Ce n’est plus un secret: la guerre entre Israël et le Hezbollah est passée au premier plan. Après la pâle «revanche » du parti pro-iranien contre Israël le 25 août pour l'assassinat de son plus haut commandant militaire, Fouad Chokr. Après quoi l'on croyait que la confrontation entre Israël et le «Hezbollah» connaîtrait un déclin tangible et un retour aux règles d'engagement adoptées entre le 8 octobre 2023 et le début de l'année 2024. Il semblait que l'interprétation du Hezbollah de la «guerre de soutien» qu'il avait initiée au lendemain de l'opération «Déluge d'Al-Aqsa» était tombée.
À savoir que le la fin de la guerre à Gaza se refléterait automatiquement sur le front libanais par un cessez-le-feu. Mais le contexte entre le Hezbollah et Israël a changé après le 1er janvier. Tel-Aviv a réalisé que le comportement du Hezbollah depuis le Liban représente une menace existentielle future non moins dangereuse que ne le furent l’attaque du 7 octobre, ainsi que les combats féroces dans la bande de Gaza. L’opération «Déluge d'Al-Aqsa» lancée par le mouvement Hamas à Gaza a été une grande et malheureuse surprise pour l’État hébreux. De quoi alerter Israël au niveau des capacités militaires du Hezbollah supérieures au Hamas.
Qu’adviendrait-il en cas de conflit armé avec la milice pro-iranienne? Même les règles de combat de faible intensité privilégié par le parti pro-iranien n’auraient pu éviter de réveiller le monstre endormi au niveau de l’appareil sécuritaire israélien. Plus inquiétant encore, elles ont fini par réveiller les monstres de l'extrémisme au sein du gouvernement en Israël.
La guerre de faible fréquence et de violence moyenne s’est transformée en une guerre dont les règles d'engagement ont changé à plusieurs reprises, devenant presque une guerre ouverte entre une grande puissance régionale soutenue par l'Occident et une milice lourdement armée et compétente. Mais pour le moment elle reste limitée et dangereuse pour les parties en lice, étant donné que l'issue de toute confrontation majeure est susceptible de conduire à la destruction de la plus grande partie des capacités du Hezbollah et de mettre en jeu la survie de sa machine militaire.
L’approche israélienne semble avoir changé au point de brûler la carte de négociation du Hezbollah, qu'il avait utilisée à outrance depuis le 8 octobre dernier, lorsqu'il avait répondu à toutes les initiatives internationales pour accepter une trêve et appliquer la résolution 1701 en échange d'avantages politiques et économiques. La carte est devenue obsolète à cause de l’émergence d’une nouvelle logique israélienne qui consisterait à tout faire afin de changer la réalité au Liban-Sud, par la diplomatie ou la guerre. Cela même si la guerre de Gaza prenait fin. Autrement dit, le pari du bras armé iranien au Liban a échoué parce que la guerre dans le sud et peut-être au-delà du sud avec Israël se poursuivra même après la guerre de Gaza.
L’approche israélienne semble avoir changé au point de brûler la carte de négociation du Hezbollah, qu'il avait utilisée à outrance depuis le 8 octobre dernier.
Ali Hamade
Il est important de s’arrêter à la dernière vague de propagande israélienne, que ce soit au niveau de Benjamin Netanyahou, qui a déclaré avoir donné des instructions à l'armée pour se préparer à changer la situation dans le nord car il n'y a aucune possibilité pour lui d’accepter que cette situation dure. Ou bien il faudrait prendre en compte la dernière déclaration de l’ancien membre du Conseil de guerre Benny Gantz, qui dit depuis Washington: «Il est temps de se tourner vers le Nord.» En d’autres termes, l’heure est à la guerre au Liban. Sans parler des nombreuses fuites rapportées il y a deux jours des propos d’un haut responsable politique israélien: «La bataille au Liban approche, même si sa date exacte n’a pas encore été décidée», ni ce que Nissim Fattouri, membre de la commission des affaires étrangères et de la défense de la Knesset, a déclaré: «Ce n’est qu’une question de jours avant qu’une guerre généralisée n’éclate entre Israël et le Liban.»
On se demande si le Hezbollah n’a pas commis de grosse erreur en évaluant les conséquences de la guerre qu’il a déclenchée contre la volonté d’une grande majorité des Libanais? Alors il s'est impliqué en entraînant le Liban avec lui. Aujourd’hui il est resté en haut de l'arbre, ne sachant pas comment en descendre…
Ali Hamade est journaliste éditorialiste au journal Annahar, au Liban. X: @AliNahar
NDLR: Les opinions exprimées dans cette rubrique par leurs auteurs sont personnelles, et ne reflètent pas nécessairement le point de vue d’Arab News.