Le Forum d’investissement saoudo-indien s’appuie sur l’incidence commerciale du sommet du G20

Le prince héritier d’Arabie saoudite, Mohammed ben Salmane, serre la main du Premier ministre indien, Narendra Modi (Photo, AP).
Le prince héritier d’Arabie saoudite, Mohammed ben Salmane, serre la main du Premier ministre indien, Narendra Modi (Photo, AP).
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Publié le Vendredi 15 septembre 2023

Le Forum d’investissement saoudo-indien s’appuie sur l’incidence commerciale du sommet du G20

Le Forum d’investissement saoudo-indien s’appuie sur l’incidence commerciale du sommet du G20
  • L’Inde est le deuxième partenaire commercial de l’Arabie saoudite, tandis que le Royaume est le quatrième partenaire commercial de l’Inde
  • Le commerce bilatéral a atteint un niveau record de 52,75 milliards de dollars en 2022-2023

La déclaration commune du G20 aurait fait l’objet de critiques ce week-end, notamment de la part de l’Ukraine et d’ONG environnementales, mais le sommet a dépassé de nombreuses attentes et a permis de tirer des enseignements commerciaux clés.

Cela inclut la nouvelle initiative si attrayante de corridor économique Inde-Moyen-Orient-Europe, au sein de laquelle l’Arabie saoudite et l’Inde jouent un rôle clé. Il y a eu également l’intégration historique des cinquante-cinq marchés émergents de l’Union africaine au sein du G20.

De plus, l’incidence sur les entreprises s’est poursuivie après le sommet, notamment avec le Forum d’investissement saoudo-indien de lundi. Le Royaume est devenu un partenaire clé de l’Inde, en particulier dans le secteur de l’énergie. Riyad est désormais le troisième fournisseur de pétrole brut et de produits pétroliers de l’Inde.

En octobre 2019, les deux pays ont par ailleurs créé un Conseil de partenariat stratégique. Cet organisme repose sur deux piliers: un comité sur l’économie et les investissements dirigé par le ministre indien du Commerce et le ministre saoudien de l’Énergie, ainsi qu’un comité politique, sécuritaire, social et culturel dirigé par les ministres des Affaires étrangères des deux pays.

L’Inde est le deuxième partenaire commercial de l’Arabie saoudite, tandis que le Royaume est le quatrième partenaire commercial de l’Inde. Le commerce bilatéral a atteint un niveau record de 52,75 milliards de dollars (1 dollar = 0,93 euro) en 2022-2023.

Lors du forum d’investissement de lundi, les deux pays ont signé un accord de partenariat énergétique global à un moment où l’Inde – le troisième importateur mondial de pétrole – cherche à devenir un exportateur net d’énergie renouvelable.

L’Inde prévoit de fabriquer 5 millions de tonnes d’hydrogène vert par an, ainsi que 125 gigawatts (GW) supplémentaires de capacité d’énergie renouvelable d’ici à 2030. L’Inde envisage également de disposer de 500 GW de capacité d’énergie renouvelable d’ici à la fin de la décennie.

Le Forum d’investissement saoudo-indien s’est appuyé sur l’incidence commerciale du sommet du G20 du week-end. À l’approche de cet événement, des spéculations circulaient selon lesquelles il ne serait pas possible de conclure un accord à la fin du sommet. Pourtant, cela s’est avéré non seulement réalisable, mais aussi rapide, au cours du premier jour de l'événement, ce qui a reflété, en partie, les préparatifs importants de New Delhi.

Le négociateur en chef indien Amitabh Kant a déclaré que la finalisation du projet de déclaration constituait la partie la plus complexe de l’ensemble du sommet du G20. Il affirme qu’il a fallu plus de deux cents heures de négociations, trois cents réunions bilatérales et quinze projets pour parvenir à un consensus sur les seuls paragraphes relatifs à la Russie et à l’Ukraine.

Inévitablement, cela impliquait des compromis et, même si l’événement indien a largement répondu aux attentes, généralement faibles, d’avant le sommet, il pourrait ne pas s’avérer aussi important que certains autres sommets du G20.

«Lors du forum d’investissement de lundi, les deux pays ont signé un accord de partenariat énergétique global à un moment où l’Inde – le troisième importateur mondial de pétrole – cherche à devenir un exportateur net d’énergie renouvelable.»

Andrew Hammond

L’événement le plus marquant est celui de Londres, en 2009 – au plus fort de la crise financière internationale –, où un plan de relance d’environ 1 000 milliards de dollars, destiné à soutenir l’économie mondiale, a vu le jour. Après cet événement, Nicolas Sarkozy, alors président de la France, a déclaré avec force que «le G20 donne un avant-goût de la gouvernance planétaire du XXIe siècle».

Cependant, le sommet indien était marqué par un certain nombre d’annonces potentiellement importantes liées aux affaires, et c’est par cet aspect qu’il pourrait encore se distinguer. Il s’agit notamment de la désignation de l’Union africaine, riche en marchés émergents, comme membre permanent du G20.

L’Afrique a joué un rôle clé dans les discussions lors de l’événement. L’Union européenne et les États-Unis ont annoncé plus de détails sur le nouveau corridor de Lobito, qui vise à relier les ports de l’Angola à la Zambie et à la République démocratique du Congo. Ces derniers abritent d’importants gisements de minéraux clés et de métaux comme le cobalt, le lithium et le cuivre.

Cela s’appuie sur un précédent accord du G7 qui vise à mobiliser collectivement 600 milliards de dollars sur cinq ans pour réduire le «déficit d’investissement en faveur d’infrastructures durables, inclusives, résilientes au climat et de qualité dans les marchés émergents et les pays en développement».

L’annonce la plus attrayante est sans doute celle d’un réseau de transport différent et plus vaste: le projet de corridor économique Inde-Moyen-Orient-Europe. La présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, a déclaré: «C’est une démarche historique, c’est le moins que l’on puisse dire. Il s’agira de la connexion la plus directe à ce jour entre l’Inde, les pays du Golfe et l’Europe. C’est un pont vert et numérique entre les continents et les civilisations.»

Les principaux pays d’Asie, du Moyen-Orient et d’Europe qui ont signé, ainsi que les États-Unis, vont maintenant élaborer un plan d’action. L’initiative propose de traverser la mer d’Oman de l’Inde vers les Émirats arabes unis, puis vers l’Arabie saoudite, la Jordanie et Israël avant de rejoindre l’Europe.

Un autre point important à retenir est l’engagement du G20 à «poursuivre et encourager les efforts qui visent à tripler la capacité des énergies renouvelables à l’échelle mondiale». À première vue, il s’agit d’une évolution positive. Cependant, les ONG environnementales ont critiqué le fait que la déclaration du G20 ne contient aucune date limite pour l’élimination progressive des combustibles fossiles.

Dans un domaine connexe, une nouvelle «alliance sur les biocarburants» a été annoncée par le Brésil, l’Inde et les États-Unis. Le Premier ministre indien, Narendra Modi, a déclaré qu'il souhaiterait que tous les pays du G20 rejoignent ce club, qui vise à intensifier les efforts pour atteindre l’objectif zéro émission nette en accélérant le commerce des biocarburants.

Pour ce qui est de l’Ukraine, les dirigeants du monde sont convenus de rejeter la guerre, compte tenu des opinions polarisées entre la Russie et ses partisans et les alliés occidentaux de l’Ukraine – la déclaration étant critiquée par Kiev. Du côté positif, un engagement a été pris: reprendre les exportations de céréales ukrainiennes via la mer Noire, mais il est difficile de savoir si cette initiative aura bien lieu et quand elle se produira.

Dans ce contexte difficile, l’Inde se réjouira des résultats globaux du week-end. Cependant, le défi plus vaste est que le G20 – dont on a considéré après le sommet de 2009 qu’il avait pris le relais du G7 en tant que premier forum pour la coopération internationale et la gouvernance mondiale – continue de ne pas réaliser pleinement l’ampleur des ambitions qui lui incombent dans un contexte de divisions géopolitiques mondiales croissantes. 

Andrew Hammond est chercheur associé au LSE Ideas à la London School of Economics.


NDLR: L’opinion exprimée dans cette page est propre à l’auteur et ne reflète pas nécessairement celle d’Arab News en français.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com