Au mois d’août 1990, quelques jours après l'invasion du Koweït par Saddam Hussein – et des mois avant que la coalition dirigée par les États-Unis n'impose un retrait –, les dirigeants palestiniens ont soutenu le dictateur, ternissant gravement leur image internationale.
J'ai compris pourquoi Yasser Arafat, le président de l'Organisation de libération de la Palestine, avait soutenu Saddam. Il se sentait abandonné à l’époque, alors qu’il était à la troisième année d’une intifada qui n’a guère contribué à soulager les souffrances des Palestiniens. Saddam s'est montré solidaire de cette souffrance et de cette angoisse comme nul autre, déclarant qu'il ne se retirerait du Koweït que si Israël se retirait de la Cisjordanie et de la bande de Gaza.
Je m’étais rendu en Cisjordanie pour couvrir la première Intifada au mois de novembre 1990, avant la libération du Koweït par les Américains, et la souffrance palestinienne était profonde. C'était particulièrement difficile: aller là-bas avait suscité la colère des rédacteurs en chef du journal américain pour lequel je travaillais en tant que journaliste politique à l’hôtel de ville de Chicago. J'étais l'un des seuls journalistes palestiniens au service d’un grand quotidien américain et je pensais pouvoir présenter un angle qu'aucun autre média américain ne voudrait ou ne pourrait offrir.
À mon retour, en particulier après le début de l'opération Desert Storm («tempête du désert»), j'ai été mis au pilori par des collègues, en particulier les journalistes pro-israéliens, qui m'ont accusé de louer le fait que Saddam avait tiré des missiles contre Israël. Jusque-là, le seul pays qui envoyait des missiles contre ses voisins arabes et les enclaves civiles dans les territoires occupés était Israël. Saddam n’était pas un héros, mais j’ai compris que, lorsque les gens croient qu’ils sont au seuil de la mort, ce qu’ils ressentent pour les autres n’est pas aussi important que ce qu’ils ressentent pour eux-mêmes.
Un peu plus de trente ans plus tard, les Palestiniens se trouvent dans une situation similaire. Bien qu'ils continuent de vivre sous occupation israélienne en Cisjordanie et dans des circonstances désastreuses dans la bande de Gaza sous blocus, les Palestiniens devraient cette fois faire le bon choix et dénoncer publiquement l'Iran.
Les chefs religieux iraniens ne sont pas différents de Saddam: ils compatissent aux souffrances des Palestiniens, dénonçant Israël pour apaiser la colère, mais sans grand succès. Les mollahs iraniens et leurs mandataires alimentent l’extrémisme qui permet au Hamas de s’imposer chaque jour dans la vie des Palestiniens.
Les mollahs compatissent aux souffrances des Palestiniens, dénonçant Israël pour apaiser la colère, mais sans grand succès.
Ray Hanania
Il pourrait être tentant pour les Palestiniens de défendre l’Iran et les efforts qu’il fournit pour construire une arme nucléaire. Ils pourraient se demander pourquoi le monde se déchaîne contre l'Iran alors qu'Israël dispose d’une si grande cache d'armes nucléaires. S’il est exact que les armes nucléaires d’Israël doivent aussi être examinées par le monde, il est également vrai que cela n’a absolument rien à voir avec le programme d’armes nucléaires de l’Iran.
Quel impact une argumentation en faveur de l'Iran aurait-elle sur les Palestiniens? Si l'Iran attaque Israël, tout comme Saddam l'a fait en 1991, ces frappes auraient certainement des conséquences néfastes sur la vie des Palestiniens. Ils seraient contraints de souffrir à nouveau. Pire encore, les Palestiniens s’aligneraient sur les forces les plus extrêmes du monde d’aujourd’hui.
La lutte palestinienne contre la discrimination et la violence d’Israël est juste. Mais la violence en guise de réponse à la violence n'est pas juste et, en réalité, porte atteinte à la justice. Les Palestiniens doivent se redéfinir et montrer au monde la réalité de leur cause – qu'ils aiment la paix, qu’ils exigent et méritent leurs droits.
De nombreux dirigeants palestiniens veulent éviter de s'engager dans la lutte américaine contre l'Iran, mais c'est une erreur. Les Palestiniens doivent être aux avant-postes, dénonçant le régime iranien et toute la corruption violente qu’il représente. Comment pouvez-vous dénoncer la politique d’Israël tout en gardant le silence sur la violence et l’oppression de l’Iran?
Les Palestiniens n’ont pas besoin d’un autre Saddam pour saper l’empathie mondiale pour leurs droits. Ils doivent plutôt renforcer le soutien du monde en tenant tête au régime iranien parce que c’est la bonne chose à faire – tout comme s’opposer à la discrimination religieuse d’Israël est également la bonne chose à faire.
Plus de soixante-dix ans après la fondation d’Israël sur les cendres de l’État palestinien, les Palestiniens doivent dénoncer l’injustice, où qu’elle se produise. L'Iran est une menace pour l'ensemble du monde arabe. Avec tous les changements qui se produisent dans la région, le moment est venu d’opter pour la force plutôt que pour la faiblesse.
Les Palestiniens doivent dénoncer l’Iran et tous ses mandataires, y compris le Hamas et la dictature tyrannique de la Syrie, qui survit grâce au soutien de l’Iran.
Ray Hanania est un ancien journaliste politique et chroniqueur primé de Chicago City Hall. Il peut être joint sur son site Web personnel à www.Hanania.com. Twitter: @RayHanania
NDLR : L’opinion exprimée dans cette page est propre à l’auteur et ne reflète pas nécessairement celle d’Arab News en français.