Violations israéliennes des droits de l’homme: le pire reste à venir

Des militants de la gauche israélienne se joignent à des militants palestiniens dans les locaux de la fondation Al-Haq à Ramallah, le 27 octobre 2021, pour dénoncer la décision d’Israël de qualifier six groupes palestiniens de défense des droits de l’homme d’«organisations terroristes». (AFP)
Des militants de la gauche israélienne se joignent à des militants palestiniens dans les locaux de la fondation Al-Haq à Ramallah, le 27 octobre 2021, pour dénoncer la décision d’Israël de qualifier six groupes palestiniens de défense des droits de l’homme d’«organisations terroristes». (AFP)
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Publié le Vendredi 29 octobre 2021

Violations israéliennes des droits de l’homme: le pire reste à venir

Violations israéliennes des droits de l’homme: le pire reste à venir
  • Israël s’en prend à toutes les organisations qui dénoncent ses violations des droits humains
  • La déclaration de Benny Gantz est d’autant plus alarmante qu’elle suggère une nouvelle stratégie pour étouffer les voix des Palestiniens qui exigent d’être traités sur un pied d’égalité

La seule fois où un gouvernement traite un organisme de défense des droits humains de «groupe terroriste», c’est lorsque cet organisme met en lumière ses violations des droits humains.

La semaine dernière, le gouvernement d’apartheid israélien ne s’est pas contenté de qualifier un seul organisme de défense des droits humains de «groupe terroriste». L’État hébreu prétend que six d’entre eux sont affiliés à des organisations terroristes. Cela montre qu’Israël est très préoccupé par la manière dont ses politiques sont perçues à travers le monde.

Les six organismes en question ont l’habitude de défendre les droits humains des Palestiniens non seulement dans les territoires occupés mais aussi en Israël.

Cette odieuse attaque politique menée par Israël a été annoncée vendredi par le ministre de la Défense, Benny Gantz. Elle porte atteinte à l’essence même des droits humains – un moyen de détourner l’attention de la politique d’Israël, qui viole les droits humains des non-juifs.

Al-Haq, une organisation indépendante de défense des droits humains fondée en 1979, fait partie des organismes visés par Israël. Son mandat est de défendre la primauté du droit dans les territoires occupés soumis au contrôle militaire d’Israël.

Une autre cible est Addameer («conscience» en arabe), qui se concentre principalement sur les droits des civils arrêtés, détenus et emprisonnés pour des raisons politiques. Israël détient actuellement 4 650 Palestiniens dans ses prisons. Nombre d’entre eux ont été incarcérés sans procès ni inculpation officielle. Israël a toujours recours à l’ancien système de détention administrative – une disposition héritée du mandat britannique – qui contourne l'État de droit.

Al-Haq et Addameer documentent les abus du gouvernement israélien mais aussi ceux de l’Autorité palestinienne, qui coordonne souvent les raids de «sécurité» et les détentions par la police secrète israélienne du Shin Bet.

Cette directive de Benny Gantz permet à Israël de fermer les bureaux des six organismes, de saisir leurs biens et d’arrêter les membres du personnel, afin de les mettre en prison sans procès ni procédure officielle.

Amnesty International et Human Rights Watch, principaux organismes mondiaux de défense des droits de l’homme, ont condamné la déclaration. Israël avait également attaqué ces deux organisations dans le passé. En réalité, Israël s’en prend à toutes les organisations qui dénoncent ses violations des droits humains.

Avec cette accusation de terrorisme, le combat entre le gouvernement israélien et ceux qui condamnent ses violations des droits de l’homme prend une nouvelle dimension.

Ray Hanania

Le porte-parole du département d’État américain, Ned Price, a déclaré aux journalistes que le département n’était pas au courant de la décision d’Israël avant qu’elle ne soit annoncée. Il a également refusé de critiquer directement cette décision, en indiquant: «Nous pensons que le respect des droits de l’homme, les libertés fondamentales et une société civile forte sont d’une importance cruciale pour une gouvernance responsable et réactive.»

Le porte-parole et le département d’État n’ont pas condamné la déclaration d’Israël. Par ailleurs, le président américain, Joe Biden, n’a fait aucun commentaire sur cette politique, qui assimile la défense des droits de l'homme à du terrorisme.

Certes, le problème ne concerne pas les droits de l’homme, Israël n’ayant jamais remédié à ses violations des droits de l’homme, utilisant ses relations publiques pour détourner l’attention de la communauté internationale et accusant plutôt ses détracteurs d’antisémitisme. Avec cette accusation de terrorisme, le combat entre le gouvernement israélien et ceux qui condamnent ses violations des droits de l’homme prend une nouvelle dimension.

Israël estime évidemment être en position de force pour étouffer la cause palestinienne et intensifier son militantisme, en vue de faire taire les critiques qui exposent ses politiques d’apartheid au grand jour.

La déclaration de Benny Gantz est d’autant plus alarmante qu’elle suggère une nouvelle stratégie pour étouffer les voix des Palestiniens qui exigent d’être traités sur un pied d’égalité, non seulement à l’intérieur d’Israël, mais aussi en Cisjordanie, où Israël continue de confisquer les terres palestiniennes et de construire illégalement des colonies réservées aux juifs.

La stratégie consiste peut-être à en faire tellement que le monde, déjà réticent à faire face à Israël, soit submergé par le nombre de controverses. Les grands médias couvrent à peine les abus quotidiens d’Israël envers les Palestiniens et l’intensification des violations pourrait en réalité permettre de minimiser plus facilement les critiques.

En fin de compte, cette déclaration signifie que le pire est encore à venir, d’autant plus qu’Israël se rend compte que ses actions n’ont pas de réelles conséquences.

Ray Hanania est un ancien journaliste politique et chroniqueur primé de la mairie de Chicago. Il peut être contacté sur son site Web personnel à l’adresse www.Hanania.com.

Twitter: @RayHanania

NDLR: L’opinion exprimée dans cette page est propre à l’auteur et ne reflète pas nécessairement celle d’Arab News en français.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.