PARIS : La réforme des retraites, qui fera l'objet mercredi d'une huitième journée de protestation, naît d'un engagement du président de la République Emmanuel Macron à mener à bien ce chantier en cas de réélection.
Rappel des principales dates du projet qui fait suite à une première tentative de réforme, plus ambitieuse, menée durant le premier quinquennat mais stoppée net, le 16 mars 2020, en raison de la pandémie de Covid-19.
Âge légal à 65 ans
Fin 2021, Emmanuel Macron réitère sa volonté de réformer les retraites.
Réélu en 2022 après s'être engagé durant la campagne électorale à "décaler l'âge de départ légal jusqu'à 65 ans", contre 62 ans actuellement, il appelle le 14-Juillet à "des compromis responsables" en vue d'une entrée en vigueur de la réforme à l'été 2023.
Concertations
Face à l'opposition virulente des syndicats, M. Macron demande le 22 septembre au gouvernement de "trouver la bonne manœuvre" pour une réforme "apaisée".
Début octobre, la Première ministre Elisabeth Borne engage la concertation avec les partenaires sociaux pour, espère-t-elle, une adoption "avant la fin de l'hiver".
Macron «ouvert»
Le 26 octobre, M. Macron se dit "ouvert" à un âge de départ à 64 ans, au lieu de 65 ans.
La présentation de la réforme est repoussée à janvier pour laisser le temps aux partenaires sociaux et partis politiques "d'échanger" avec l'exécutif. Mme Borne consulte tous azimuts en décembre, tentant de se concilier droite et CFDT.
64 ans
La Première ministre dévoile le 10 janvier une réforme dont la mesure-phare est le report de l'âge légal de départ à la retraite de 62 à 64 ans à horizon 2030.
Autre mesure importante: le relèvement de la pension minimum pour les carrières complètes à temps plein, à 85% du Smic net, soit près de 1 200 euros brut.
Mobilisation massive
Front uni des syndicats contre le projet. Les huit principales organisations réussissent à mobiliser massivement le 19 janvier: "Plus de deux millions" de manifestants selon la CGT (1,12 million d'après le ministère de l'Intérieur).
Le gouvernement maintient
Le gouvernement adopte sa réforme le 23 janvier en Conseil des ministres, affichant sa "détermination" à aller jusqu'au bout.
Les 25 et 26 janvier, des marches aux flambeaux de protestation sont organisées dans plusieurs villes, des grèves sont observées dans des raffineries, centrales EDF et ports.
Cortèges record
Le 31 janvier, une deuxième journée de protestation réunit des cortèges record: 1,27 million pour la police et 2,5 millions selon les syndicats.
Mme Borne maintient le cap mais fait une concession, le 4 février, sur les "carrières longues", espérant convaincre des députés de droite réticents.
Débats électriques
Le 6 février, les débats démarrent à l'Assemblée nationale sous la pression de la rue avec deux nouvelles journées de protestation, un peu moins suivies, le 7 et le 11.
Les débats électrisent le Palais-Bourbon avec de multiples incidents entre députés insoumis et gouvernement et des suspensions de séance.
La rue gronde encore le 16 février, mais avec deux fois moins de participants.
Sans débat ni vote
Le débat en première lecture s'achève à l'Assemblée nationale le 17 février, sans débat ni vote sur la mesure-phare du report à 64 ans, en raison de l'obstruction de La France insoumise.
L'examen démarre le 2 mars dans une ambiance plus sereine au Sénat, enceinte dominée par la droite, plus favorable à la réforme.
Mobilisation «historique»
L'intersyndicale voulait mettre le pays à l'arrêt: la mobilisation du 7 mars est d'une ampleur "historique" avec 1,28 million de manifestants selon la police, 3,5 millions pour la CGT.
L'intersyndicale demande, en vain, à être reçue par Emmanuel Macron. Des mouvements de grève affectent les transports, le ramassage des ordures, l'activité dans les dépôts de carburant/raffineries, l'électricité/gaz, l'éducation.
Le Sénat adopte
Le Sénat poursuit l'examen, avec approbation, le 9 mars, de l'article sur le recul de l'âge de départ, puis adoption accélérée de tout le texte, le 11.
A cette même date, une septième journée de mobilisation rassemble nettement moins. L'intersyndicale réclame "une consultation citoyenne", tandis que les grèves se poursuivent dans certains secteurs.
Les syndicats organisent mercredi une huitième journée de mobilisation, alors que députés et sénateurs tentent de s'accorder, en commission mixte paritaire, sur un texte de compromis.