Les frasques de Trump offrent un second mandat à Biden

Donald Trump, l'ancien président américain, semble déterminé à susciter la controverse dans sa campagne électorale de 2024, tant au niveau national qu'international, ce qui fait craindre des actes de violence de la part de ses partisans.

En mars, M. Trump a déclaré sur son propre réseau social, Truth, qu'il craignait être arrêté le 21 mars dans le cadre de l'affaire des pots-de-vin qu'il aurait versés à l'actrice pornographique Stormy Daniels. Il a appelé ses partisans à passer à l'action, à «protester et à reprendre le pays en main», ce qui rappelle les images de ses sympathisants prenant d'assaut le Capitole le 6 janvier 2021 pour tenter d'empêcher la certification des résultats de l'élection de 2020 et de priver Joe Biden de son droit constitutionnel.

«NOUS NE POUVONS PLUS TOLÉRER CELA. ILS SONT EN TRAIN DE TUER NOTRE NATION ALORS QUE NOUS RESTONS LES BRAS CROISÉS. NOUS DEVONS SAUVER L'AMÉRIQUE ! PROTESTEZ, PROTESTEZ, PROTESTEZ», a-t-il publié en lettres majuscules, insistant sur l'urgence et l'importance de sa mise en garde.

Au-delà de la question juridique et des conclusions de l'enquête du procureur de Manhattan, Alvin Bragg, cette affaire revêt une dimension politique et sécuritaire qui pourrait être à l'origine de la flambée de violence observée dans plusieurs États américains. À cela s'ajoute le soutien massif obtenu par Donald Trump dans sa quête de l'investiture républicaine pour l'élection présidentielle de 2024.

Dans le même temps, l'ancien président continue d'attaquer le procureur de diverses manières, ce qui, selon les lois américaines, constitue un délit en soi. Dans un autre message, M. Trump a déclaré que M. Bragg n'était pas disposé à prendre la bonne décision en classant l'affaire, ajoutant : «Le pays tout entier est témoin de ce qui se passe, et il n'en peut plus. Ils en ont assez !» Il a réitéré son ancien discours accusant les démocrates d'avoir espionné sa campagne, d'avoir truqué les élections de 2020 et de l'avoir faussement mis en accusation. Il a ensuite partagé un article avec une photo de lui tenant une batte de base-ball à côté de l'image du procureur de Manhattan, suscitant à la fois la colère et la peur.

Vendredi, Alvin Bragg a été menacé d'assassinat dans une lettre contenant une poudre blanche inoffensive. Le message indiquait : «ALVIN: JE VAIS TE TUER!!!!!!!!!!!!!» La poursuite de l'enquête laisse présager la multiplication de ces menaces, voire des tentatives d'assassinat à l'encontre du procureur.

Quelle qu'en soit l'issue, cette crise politique aura vraisemblablement un impact négatif sur les alliés des États-Unis dans le monde.

Dalia al-Aqidi

On craint également de nouvelles manifestations qui pourraient dégénérer, en réponse aux appels de l'ancien président. En effet, ce dernier se met de plus en plus à exploiter ces événements dans son intérêt personnel, faisant fi de l’intérêt ou de la sécurité du pays.

Au cours des trois premiers jours qui ont suivi la publication de son message, Donald Trump a recueilli 1,5 million de dollars (1 dollar = 0,93 euro) grâce à des dons populaires, selon sa campagne 2024.

Le plus grand perdant est donc le Parti républicain.

Après les événements du Capitole et le refus de M. Trump de demander l'arrêt des violences, de nombreux républicains modérés ont fait front contre lui. C'est une situation qui se répète une fois de plus.

Le parti est à la recherche du bon candidat pour battre le président Biden en 2024 afin de sauver le pays de l'idéologie d'extrême gauche qui détruit les États-Unis depuis trois ans. Ne se souciant nullement du parti, Donald Trump a tenté de détruire ces représentants en guise de punition. L'année prochaine, il n'y aura probablement pas assez de républicains pour voter pour ces candidats, puisque M. Trump a réussi à diviser le parti et ses partisans.

Les républicains ne sont pas tous favorables à la violence et à la fraude, mais ceux qui ne le sont pas auront du mal à obtenir le soutien de leur parti.

Donald Trump avait la possibilité de se racheter et d'unir le parti grâce au pouvoir dont il dispose sur le terrain, mais il a préféré sa personne à son pays.

Par ailleurs, M. Biden ainsi que le Parti démocrate n'ont jamais été aussi proches d'un second mandat. Ils continueront de pousser l'ancien président dans ses retranchements pour profiter de ses réactions prévisibles, au mépris des intérêts du pays.

L'Histoire se souviendra de cette période sombre pour les États-Unis d'Amérique, que nous suivons quotidiennement. Quelle qu'en soit l'issue, cette crise politique aura vraisemblablement un impact négatif sur les alliés des États-Unis dans le monde.

Dalia al-Aqidi est chercheure principale au Center for Security Policy. Twitter: @DaliaAlAqidi

NDLR: L’opinion exprimée dans cette page est celle de l’auteur et ne reflète pas nécessairement le point de vue d’Arab News en français.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com