DAMAS : Les électeurs syriens des zones contrôlées par le gouvernement votent lundi aux législatives organisées pour la quatrième fois depuis le début de la guerre civile en 2011, un scrutin sans risque pour le parti au pouvoir du président Bachar al-Assad.
Les élections se déroulent dans le calme, à l'exception de la province méridionale de Soueida, fief de la minorité druze, où des rassemblements anti-élections ont eu lieu, selon une ONG et un média local.
Le parti Baas, au pouvoir depuis 1963, et ses alliés laïques de gauche et nationalistes arabes se présentent pratiquement sans opposition, les candidats indépendants étant la seule alternative. Plus de 1.500 candidates sont en lice pour 250 sièges au Parlement.
"Nous devons prendre la responsabilité d'élire de bonnes personnes et de ne pas répéter les erreurs du passé en votant pour des habitués qui ne peuvent rien changer", a déclaré Bodour Abou Ghazaleh, une employée du ministère de la Santé, après avoir voté à Damas.
Selon le système de quotas en vigueur, 127 sièges sont réservés à des ouvriers ou agriculteurs, tandis que les 123 autres sont ouverts à d'autres professions. Le Baas devrait obtenir la plupart des sièges à ce scrutin législatif qui a lieu tous les quatre ans.
La présidence a publié des images montrant M. Assad en train de voter dans la capitale.
Avec l'aide de ses principaux alliés, l'Iran et la Russie, Damas a repris le contrôle d'une grande partie de la Syrie qu'il avait perdu au début de la guerre.
Elle a fait plus d'un demi-million de morts et provoqué le plus important déplacement de population au monde, avec 13,8 millions de personnes toujours déplacées de force à l'intérieur et à l'extérieur du pays, selon le Haut-Commissariat pour les réfugiés (HCR).
La guerre s'est transformée en un conflit complexe impliquant des armées étrangères et des jihadistes.
- Manifestations dans le sud -
Dans la province de Soueida, des protestataires ont attaqué des centres de vote dans plusieurs localités, selon l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH).
Soueida est le théâtre de manifestations antirégime depuis que le gouvernement a levé les subventions sur les carburants, il y a près d'un an, portant un nouveau coup dur à une population déjà fortement éprouvée par la guerre.
"Certains manifestants ont détruit ou incendié des urnes", a indiqué l'OSDH.
Des images publiées sur les réseaux sociaux par le média local Suwayda24 montrent des dizaines de manifestants et des pancartes sur lesquelles on pouvait lire "seuls les corrompus votent pour la corruption" ou "Assez, partez".
Suwayda24 rapporte qu'une personne a été blessée par des tirs des forces de sécurité.
Des dizaines de milliers de jeunes hommes de la région ont refusé d'effectuer leur service militaire depuis 2011, et les forces de sécurité ont une présence limitée dans cette partie du pays.
- "Absurdes" -
Dans les zones contrôlées par le gouvernement, les Syriens âgés de 18 ans et plus et détenteurs d'une carte d'identité peuvent voter dans quelque 8.150 bureaux de vote.
Les Syriens vivant dans le nord-est contrôlé par les Kurdes, dans les zones tenues par les rebelles soutenus par Ankara le long de la frontière nord avec la Turquie, et dans le bastion d'Idleb (nord-ouest) contrôlé par les jihadistes, sont en fait privés de leur droit de vote.
Les candidats sont toujours en lice pour les sièges de ces régions, mais seuls les électeurs vivant dans les zones contrôlées par le gouvernement peuvent voter.
Dans la capitale, des affiches présentent les candidats pour Idleb et pour Raqa, ancien bastion des jihadistes du groupe Etat islamique (EI) aujourd'hui tenue par les Kurdes. Les bureaux de vote devraient rester ouverts jusqu'à 19H00 (16H00 GMT).
Des millions de Syriens qui ont trouvé refuge à l'étranger pendant le conflit n'ont pas non plus le droit de vote. La semaine dernière, l'opposition en exil a estimé que ces élections étaient "absurdes", affirmant que les scrutins organisés par le gouvernement "ne représentaient que l'autorité en place", en l'absence d'un règlement politique du conflit.
Les tentatives de règlement politique soutenues par les Nations unies ont échoué à plusieurs reprises, et les pourparlers engagés depuis 2019 en vue de réviser la Constitution sont également dans l'impasse.