La prudence est indispensable à l’heure où un conflit mondial menace notre région

En suivant l’actualité ces derniers temps, on pourrait avoir l’impression de regarder un film d’action en raison de toutes les catastrophes et calamités récurrentes. Récemment, plusieurs pays ont été plongés dans le chaos, victimes de guerres, de différends internes et de conflits externes. Ce n’est pas le fruit du hasard, car la situation se dégrade à un rythme infernal.

Les conflits et les tensions sont la nouvelle norme à travers le monde; aucun continent n’est épargné. Ils font rage au cœur de l’Europe, notamment à travers la guerre russo-ukrainienne et les manifestations dans les rues françaises. En Asie, plusieurs pays, comme la Syrie, le Liban, l’Irak, l’Iran, la Palestine et Israël, sont témoins de conflits internes et d’instabilité, tandis que d’autres pays, dont l’Arménie, l’Azerbaïdjan, la Corée du Nord, la Corée du Sud, la Chine et Taïwan, sont au bord de la guerre. Sans parler des guerres civiles au Soudan et dans d’autres pays africains; même les États-Unis – le pays le plus puissant du monde – sont menacés par l’insécurité.

Ces pays représentent le point culminant du conflit mondial qui risque de s’étendre à d’autres pays et régions dans le cadre de la lutte pour l’influence internationale. La guerre entre la Russie et l’Ukraine est presque une guerre mondiale par procuration entre deux camps. Tous les types d’armes ont été utilisés jusqu’à présent, à l’exception des armes biologiques et nucléaires.

Au cours des deux Guerres mondiales, les conflits entre différents camps ont conduit à l’émergence de puissances influentes qui ont créé une nouvelle réalité basée sur la répression des autres et le contrôle des pays faibles à tous les niveaux. Nous assistons aujourd’hui à une nouvelle ère de conflits internationaux, presque similaire aux conditions qui ont conduit aux Guerres mondiales et avec des objectifs comparables, même si les moyens diffèrent.

Les conflits en cours utilisent des méthodes innovantes qui dissimulent leurs véritables intentions au moyen de la tromperie. Les armes utilisées ne sont pas seulement militaires, elles comprennent également l’instigation de conflits et de foyers de tensions ethniques, sectaires, tribales, idéologiques et civiles. Les tactiques économiques conduisent à l’appauvrissement et à la famine des populations, les poussant à émigrer, ce qui peut aboutir à la mise en œuvre de projets contestables rendus possibles par le chaos d’une immigration imprévisible.

Ces guerres ont des conséquences désastreuses dans le monde entier, en particulier dans les pays européens dont les ressources logistiques, militaires et économiques s’épuisent, ce qui conduit à leur affaiblissement et met gravement en danger leur existence et celle de leurs citoyens. Les guerres pèsent également lourd sur l’économie mondiale et elles peuvent entraîner des crises alimentaires qui touchent l’ensemble de la planète.

À la lumière du conflit russo-ukrainien et de la confrontation en Afrique, on peut facilement conclure qu’il existe un lien entre les guerres menées par les grandes puissances. Les conflits se propagent à travers les continents et les États se disputent le contrôle. Les rôles changent à mesure que de nouveaux pouvoirs émergent tandis que d’autres sont éclipsés. Dans le même temps, les populations de ces pays africains sont intentionnellement poussées vers l’Europe dans une vague massive d’immigration légale et illégale.

Selon moi, le flux de centaines de milliers de réfugiés fuyant les guerres constitue une menace imminente. À titre d’exemple, en raison de l’immigration systématique en provenance de pays instables vers l’Europe, le Vieux continent croule sous le fardeau des réfugiés – leur présence y faisant des ravages. Les États ne sont pas en mesure de les expulser, par crainte de la réaction des organisations de défense des droits de l’homme et d’autres organismes internationaux.

Le chaos est entretenu pour atteindre des objectifs malveillants. C’est le cas en Libye, en Syrie, en Irak, au Yémen, en Israël et en Iran, où règne l’instabilité. Quant au Liban, qui souffre d’insécurité et d’instabilité économique, le flux de réfugiés syriens est devenu incontrôlable, représentant une menace existentielle sans précédent pour le pays. Les grandes puissances ont également leur part de chaos et d’instabilité; les manifestations en France en témoignent.

Face à ce chaos mondial et à ces conflits anciens et nouveaux, il est de mon devoir, en tant que citoyen du Conseil de coopération du Golfe (CCG), de tirer la sonnette d’alarme et de mettre en garde contre le chaos et les conflits qui s’étendent à nos pays. Que prévoyons-nous de faire? Allons-nous rester les bras croisés sans prendre de mesures préventives ou défensives?

La complaisance n’est pas une option. Nous devons être prudents et en état d’alerte pour protéger nos terres et notre existence. À un certain moment, les guerres risquent de déborder en raison de conflits entre États qui se disputent le pouvoir mondial. Cela conduirait à une nouvelle Guerre mondiale.

Au milieu de tous ces conflits, les pays du CCG pourraient être confrontés à des défis sécuritaires, militaires, humanitaires et même économiques. Sommes-nous prêts à faire face à ces risques s’ils se produisent?

La prévention est le meilleur remède. Je ne veux pas semer la peur; je vous exhorte simplement à prendre les mesures nécessaires pour limiter les dégâts et les conséquences de toute catastrophe qui pourrait survenir dans le monde. Nous devons compter sur nous-mêmes pour relever tous les défis, sans attendre l’aide de l’Orient ou de l’Occident. Dieu vient en aide à ceux qui s’aident eux-mêmes. De plus, ces pays sont vulnérables et ils ne se soucieront que de leur propre salut.

«Nous assistons aujourd’hui à une nouvelle ère de conflits internationaux, presque similaire aux conditions qui ont conduit aux Guerres mondiales.» - Khalaf Ahmad al-Habtoor

Dans cette tribune, mon objectif est de mettre en lumière les évolutions inquiétantes qui menacent notre région et qui pourraient nous entraîner dans un cercle vicieux de conflits et d’affrontements, engloutissant pays et continents et ouvrant la voie à une nouvelle ère de conflits et de partage du pouvoir.

C’est pourquoi j’appelle les pays du CCG à établir une cellule de crise consolidée pour suivre de près les développements et mettre en place des plans pour défendre notre existence, notre sécurité et notre stabilité. Je crains que le conflit et le chaos n’atteignent le Golfe arabe, qui serait confronté au plus grand risque d’immigration aléatoire et illégale.

Au fil des ans, j’ai mis en garde dans mes articles – qui ont ensuite été publiés dans mon livre Is Anybody Listening? – contre des événements qui se sont réellement produits. Aujourd’hui, j’essaie d’anticiper les événements en toute transparence et réalisme. Il faudrait que nous œuvrions à nous protéger nous-mêmes et nos sociétés en leur fournissant tous les moyens de défense et de prévention, afin qu’elles soient prêtes à faire face à toute urgence et à contrecarrer toutes les parties qui tentent de mettre en œuvre des programmes préjudiciables à notre région arabe. Nous ne tolérerons aucune atteinte à nos terres.

Khalaf Ahmad al-Habtoor est un homme d’affaires et une personnalité publique éminente des EAU. Il est réputé pour ses opinions sur les affaires politiques internationales, ses activités philanthropiques et ses efforts pour promouvoir la paix. Il a longtemps agi en tant qu’ambassadeur officieux de son pays à l’étranger.

NDLR: L’opinion exprimée dans cette page est propre à l’auteur et ne reflète pas nécessairement celle d’Arab News en français.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com