Quand les accusations d’islamophobie entravent les efforts anti-islamistes

Un hommage à David Amess, un peu plus d'une semaine après son assassinat, avant le coup d'envoi du match de football de la Premier League anglaise entre West Ham United et Tottenham Hotspur au London Stadium dans l'est de Londres le 24 octobre 2021. IAN KINGTON / AFP
Un hommage à David Amess, un peu plus d'une semaine après son assassinat, avant le coup d'envoi du match de football de la Premier League anglaise entre West Ham United et Tottenham Hotspur au London Stadium dans l'est de Londres le 24 octobre 2021. IAN KINGTON / AFP
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Publié le Jeudi 28 octobre 2021

Quand les accusations d’islamophobie entravent les efforts anti-islamistes

Quand les accusations d’islamophobie entravent les efforts anti-islamistes
  • De nos jours, lorsqu’une personne évoque l’islamisme radical et la façon dont les islamistes se sont infiltrés aux États-Unis, elle est directement accusée d’islamophobie
  • Cela met tous les musulmans américains dans une même catégorie et réussit à faire taire les voix des musulmans modérés du pays

Il y a plus d’une semaine, un député britannique a été poignardé à mort à l’intérieur de l’église méthodiste Belfairs dans l’Essex, lors d’une réunion avec des électeurs de sa circonscription.

La semaine dernière, la police métropolitaine de Londres a annoncé qu’Ali Harbi Ali, un ressortissant britannique d’origine somalienne âgé de 25 ans, est accusé du meurtre du député sir David Amess.

Les médias britanniques et mondiaux continuent de couvrir les répercussions du crime, le passé du meurtrier et ses éventuels motifs. Ils exposent les opinions des responsables et des experts de la sécurité sur la manière de combattre l’extrémisme islamiste et de faire face à de telles attaques sans crainte d’être considéré comme anti-islam ou de promouvoir l’islamophobie.

Le prédicateur islamiste radical Anjem Choudary, condamné à plus de cinq ans de prison en 2016 pour avoir prêché en faveur de Daech, attribue l’assassinat de David Amess à son soutien à l’État d’Israël. «De nombreuses personnes sont convaincues qu’Israël est un État terroriste. Comment est-ce possible de soutenir Israël en voyant le carnage que ce pays a commis contre les musulmans en Cisjordanie et dans la bande de Gaza et qu’il continue d’ailleurs de commettre en s’emparant des biens des habitants?», déclare M. Choudary au Daily Mail.

L'année la plus meurtrière pour les attaques terroristes islamistes en Angleterre a été 2017. Quarante personnes ont péri dans trois incidents distincts à Londres et à Manchester. En France, plus de trois cents personnes ont perdu la vie dans des attentats islamistes radicaux depuis 2012. À la lumière de ces atrocités récurrentes, il est logique d’analyser l’idéologie islamiste radicale et de l’empêcher de s’infiltrer dans le monde occidental sans toutefois porter atteinte aux libertés civiles, qui sont au cœur même du concept de démocratie.

Aux États-Unis, les principaux réseaux d’information font comme si l’extrémisme islamiste n’était pas présent sur le sol américain. Ils considèrent que l’Europe en général, et la Grande-Bretagne en particulier, doivent faire face à leurs propres problèmes en matière de sécurité locale.

De nos jours, lorsqu’une personne évoque le danger de l’islamisme radical et la façon dont les islamistes – en particulier les Frères musulmans – se sont infiltrés aux États-Unis, elle est directement accusée d’islamophobie, ce qui met tous les musulmans américains dans une même catégorie et réussit à faire taire les voix des musulmans modérés du pays.

«Ces insultes méprisables sont le fait de personnalités et d’organisations qui se sont imposées comme les gardiens de tous les musulmans aux États-Unis.» – Dalia al-Aqidi

Ces insultes méprisables sont le fait de personnalités et d’organisations qui se sont imposées comme les gardiens de tous les musulmans aux États-Unis, à l’image des élus progressistes Ilhan Omar et Nihad Awad, le directeur exécutif du Council on American-Islamic Relations, qui entretient des liens étroits avec le président turc, Recep Tayyip Erdogan, «parrain» des Frères musulmans.

Ilhan Omar, ainsi que sa collègue, Jan Schakowsky, ont présenté la semaine dernière un projet de loi visant à créer un bureau gouvernemental de haut niveau chargé de surveiller les citoyens américains «islamophobes» et tout discours antimusulman ou «fanatique», comme elles le qualifient.

Selon le bureau de la député, ce projet de loi exige que le département d’État nomme un envoyé spécial pour surveiller et combattre l’islamophobie, notamment la violence islamophobe soutenue par l’État et l’impunité dans les rapports annuels du département sur les droits de l’homme. On prétend que ce nouveau rôle aiderait les responsables politiques à mieux comprendre le problème mondial interconnecté du sectarisme à l’encontre des musulmans. Il permettrait également d’établir une stratégie globale pour asseoir le leadership américain dans la lutte contre l’islamophobie à travers le monde.

«Nous assistons à une montée de l’islamophobie partout dans le monde. Dans mon État natal du Minnesota, des délinquants ont tagué des messages de haine et une croix gammée nazie sur le Moorhead Fargo Islamic Center et à proximité de celui-ci. Ces types d’incidents ne sont que trop fréquents pour les musulmans aux États-Unis et dans d’autres pays. Dans le cadre de notre engagement international en faveur de la liberté religieuse et des droits de l’homme, nous devons reconnaître l’islamophobie et faire tout notre possible pour l’éradiquer. C’est pour cela que je suis fière de m’associer à l’élue Jan Schakowsky pour nommer un envoyé spécial en vue de mettre fin à ce fanatisme», explique Mme Omar.

Pour que la comédie soit parfaite, Nihad Awad s’est empressé de saluer l’introduction de la loi sur la lutte contre l’islamophobie internationale, exhortant l’administration Biden à agir rapidement et à soutenir ces efforts. «Au moment où l’islamophobie mondiale, les politiques étatiques antimusulmanes et les incidents haineux augmentent depuis deux décennies, la communauté musulmane américaine appelle à la création d’un poste d’envoyé spécial pour surveiller et combattre cette haine croissante», indique-t-il dans un communiqué.

Ce poste pourrait être le prix à payer pour la nomination d’Ilhan Omar à une fonction publique au Minnesota. Après tout, qui serait plus apte à occuper le poste que Nihad Awad lui-même? Il convient de mentionner que ni Mme Omar ni M. Awad n’ont condamné l’attentat terroriste qui a coûté la vie au député britannique.

Cependant, si un tel bureau devait être créé, je devrais, en tant qu’auteure musulmane laïque, vivre dans un nouveau pays où je pourrais continuer de combattre l’islamisme radical et réparer les dégâts causés par nos politiciens islamistes.

 Dalia al-Aqidi est chercheure principale au Center for Security Policy.

 Twitter : @DaliaAlAqidi

 NDLR: L’opinion exprimée dans cette page est propre à l’auteur et ne reflète pas nécessairement celle d’Arab News en français.

 Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com