Les crises s’enchaînent au Liban, d’abord sur le plan économique: la monnaie nationale n’en finit pas de plonger. Au niveau politique, on assiste à une paralysie des institutions de l’État libanais qui s’aggrave davantage encore avec la vacance du poste de président de la république. Cette situation dure depuis trois mois sans que l’on entrevoie la moindre ouverture de la part du Parlement, qui nous montre jour après jour que ce petit pays s’installe dans une inertie presque complète.
Après avoir été convoqué pour une onzième fois, le Parlement libanais a à nouveau échoué dans sa mission d’élire un nouveau président de la République. Cette institution est ainsi constituée qu’aucune majorité n’a pu se former autour d’un nom. Les cent vingt-huit députés que compte la Chambre ne se font donc aucune illusion sur leur incapacité à remplir leur mission en élisant un président. Ils savent très bien que ce temps n’est toujours pas venu et que l’heureux candidat sera désigné à l’extérieur des murs du Parlement le jour où un compromis sera possible entre les divers partis concernés au Liban ainsi qu’entre les différentes capitales qui exercent une influence politique sur l’échiquier libanais.
En réalité, il est peu probable qu’un nouveau président soit désigné et élu sans qu’il ne soit issu de ce compromis local et régional. L’histoire politique du pays du Cèdre nous apprend que, à chaque échéance présidentielle, c’est cette concordance d’influences locale, régionale et internationale qui pourrait fait pencher la balance en faveur d’un candidat promis à la présidence de la république.
C’est en provoquant ce blocage institutionnel au plus haut niveau de l’État que le Hezbollah essaie d’imposer, une nouvelle fois, un candidat à la présidence qui lui serait entièrement dévoué.
C’est dans cet esprit que les différents acteurs politiques libanais attendent, impassibles, ce compromis tout en se prêtant à un exercice presque comique qui consiste à répondre affirmativement aux convocations du président de la Chambre. Lui-même continue à voter blanc et à lever la séance au bout d’une demi-heure. Tout le monde s’accorde à dire que ces séances sont une façade qui cache la paralysie dont le responsable est le Hezbollah, la milice pro-iranienne. Cette dernière mise délibérément sur cette situation de blocage total en attendant de faire plier les partis qui refusent toujours de soutenir son choix pour la présidence.
C’est en provoquant ce blocage institutionnel au plus haut niveau de l’État que le Hezbollah essaie d’imposer, une nouvelle fois, un candidat à la présidence qui lui serait entièrement dévoué. En s’appuyant sur sa force armée, la milice pro-iranienne sait qu’aucun acteur local ne pourrait à lui seul s’opposer à son dictat. Néanmoins, le Hezbollah a conscience du fait que si ses opposants arrivaient à former une large coalition au sein du Parlement, ils seraient en mesure de lui faire barrage. Cependant, il est impensable d’imaginer qu’une coalition locale puisse à elle seule faire plier le Hezbollah. Seule une coalition régionale et internationale serait à même d’imposer un compromis qui porterait à la présidence de la république une personnalité souverainiste et réformatrice.
Il faut rappeler que le Liban ne pourra pas être secouru par la communauté internationale tant qu’il ne s’est pas défait de la tutelle du Hezbollah. Ainsi, il est bon de rappeler que le Liban, qui se contente actuellement de remèdes provisoires, ne trouvera jamais de solution durable à ses crises multiples avant la dissolution de la milice pro-iranienne et le l’établissement d’un État de droit démilitarisé, pacifié et souverain. En attendant, commençons par libérer la plus haute magistrature de cette tutelle iranienne par milice interposée.
Ali Hamade est journaliste éditorialiste au journal Annahar, au Liban.
Twitter: @AliNahar
NDLR: Les opinions exprimées dans cette rubrique par leurs auteurs sont personnelles, et ne reflètent pas nécessairement le point de vue d’Arab News.