires de soutien rapide (FSR) ont attaqué la grande base de la ville de Bahri qui jouxte la capitale soudanaise au nord
  • Cette base appelée Hattab est restée aux mains de l'armée après le début de la guerre civile au Soudan en avril 2023

PORT-SOUDAN: Des centaines de familles soudanaises ont fui samedi une proche banlieue de Khartoum après une intensification des combats entre l'armée et les paramilitaires autour d'une base militaire, ont rapporté des témoins à l'AFP.

Mercredi, les forces paramilitaires de soutien rapide (FSR) ont attaqué la grande base de la ville de Bahri qui jouxte la capitale soudanaise au nord. Cette base appelée Hattab est restée aux mains de l'armée après le début de la guerre civile au Soudan en avril 2023.

"Depuis ce matin (samedi), l'armée tire à l'artillerie vers le sud de la base Hattab tandis que des avions militaires survolent" la zone, a indiqué un témoin à l'AFP.

Dans le même temps, les paramilitaires des FSR "ont attaqué des maisons au sud de (la base) de Hattab, capturant des citoyens et en abattant d'autres", a témoigné un résident, Nasr el-Din, qui a souhaité taire son nom de famille pour des raisons de sécurité.

"Depuis le matin, des centaines de familles sont parties en direction du nord, portant leurs affaires sur leurs têtes" pour fuir les combats, a-t-il ajouté, ce qu'un autre témoin, anonyme, a corroboré.

La guerre entre l'armée dirigée par le général Abdel Fattah al-Burhane, et les FSR, dirigées par son ancien adjoint Mohamed Hamdane Daglo, a fait des dizaines de milliers de morts et provoqué le déplacement de plus de 10 millions de personnes et notamment dans les pays voisins, selon l'ONU.

Vendredi, des experts de l'ONU mandatés par le Conseil des droits de l'Homme, ont réclamé le "déploiement sans délai" d'une force "indépendante et impartiale" afin de protéger les populations civiles, alors que la guerre a aussi provoqué une très grave crise humanitaire.

Selon eux, les belligérants soudanais "ont commis une série effroyable de violations des droits de l'Homme et de crimes internationaux, dont beaucoup peuvent être qualifiés de crimes contre l'humanité".

Le directeur général de l'Organisation mondiale de la Santé (OMS), Tedros Adhanom Ghebreyesus, a entamé samedi une visite de deux jours à Port-Soudan (est), siège de facto du gouvernement après que les autorités ont été chassées de Khartoum.

D'après un correspondant de l'AFP sur place, il a rencontré des responsables soudanais et devait visiter des infrastructures de santé.


Les Algériens votent pour choisir leur président, victoire escomptée de Tebboune

Les trois candidats disent tous vouloir améliorer le pouvoir d'achat et redresser l'économie, afin qu'elle soit moins dépendante des hydrocarbures (95% des recettes en devises). (AFP)
Les trois candidats disent tous vouloir améliorer le pouvoir d'achat et redresser l'économie, afin qu'elle soit moins dépendante des hydrocarbures (95% des recettes en devises). (AFP)
Short Url
  • Dans la capitale, hormis les services de sécurité autour des centres de vote, c'est l'atmosphère habituelle du week-end
  • Les télévisions diffusent des images du vote dans différentes régions, montrant dans certaines villes comme Djelfa (centre), des hommes faisant la queue dans un bureau

ALGERIE: Les Algériens ont commencé à voter samedi dans un scrutin présidentiel, qui devrait voir une réélection sans surprise d'Abdelmadjid Tebboune pour un deuxième mandat, dont le principal enjeu réside dans le taux de participation.

A l’ouverture des bureaux à 07H00 GMT, les personnes âgées, majoritairement des hommes, étaient, comme à l'accoutumée, les premières à glisser leur bulletin dans l’urne

"Je suis venu tôt exercer mon devoir et choisir le président de mon pays, en toute démocratie", déclare à l'AFP Sid Ali Mahmoudi, 70 ans, à Alger centre.

Dans la capitale, hormis les services de sécurité autour des centres de vote, c'est l'atmosphère habituelle du week-end. Le gros des électeurs, notamment les femmes et les plus jeunes, ne sont pas attendus avant l'après-midi.

Les télévisions diffusent des images du vote dans différentes régions, montrant dans certaines villes comme Djelfa (centre), des hommes faisant la queue dans un bureau.

Face au président sortant, deux candidats peu connus: Abdelaali Hassani, un ingénieur des travaux publics de 57 ans, chef du Mouvement de la société pour la paix (MSP), le principal parti islamiste, et Youcef Aouchiche, 41 ans, ancien journaliste et sénateur, à la tête du Front des forces socialistes (FFS), plus vieux parti d'opposition, ancré en Kabylie (est).

Une reconduction de M. Tebboune, 78 ans, est d'autant plus probable que quatre formations importantes soutiennent sa candidature, notamment le Front de libération nationale (FLN, ex-parti unique) et le mouvement islamiste El Bina.

Le président tient toutefois "à une participation importante. Il veut être un président normal, pas un président mal élu", souligne à l'AFP Hasni Abidi du Centre d'études Cermam à Genève.

Plus de 24 millions d'électeurs, sur 45 millions d'habitants, sont appelés à voter. Les bus publics, le métro et le tramway sont gratuits samedi afin de faciliter les déplacements.

Les résultats pourraient tomber dès samedi soir ou au plus tard dimanche.

« La deuxième économie en Afrique »

En décembre 2019, l'abstention avait battu des records (60%) lors du scrutin remporté par M. Tebboune avec 58% des suffrages, alors que les manifestations massives pour un changement du système en vigueur depuis l'indépendance (1962), battaient leur plein.

Dans une déclaration aux médias samedi, M. Hassani a appelé "le peuple algérien à voter en force" car "un taux de participation élevé donne une plus grande crédibilité à ces élections", après une campagne électorale menée en plein été et suscitant peu d'enthousiasme.

Les Algériens établis à l'étranger, 865.490 électeurs selon l'Autorité électorale Anie, votent depuis lundi. Des bureaux itinérants sillonnent les zones éloignées.

Les trois candidats disent tous vouloir améliorer le pouvoir d'achat et redresser l'économie, afin qu'elle soit moins dépendante des hydrocarbures (95% des recettes en devises).

Aidé par la manne du gaz naturel, M. Tebboune a promis de rehausser salaires et retraites, des investissements, deux millions de logements neufs et 450.000 emplois nouveaux, pour faire de l'Algérie, "la deuxième économie en Afrique", derrière l'Afrique du sud.

« Tolérance zéro »

En clôture de campagne mardi, celui que les réseaux sociaux surnomment affectueusement "aammi Tebboune" (Tonton Tebboune) s'est engagé à redonner aux jeunes -plus de la moitié des 45 millions d'habitants et un tiers des électeurs- la "place qui leur sied".

M. Tebboune affirme que son premier quinquennat a été entravé par le Covid-19 et la corruption de son prédécesseur, dont il fut pourtant ministre.

Ses rivaux promettent davantage de libertés. Le candidat du FFS s'engage à "libérer les prisonniers d'opinion via une amnistie et à réexaminer les lois injustes" sur le terrorisme ou les médias. Celui du MSP prône "le respect des libertés réduites à néant".

Selon l'expert Abidi, cinq ans après le Hirak, étouffé par les interdictions de rassemblement liées au Covid et l'arrestation de ses figures de proue, le bilan de M. Tebboune souffre "d'un déficit de démocratie" qui pourrait constituer un handicap lors d'un nouveau mandat.

L'ONG Amnesty International a accusé cette semaine le pouvoir de continuer d'"étouffer l'espace civique en maintenant une répression sévère des droits humains", avec de "nouvelles arrestations arbitraires" et "une approche de tolérance zéro à l'égard des opinions dissidentes".

Selon le Comité national pour la libération des détenus (CNLD, algérien), des dizaines de personnes liées au Hirak ou à la défense des libertés, sont encore emprisonnées ou poursuivies.


Américaine tuée en Cisjordanie: la famille accuse Israël et réclame une enquête

Le président turc Recep Tayyip Erdogan a condamné vendredi "une intervention barbare d'Israël" qui a coûté la vie selon lui à Aysenur Ezgi Eygi. (AFP)
Le président turc Recep Tayyip Erdogan a condamné vendredi "une intervention barbare d'Israël" qui a coûté la vie selon lui à Aysenur Ezgi Eygi. (AFP)
Short Url
  • Selon l'ONU, Aysenur Ezgi Eygi, 26 ans, a été tuée par des tirs des forces israéliennes alors qu'elle participait à une manifestation contre la colonisation juive à Beita
  • "Sa présence dans nos vies a été brutalement, injustement et illégalement arrachée par l'armée israélienne", a déploré la famille de la jeune femme dans un communiqué

JERUSALEM: La famille d'une militante américano-turque blessée mortellement par balle en Cisjordanie occupée lors d'une manifestation anticolonisation, a accusé samedi l'armée israélienne de l'avoir tuée et exigé une "enquête indépendante".

Selon l'ONU, Aysenur Ezgi Eygi, 26 ans, a été tuée par des tirs des forces israéliennes alors qu'elle participait à une manifestation contre la colonisation juive à Beita, près de Naplouse dans le nord de la Cisjordanie, territoire palestinien occupé par Israël depuis 1967.

"Sa présence dans nos vies a été brutalement, injustement et illégalement arrachée par l'armée israélienne", a déploré la famille de la jeune femme dans un communiqué.

"Aysenur défendait pacifiquement la justice lorsqu'elle a été tuée par une balle", a-t-elle ajouté, faisant état d'une vidéo "montrant qu'elle (la balle) provenait d'un tireur de l'armée israélienne".

"Nous demandons au président (Joe) Biden, à la vice-présidente (Kamala) Harris et au secrétaire d'Etat (Antony) Blinken d'ordonner une enquête indépendante sur le meurtre injuste d'une citoyenne américaine et de veiller à ce que les coupables répondent pleinement de leurs actes."

L'armée israélienne a indiqué vendredi que des soldats dans le secteur de Beita avaient "répondu par des tirs en direction de l'instigateur principal de violences qui avait lancé des pierres sur eux et présentait une menace". Elle a dit "examiner les informations selon lesquelles une ressortissante étrangère a été tuée du fait de coups de feu dans la zone".

Principal allié d'Israël, Washington a déploré la mort "tragique" de la jeune femme et a réclamé une enquête.

Sa famille a estimé toutefois qu'"au vu des circonstances (...)  de la mort d'Aysenur, une enquête israélienne n'est pas suffisante".

La jeune femme était membre du International Solidarity Movement (ISM), une organisation propalestinienne, et se trouvait à Beita pour participer à une manifestation hebdomadaire contre l'expansion des colonies israéliennes, selon l'ONG. Ces colonies sont illégales aux yeux du droit international.

Le président turc Recep Tayyip Erdogan a condamné vendredi "une intervention barbare d'Israël" qui a coûté la vie selon lui à Aysenur Ezgi Eygi.

Les violences ont flambé en Cisjordanie depuis le début de la guerre à Gaza, déclenchée par une attaque sans précédent du mouvement islamiste palestinien Hamas contre Israël le 7 octobre.

Plus de 660 Palestiniens ont été tués depuis en Cisjordanie par des tirs de soldats ou colons israéliens, selon des données du ministère palestinien de la Santé.

Au moins 23 Israéliens, dont des soldats, y ont péri dans des attaques palestiniennes ou des opérations militaires, selon des données officielles israéliennes.