Le parti démocrate de Biden risque d’essuyer un échec cuisant lors des élections de mi-mandat

Le président américain, Joe Biden, prononce un discours au château royal de Varsovie, en Pologne, le 26 mars 2022, lors de la dernière étape de son voyage de quatre jours en Europe, alors que la Russie poursuit son invasion de l’Ukraine. (AP)
Le président américain, Joe Biden, prononce un discours au château royal de Varsovie, en Pologne, le 26 mars 2022, lors de la dernière étape de son voyage de quatre jours en Europe, alors que la Russie poursuit son invasion de l’Ukraine. (AP)
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Publié le Jeudi 31 mars 2022

Le parti démocrate de Biden risque d’essuyer un échec cuisant lors des élections de mi-mandat

Le parti démocrate de Biden risque d’essuyer un échec cuisant lors des élections de mi-mandat
  • Biden se veut le Ronald Reagan du XXIe siècle, en s’appuyant sur des sanctions occidentales sans précédent contre Moscou et en dotant Kiev d’armes meurtrières
  • Lors des élections de mi-mandat de 2022, nous assisterons probablement à la grande victoire du parti républicain

Plus d’un mois s’est écoulé depuis le début de l’invasion meurtrière de l'Ukraine par la Russie. Cependant, les Américains suivent toujours de près l’actualité pour être informés des moindres détails. Ils n’hésitent pas à exprimer leur admiration à l’égard du président ukrainien, Volodymyr Zelensky. Ce dernier est très fier de son peuple qui se défend ardemment contre un envahisseur féroce.
Aux États-Unis, alors que les défis sécuritaires et économiques font rage, les politiciens démocrates et républicains se préparent pour les élections de mi-mandat qui devraient se tenir en novembre. Si l’on se réfère à des précédents historiques, le parti républicain devrait réaliser suffisamment de gains pour constituer une majorité à la fois à la Chambre des représentants et au Sénat.
Lors d’une table ronde portant sur les élections de mi-mandat de 2022, et diffusée sur la chaîne de télévision américaine ABC, la correspondante du Washington Post, Mary Jordan, a déclaré que «l’histoire se répète, et donc les Républicains vont marquer beaucoup de points. Le parti du président connaît toujours une défaite lors des élections de mi-mandat. Ce n’est seulement à deux reprises, en 1934 et en 2002, que le parti du président a gagné à la fois à la Chambre des représentants et au Sénat».
Au milieu de la Grande Dépression, le parti démocrate du président Franklin D. Roosevelt a remporté neuf sièges dans les deux chambres du Congrès lors des élections de 1934. La deuxième fois que la tendance historique a été inversée, c’était lors des élections de mi-mandat de 2002, qui ont eu lieu un an après les attentats terroristes du 11-septembre. Les Républicains, sous la direction du président George W. Bush, ont remporté huit sièges à la Chambre des représentants et deux sièges au Sénat.
Autrement dit, la base de soutien du parti à la Maison Blanche est souvent fière de sa victoire à l’élection présidentielle. Par conséquent, les partisans montrent un désintérêt pour les élections de mi-mandat, alors que le parti de l’opposition est plus animé et déterminé à mobiliser ses soutiens pour voter et récupérer des sièges au Congrès.
Les élections de mi-mandat de cette année sont historiquement importantes pour plusieurs raisons. Premièrement, les États-Unis se remettent lentement de la pandémie de Covid-19, qui a coûté la vie à plus d’un million d’Américains. Deuxièmement, l’inflation et la hausse sans précédent des prix des denrées alimentaires, des biens et de l’essence suscitent de vives inquiétudes au sein du pays. Enfin, les Américains craignent de plus en plus l’invasion de l’Ukraine par la Russie et ses répercussions sécuritaires, politiques et économiques négatives sur le gouvernement et le peuple américains.

La popularité de Biden s’est effondrée après le retrait chaotique des troupes américaines d’Afghanistan l’année dernière, ce qui remet en question sa capacité à diriger le monde libre

Dalia al-Aqidi

Tous ces défis surviennent au moment où la cote de popularité de Joe Biden est en déclin. Selon un sondage de l’Associated Press-NORC Center for Public Affairs Research, le président aurait enregistré un mauvais score en janvier, au bout d’un an de mandat. La désapprobation à l’égard de sa performance a atteint 56% contre 43% de soutien.
Après des réunions avec les dirigeants du G7 et de l’Otan à Bruxelles jeudi, le président américain a mis en garde lors d’une conférence de presse contre les pénuries alimentaires mondiales. «Les pénuries alimentaires sont réelles. Ce n’est pas seulement la Russie qui paye le prix des sanctions qui lui ont été imposées. Elles affectent aussi un très grand nombre de pays, y compris en Europe et aux États-Unis», a lancé le président américain.
Il tente d’être le Ronald Reagan du XXIe siècle, en s’appuyant sur des sanctions occidentales sans précédent contre Moscou et en dotant Kiev d’armes meurtrières pour dissuader les chars russes de prendre d’assaut la capitale ukrainienne ou ses grandes villes. La Maison Blanche estime que ces mesures permettront à Biden de rétablir sa popularité, qui s’est effondrée après le retrait chaotique des troupes américaines d’Afghanistan l’année dernière. Une méfiance mondiale à l’égard de ses capacités à diriger le monde libre a vu le jour.
Lors de la conférence de presse à Bruxelles, Biden a défendu sa capacité à gérer la crise ukrainienne lorsqu’il a répondu à une question du magazine d’information allemand Der Spiegel, mettant en évidence l’importance de son expérience en politique étrangère face au président russe, Vladimir Poutine. «Je m’occupe de politique étrangère depuis plus longtemps que toutes les personnes engagées dans le processus en ce moment… je ne pense pas qu’il y ait un dirigeant européen pour qui je ne suis pas à la hauteur de cette tâche», a-t-il affirmé.
Mais une vraie question se pose: l’Ukraine sauvera-t-elle Biden et son parti démocrate? J’en doute fort. Les élections de mi-mandat auront lieu dans six mois et l’attention du peuple américain est de très courte durée, surtout lorsque les difficultés se produisent loin du sol américain.
Au final, les électeurs se font du souci pour leur emploi, leur santé et leur sécurité, surtout après plusieurs confinements à l’échelle nationale et autres restrictions liées à la pandémie de Covid-19 ces deux dernières années. Il faudra plus que l’Ukraine pour que les Démocrates tiennent le coup et puissent répondre aux attentes de leurs électeurs déçus. Lors des élections de mi-mandat de 2022, nous assisterons probablement à la grande victoire du parti républicain.


Dalia al-Aqidi est chercheure principale au Center for Security Policy. 

TWITTER: @DaliaAlAqidi
 

NDLR: L’opinion exprimée dans cette page est propre à l’auteur et ne reflète pas nécessairement celle d’Arab News en français.
 

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com