L'un des moments forts de chaque année est de me rendre chez moi dans la campagne anglaise, et dans divers autres pays européens. Au cours de mes voyages, j'ai toujours refait le plein d’énergie, prêt à relever tous les défis que me lance la vie. Mais cette année sera différente.
En vérité, je suis profondément inquiet de la pente glissante sur laquelle se trouve l’Europe, le Royaume-Uni et les États-Unis. De nombreux Européens que j'ai rencontrés récemment avaient peur de ce que le lendemain pourrait leur réserver ou étaient en colère en raison des restrictions qui leur avaient été imposées, alors qu’elles avaient jusqu’ici donné peu de résultats.
Les reportages sur les chaînes télévisées britanniques, européennes et américaines sèment souvent l’effroi dans le cœur des téléspectateurs, en envoyant une série de messages contradictoires. Aujourd'hui, malgré le début de vastes campagnes de vaccination dans plusieurs pays, ces chaînes de télévision continuent de semer la panique en raison de l'apparition de nouveaux variants.
Les gens sont fatigués de la fermeture de leurs frontières terrestres, de leurs aéroports et de leurs ports, qui perturbe leurs voyages d’affaires ou de tourisme. Les compagnies aériennes ont licencié des dizaines de milliers d'employés, et plusieurs d'entre elles vont sûrement disparaître. L'industrie hôtelière se trouve également dans une situation désespérée.
Notre monde est un village planétaire interconnecté. Transformer les pays en forteresses mènera à la ruine. L'ouverture des frontières sauvera les économies de l'effondrement causé par le chômage de masse et facilitera les affaires et le commerce. Seules exigences : que les voyageurs respectent les règles de sécurité et qu’ils puissent montrer une preuve récente de non-contamination, ce qui n’a rien d’insurmontable.
Aujourd'hui, malgré le début de vastes campagnes de vaccination dans plusieurs pays, ces chaînes de télévision continuent de semer la panique en raison de l'apparition de nouveaux variants.
Les gens en ont aussi assez des mises en quarantaine forcées, comme celles qui sont actuellement imposées aux Britanniques qui rentrent chez eux, avec un préavis d’à peine quelques jours. Les vacanciers paniqués ont dû se lancer dans une course de dernière minute pour rentrer chez eux avant la date limite du confinement. Les Européens peuvent voyager dans de nombreux pays sans devoir s'isoler à leur retour, mais comme les conseils officiels aux voyageurs changent presque tous les jours et que les annulations de vols sont fréquentes, ils hésitent à réserver des vols et des hôtels. Il est temps que les gouvernements se mobilisent et sortent le secteur des voyages des soins intensifs.
Aussi effroyable que soit la Covid-19, les confinements continus – dans des pays comme le Royaume-Uni et d'autres États européens qui ont réagi tardivement à la menace, permettant au virus de s’étendre – sont tout aussi préjudiciables. L'Organisation mondiale de la santé (OMS) estime que ce fléau nous accompagnera pendant au moins deux années supplémentaires, alors que de nombreux pays ont du mal à gérer la deuxième vague.
Nous ne pouvons qu'imaginer l'effet catastrophique qu'aura la fermeture de l'économie, séparant les gens de leur famille, de leurs amis et de leurs mécanismes de soutien. Les effets seront particulièrement dommageables pour les jeunes dont l'instruction a été interrompue. Leurs relations sociales ont été réduites au strict minimum et les activités sportives dont ils ont besoin interrompues aussi.
La dépression, l'anxiété, la toxicomanie et les suicides augmentent. Le Bureau britannique des statistiques nationales a signalé l'année dernière qu'une personne sur cinq était considérée comme étant au bord de la dépression, soit deux fois plus que douze mois plus tôt. La société de gestion d’expérience Qualtrics s’en est fait l’écho en constatant que 44,4% des nouveaux travailleurs à distance interrogés en Australie, en France, en Allemagne, en Nouvelle-Zélande, à Singapour, au Royaume-Uni et aux États-Unis ont déclaré que leur santé mentale a décliné depuis le déclenchement de la pandémie.
Nous devons tous respecter les précautions d’usage, et ceux qui choisissent égoïstement de les ignorer devraient encourir de sévères sanctions. Plusieurs pays de ma région du monde, même parmi les plus pauvres, ont réussi à concilier les exigences en matière de santé et les réalités économiques.
Une fois que les fonds consacrés aux plans de relance pour soutenir les petites entreprises et les chômeurs se tariront, plusieurs centaines de millions de personnes pourraient se retrouver au chômage et potentiellement sans aucune source de revenus. Sur le plan mondial, quelque 2,5 milliards de personnes seront confrontées au chômage, si les économies continuent d’être délibérément asphyxiées.
Lorsqu’il n’y a plus rien à manger, des personnes désespérées se tournent vers le vol, les enlèvements, le trafic de femmes et d'enfants, ou le commerce d'organes humains pour survivre. La mauvaise gestion et la politisation de ce fléau causeront plus de détresse que la maladie elle-même. J'appelle cela rien de moins qu’une mort à petit feu.
Selon la Food Standard Agency («Agence des normes alimentaires ») britannique, des millions de personnes souffrent de la faim ou dépendent des banques alimentaires pour subsister à leurs besoins. Un constat surréaliste dans une nation qui se vante de son statut de cinquième plus grande économie du monde. Les banques alimentaires du pays le plus riche du monde, les États-Unis, sont confrontées à des files d'attente sans précédent et finiront par recourir au rationnement. Pire encore, les personnes qui ont faim se retrouvent également à la rue.
Des manifestations ont eu lieu dans de nombreux pays du monde contre les restrictions et les confinements liés au coronavirus, notamment en France, en Hongrie, en Italie, en Irlande, en Pologne et en Russie. La patience des citoyens est à bout. Les gouvernements britannique et américain ont interdit temporairement les expulsions, mais les locataires craignent qu'une fois ces interdictions levées, ils ne soient plus en mesure de payer leurs arriérés et se retrouvent à la rue. Les parents de jeunes enfants disent ressentir de la peur.
Avec un bilan dépassant les 105 000 morts et 3,8 millions de contaminations, causées sans doute par le pire virus que l'humanité ait jamais connu, le gouvernement britannique n’a pas de quoi être fier. Des confinements déroutants et timorés imposés tard dans la journée, et des règles de distanciation sociale rarement mises en pratique ont non seulement permis au virus de se propager exponentiellement, mais aussi d’anéantir l'économie.
Il n'y a certes aucun pays qui ait réussi à échapper au virus, mais il semble que les citoyens des pays développés souffrent plus que les autres, peut-être parce qu’un grand nombre de ceux qui vivent dans les démocraties occidentales refusent de se conformer à des règles de distanciation sociale raisonnables, tout en protestant contre le port du masque, le considérant comme une atteinte à leur liberté personnelle.
Nous devons tous respecter les précautions d’usage, et ceux qui choisissent égoïstement de les ignorer devraient encourir de sévères sanctions. Plusieurs pays de ma région du monde, même parmi les plus pauvres, ont réussi à concilier les exigences en matière de santé et les réalités économiques. La coopération entre les gouvernements et les citoyens est essentielle pour un bon fonctionnement des économies.
Selon l'OMS, il faut pour le moment apprendre à vivre avec le virus, ce qui signifie s'adapter aux circonstances, ne pas s'enfermer dans la morosité, en se demandant de quoi sera fait le lendemain. Il nous appartient à tous de tenir compte de la science et de faire notre possible pour rester en bonne santé.
Si les nations les plus développés au monde poursuivent leurs politiques néfastes, les résultats produiront des séquelles aussi graves que celles de la Seconde Guerre mondiale. À ce rythme, dans six mois, certains de ces pays développés lutteront pour éviter la faillite, sans parler de l’agitation sociale généralisée. Ils doivent élaborer un plan bien défini et être déterminés à le faire respecter.
Si la Chine, qui a été le point de départ de la Covid-19 et dont la population compte plus de 1,4 milliard d'habitants, a été en mesure de lutter contre le virus et de maintenir la stabilité de son économie, bien qu’elle soit la nation la plus peuplée de la Terre, alors pourquoi les démocraties occidentales sont-elles à la traîne? C'est une question qui occupera sûrement l'esprit des historiens et des spécialistes des sciences sociales pour les années à venir.
Khalaf Ahmad al-Habtoor est un homme d'affaires et une personnalité publique éminente des Émirats arabes unis. Il est réputé pour ses opinions sur les affaires politiques internationales, ses activités philanthropiques et ses efforts pour promouvoir la paix. Il a longtemps agi en tant qu'ambassadeur officieux de son pays à l'étranger.
NDLR : Les opinions exprimées dans cette rubrique pleurs auteurs sont personnelles, et ne reflètent pas nécessairement le point de vue d’Arab news.
Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com