Bien que le monde ait entamé une nouvelle année, le Liban reste toujours bloqué dans la même impasse politique. Le vide présidentiel semble s’éterniser alors que les principaux acteurs politiques du Parlement se contentent de se cantonner derrière des positons floues, facilitant ainsi la tâche de ceux qui jouent la carte de l’obstruction et interdisant l’élection d’un nouveau président ainsi que le déblocage de l’appareil d’État. Voilà la situation terrible dans laquelle vivent les Libanais, contraints de se plier à la volonté de ceux qui gouvernent un pays foudroyé par une crise financière et économique paralysante.
En ce début d’année 2023, dans ce pays minuscule, l’impasse est totale. Personne au sein de la nomenklatura politique ne semble se soucier des cinq millions de Libanais qui souffrent en silence. Ces derniers attendent patiemment le rétablissement et la mise en marche d’un semblant d’appareil d’État en vue de procéder à la mise en route d’un prétendu plan de sauvetage attendu de pied ferme par la communauté internationale, qui le considère comme un passage obligé pour toute aide internationale.
En effet, les pays donateurs, principalement arabes et européens, agissent avec beaucoup de réserve. Ils posent comme condition préalable à l’octroi de l’aide au Liban que la classe dirigeante se mette au travail au plus vite en commençant par l’élection d’un nouveau président qui possède un minimum de crédibilité nationale et internationale. Le pays du Cèdre doit ensuite choisir un nouveau Premier ministre chargé de former un gouvernement de crise qui serait à la fois représentatif et crédible.
Ainsi, le temps où l’argent facile coulait à flots au Liban sans aucun contrôle ni audit serait terminé.
La troisième étape serait la mise en œuvre du plan de sauvetage qui engendrerait des réformes exigées par la communauté internationale ainsi que la mise en place d’un système de gouvernance selon lequel le gouvernement et l’administration seraient amenés à rendre compte de leurs actes. Il est impensable d’envisager un plan de sauvetage dépourvu de tout moyen de contrôle et qui ouvrirait les portes à l’aide financière étrangère.
Ainsi, le temps où l’argent facile coulait à flots au Liban sans aucun contrôle ni audit serait terminé. Cela dit, on ne voit toujours pas comment cette classe politique, qui a mené le Liban à la faillite totale, serait à même d’appliquer un plan de sauvetage dans les meilleures conditions. En effet, elle est bien rodée quand il s’agit d’enfreindre les règles et les lois. Une majorité de Libanais considèrent qu’elle a trahi son peuple en l’entraînant dans le précipice. Ainsi, on pourrait légitimement se demander comment refaire confiance à cette junte corrompue.
Le président français, Emmanuel Macron, a évoqué la crise politique et économique grave qui secoue le Liban lors d’une interview accordée à la fin du mois de décembre dernier à plusieurs médias. Il a affirmé que pour résoudre la crise il faudrait «régler les problèmes des gens et dégager ceux qui ne savent pas le faire». Il est même allé plus loin en déclarant qu’il était nécessaire de «changer le leadership de ce pays». Macron a affirmé que, si cette première étape est franchie, il faudrait «ensuite restructurer le système financier, puis faire avec un président honnête, un Premier ministre honnête et une équipe qui va dérouler ce plan et qui aura le soutien de la rue».
En l’absence de toute volonté locale pour débloquer le processus politique, la communauté internationale devrait imposer au plus tôt un régime de sanctions sévères visant les personnes responsables de cette impasse préméditée.
Ce témoignage dur, accablant et sans appel du président français vis-à-vis de la classe politique libanaise rejoint en quelque sorte le jugement des Libanais, qui considèrent la classe dirigeante incapable de se réformer, d’où la nécessité d’un changement radical dans le pays.
Mais comment sortir de cette crise?
En l’absence de toute volonté locale pour débloquer le processus politique, la communauté internationale devrait imposer au plus tôt un régime de sanctions sévères visant les personnes responsables de cette impasse préméditée. Il serait même judicieux de viser très haut dans la hiérarchie afin de délivrer un message fort et clair: le moment est venu pour eux d’agir en assumant leurs responsabilités vis-à-vis des cinq millions de Libanais pris en otages par une mafia politico-milicienne incapable.
Ali Hamade est journaliste éditorialiste au journal Annahar, au Liban.
Twitter: @AliNahar
NDLR: Les opinions exprimées dans cette rubrique par leurs auteurs sont personnelles, et ne reflètent pas nécessairement le point de vue d’Arab News.