L’incompétence de Biden a mis toutes les cartes entre les mains des Talibans

Le président Joe Biden quittant le podium après avoir parlé de l'Afghanistan depuis la salle Est de la Maison Blanche, le lundi 16 août 2021, à Washington. (AP)
Le président Joe Biden quittant le podium après avoir parlé de l'Afghanistan depuis la salle Est de la Maison Blanche, le lundi 16 août 2021, à Washington. (AP)
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Publié le Mercredi 25 août 2021

L’incompétence de Biden a mis toutes les cartes entre les mains des Talibans

L’incompétence de Biden a mis toutes les cartes entre les mains des Talibans
  • Comment quelqu'un qui est sain d’esprit peut-il faire confiance à un groupe islamiste radical?
  • Une impression dangereuse a émergé de certains médias arabes et occidentaux, ainsi que sur les réseaux sociaux, selon laquelle cette nouvelle version des talibans croirait aux droits de l’homme et à la tolérance

Chaque fois que le président américain, Joe Biden, prononce un discours pour tenter de défendre sa stratégie – ou son absence de stratégie – en Afghanistan, il s'enfonce, ainsi que son administration, plus profondément dans un gouffre dont l'Amérique mettra longtemps à sortir.

Même si Biden a décrit l'opération d'évacuation de l’Afghanistan comme «l'un des ponts aériens les plus difficiles de l'Histoire» et a déclaré qu'aucun pays au monde autre que les États-Unis ne serait capable de faire montre d’autant de puissance, il n'a pas réussi à expliquer comment et pourquoi des citoyens américains et des partenaires et amis des États-Unis sont retenus derrière les lignes ennemies.

Une lettre du département d'État américain – qui a fait l’objet d’une fuite envoyée aux citoyens américains en Afghanistan et leur demandant de se rendre à l'aéroport international Hamid Karzai indiquait clairement que le gouvernement ne pouvait pas garantir leur sécurité pendant ce déplacement.

Toutes les routes menant à l'aéroport sont contrôlées par des combattants talibans, qui ont mis en place des centaines de postes de contrôle autour de la ville pour surveiller les déplacements. C'est à eux de décider quelles sont les personnes qui passent et quelles sont celles qui sont renvoyées chez elles, même si elles présentent des documents qui prouvent leur admissibilité dans les locaux de l'aéroport.

Le sort de milliers d'Américains et de leurs partenaires et amis afghans, qui les ont aidés depuis près de vingt ans, est entre les mains de militants purs et durs.

«Les talibans nous ont informés qu'ils étaient prêts à assurer un passage sûr aux civils et nous avons l'intention de leur faire respecter cet engagement», a déclaré le conseiller à la sécurité nationale de Biden, Jake Sullivan aux journalistes, lors d'un point de presse à la Maison Blanche. Comment quelqu'un qui est sain d’esprit peut-il faire confiance à un groupe islamiste radical?

Que s'est-il passé au cours des vingt dernières années qui aurait pu conduire les talibans à tempérer leur idéologie et à changer leur approche? À part l’émergence d'une nouvelle génération anglophone qui utilise les iPhones et les plates-formes de réseaux sociaux, et sait comment manipuler l'Occident en disant ce qui semble être la bonne chose, rien n'a changé.

 

Il semble que, à chaque fois que le président prononce un discours ou fait une déclaration concernant le retrait américain chaotique et l'absence d'une stratégie de sortie d'Afghanistan, des membres de son administration se précipitent pour expliquer, justifier, et corriger soigneusement ses déclarations.

Dalia al-Aqidi

En conséquence, une impression dangereuse a émergé de certains médias arabes et occidentaux, ainsi que sur les réseaux sociaux, selon laquelle cette nouvelle version des talibans qui dirige le nouvel émirat islamique d'Afghanistan croirait aux droits de l’homme et à la tolérance. Cette description présente le groupe islamiste extrémiste comme un mouvement qui croit en la liberté, en la modération, ainsi qu’en la liberté d’expression. Aussi ne constituera-t-il pas une menace pour ses voisins ou pour l’ensemble de la communauté internationale.

La réalité sur le terrain brosse un tableau totalement différent.

Des informations en provenance de Kaboul indiquent que les combattants ont fait du porte-à-porte pour trouver les Afghans qui travaillaient avec les États-Unis, l'Otan et les sociétés étrangères privées, menaçant leurs familles d'interrogatoires, de poursuites et de sanctions si les personnes recherchées ne se livraient pas.

Non loin de l'aéroport, les militants du groupe utilisent la force pour disperser les foules de personnes désespérées qui tentent d'atteindre leur dernier espoir de sécurité, sachant que l'avenir ne réserve que misère et ténèbres sous le régime taliban.

Dans son autre réalité, le commandant en chef des forces armées américaines nie le fait que les ressortissants de son pays aient des difficultés à se rendre à l'aéroport, comme il l'a mentionné lors de son intervention de vendredi. «À notre connaissance, les points de contrôle des talibans laissent passer les personnes présentant des passeports américains», a affirmé Biden. Plusieurs médias américains connus pour leur soutien au président et à son Parti démocrate ont néanmoins rapporté divers incidents au cours desquels les talibans avaient empêché des citoyens américains de passer les postes de contrôle et parfois même confisqué leurs passeports. Lors d'un appel avec des parlementaires vendredi, le secrétaire à la défense, Lloyd Austin, a confirmé que des Américains avaient été battus par les talibans à Kaboul.

Il semble que, à chaque fois que le président prononce un discours ou fait une déclaration concernant le retrait chaotique américain et l'absence d'une stratégie de sortie d'Afghanistan, des membres de son administration se précipitent pour expliquer, justifier et corriger soigneusement ses déclarations.

Près de vingt ans après le début d'une guerre violente contre le radicalisme et le terrorisme, les talibans ont déclaré victoire contre les États-Unis et leurs alliés, tout en célébrant le fait qu'ils détiennent presque toutes les cartes contre Washington, ce qui leur permet de faire ce que bon leur semble, quand ils le souhaitent et là où ils le souhaitent.

Alors, Monsieur le président, pour le bien de votre nation, de vos forces armées, de vos alliés et de votre peuple, de grâce, arrêtez de parler.

Dalia Al-Aqidi est chercheure principale au Center for Security Policy.

Twitter : @DaliaAlAqidi

NDLR: Les opinions exprimées dans cette rubrique sont propres à leurs auteurs et ne reflètent pas nécessairement le point de vue d’Arab News.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com