Israël est célébré pour avoir administré plus de vaccins contre le coronavirus à l’origine de la Covid-19 par tête que tous les autres pays, dépassant les Émirats arabes unis, le Royaume-Uni, Bahreïn et même les États-Unis. Près de 20% de la population a été inoculée jusqu’à présent.
Mais cette vision des choses est partielle. Israël est également le pays qui n’administre pas le vaccin aux plus de 4,5 millions de Palestiniens qui vivent sous son occupation militaire en Cisjordanie et dans la bande de Gaza, soumise à un blocus. Les citoyens israéliens sont vaccinés, mais les Palestiniens sous son contrôle ne le sont pas. Tel Aviv procède aussi à la vaccination des colons israéliens qui résident sur les terres palestiniennes illégalement confisquées en Cisjordanie. Beaucoup se sont opposés à cette ségrégation, comme l’ONU qui a publié un communiqué appelant le gouvernement à assurer un accès rapide et équitable aux vaccins anti-Covid, conformément à ses responsabilités en vertu du droit international.
La question a d’ailleurs été soulevée au Capitole américain, où le président Joe Biden et les membres du Congrès américain s’accordent pour soutenir le droit d’Israël à exister en tant qu’État. Mais ils sont nettement moins passionnés par les droits de ces chrétiens et musulmans qui vivent sous l’occupation israélienne violente et répressive. En effet, la plupart des politiciens et des médias traditionnels américains minimisent le fait, peu flatteur, qu’Israël exclut les Palestiniens de son programme de vaccination.
Si Biden s’est engagé à respecter les droits des Américains arabes et musulmans et a approuvé la solution à deux États comme base d’un accord de paix final, il n’a pas dit grand chose sur les pratiques de Tel Aviv. Il est encore tôt, bien sûr, et il existe beaucoup d’autres priorités, telles que la révocation du décret «antimusulman» de l’administration précédente, qui interdisait à plusieurs des 50 pays à majorité musulmane de voyager aux États-Unis.
Le chef de la majorité démocrate au Sénat, Chuck Schumer, n’a pas abordé la question non plus, puisqu’il est plutôt occupé à faire progresser les accusations contre Trump. En vérité, le sénateur n’a jamais été très sympathisant des droits des Palestiniens chrétiens et musulmans vivant sous l’occupation israélienne, et traditionnellement, il a quasiment toujours soutenu fermement toutes les initiatives israéliennes.
Toutefois, certaines voix démocrates défendent et se battent pour les Palestiniens, et exhortent Israël à inoculer des vaccins aux habitants de Cisjordanie et dans la bande de Gaza.
Des membres courageux du Congrès ont bravement dénoncé les politiques discriminatoires d’Israël, comme la représentante Marie Newman.
Ray Hanania
L’élue vient tout juste de commencer son premier mandat en tant que représentante pour le 3e district congressionnel de l’Illinois, qui compte la plus grande concentration de résidents palestiniens du pays, d’après une analyse du New York Times sur les données du recensement américain. Mme Newman a écrit sur Twitter que «l’administration Netanyahu a l’obligation morale et humanitaire de veiller à ce que les Israéliens et les Palestiniens aient accès aux vaccins». Et d’ajouter : «Que nous parlions de nos propres communautés, des États-Unis, ou des pays du monde entier, nous devons faire tout ce qui est en notre pouvoir pour s’assurer que les vaccins soient distribués rapidement et équitablement». D’autres députés démocrates se sont également exprimés à ce sujet, tels que Jamaal Bowman, membre nouvellement élu du Congrès de New York, Joaquin Castro, représentant principal de la Chambre des représentants, ainsi que le sénateur Tim Kaine, ancien candidat à la vice-présidence.
L’hypocrisie d’Israël, applaudi comme leader mondial de la vaccination nationale, mais qui ignore les civils sous son joug, sur un territoire qu’il revendique, est odieuse mais loin d’être surprenante. Israël est le champion inégalé quand il s’agit de camoufler ses violations des droits de l’homme et de les proclamer « comme politiques et antiterroristes ». Il dépense des centaines de millions de dollars chaque année en relations publiques aux États-Unis, invite et accueille des centaines de membres du Congrès pour des tournées politiquement subjectives dans le pays, et ses partisans écrivent à de nombreuses grandes publications étrangères, offrant une version filtrée de la réalité, alors qu’il impose des restrictions aux journalistes qui critiquent Israël.
Si les États-Unis et le reste du monde cherchent un modèle à suivre dans la distribution des vaccins anti-Covid, ils ne doivent pas suivre l’exemple de Tel Aviv. Quand il s’agit des droits des citoyens et de l’homme en général, Israël peine à suivre le monde.
Ray Hanania est un éditorialiste et ancien journaliste politique primé auprès de l’hôtel de ville de Chicago. Il peut être joint sur son site Web personnel à l’adresse www.Hanania.com. Twitter :@RayHanania
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Ce texte est la traduction d’un article paru sur arabnews.com