Représailles au Moyen-Orient: Après le Hezbollah… l’Iran ?

Des automobilistes circulent sous une grande bannière portant les portraits du général iranien Qassem Soleimani et du chef du Hamas Ismail Haniyah à côté de la mosquée Al-Aqsa, dans la capitale Téhéran, le 27 août 2024. (AFP)
Des automobilistes circulent sous une grande bannière portant les portraits du général iranien Qassem Soleimani et du chef du Hamas Ismail Haniyah à côté de la mosquée Al-Aqsa, dans la capitale Téhéran, le 27 août 2024. (AFP)
Short Url
Publié le Vendredi 30 août 2024

Représailles au Moyen-Orient: Après le Hezbollah… l’Iran ?

Représailles au Moyen-Orient: Après le Hezbollah… l’Iran ?
  • L’attaque semble dérisoire en comparaison avec la campagne de propagande que le Hezbollah a lancée, à grande échelle, au Liban et dans la région, à travers les médias et les réseaux sociaux
  • La réponse promise ne s’est pas produite et, en retour, Israël n’a pas lancé de guerre plus large contre le Hezbollah, car la confrontation n’a pratiquement pas fait de victimes des deux côtés

Il est indéniable que l'attaque menée par le Hezbollah, dimanche dernier, en réponse à l'assassinat par Israël de Fouad Chokr, son plus haut gradé militaire, était en deçà des attentes de ses partisans et certainement en deçà du niveau de menace des dirigeants du parti pro-iranien, ainsi que de son secrétaire général Hassan Nasrallah, qui avaient juré de punir Israël pour avoir tué le militaire le plus haut gradé de la milice. L’attaque semble dérisoire en comparaison avec la campagne de propagande que le Hezbollah a lancée, à grande échelle, au Liban et dans la région, à travers les médias et les réseaux sociaux. En fin de compte, la réponse promise ne s’est pas produite et, en retour, Israël n’a pas lancé de guerre plus large contre le Hezbollah, car la confrontation n’a pratiquement pas fait de victimes des deux côtés.

La page est ainsi tournée. La vengeance promise par le chef d'état-major du Hezbollah au cœur de la banlieue sud de Beyrouth fait désormais partie du passé. Les deux partis s’en sortent à peu près au même niveau. Cela nous rappelle la précédente réponse iranienne, dans la nuit du 13 au 14 avril, au massacre du consulat iranien à Damas, qui a coûté la vie à sept hauts commandants de la « Force Qods » des Gardiens de la révolution. Lors des deux actes de représailles, environ 350 missiles ont été lancés et, dans les deux cas, les dégâts se sont limités au matériel.

L’attaque semble dérisoire en comparaison avec la campagne de propagande que le Hezbollah a lancée, à grande échelle, au Liban et dans la région, à travers les médias et les réseaux sociaux.

                                                           Ali Hamade

Aucune installation sensible, qu’elle soit économique ou militaire, n’a été sérieusement endommagée. Selon la description de la scène faite par certains observateurs, l'Iran en avril dernier et le Hezbollah en ce mois d’août ont lancé deux attaques visant à étaler la force et non à l'utiliser. Bien entendu, les deux parties ne se seraient pas retenues de nuire davantage à Israël si elles n'avaient pas réalisé que répondre sérieusement aux deux attaques meurtrières israéliennes pourrait constituer le  prétexte qu'Israël attend afin de  lancer une attaque majeure contre l'Iran, susceptible d'affecter des installations sensibles liées au programme nucléaire et aussi pour lancer une vaste guerre contre le Hezbollah pour tenter de renverser l’équation actuelle du côté libanais depuis la frontière.

Dans les deux cas, il y a eu des « ententes » de coulisses entre Israël d’une part et l’Iran et le Hezbollah de l’autre, pour limiter au maximum l’affrontement afin de sauver la face des parties concernées. Et c’est ce qui s’est passé.

Certains ont qualifié la récente réponse de l'Iran en avril de spectaculaire et d'autres ont décrit la réponse du Hezbollah comme disciplinée et spectaculaire. Aucun parti n’a affirmé que les deux vengeances avaient changé quoi que ce soit à l’équation. Ni les représailles iraniennes d'avril dernier n'ont empêché trois mois plus tard l'assassinat du chef politique du mouvement « Hamas » au cœur de Téhéran, ni les capacités militaires reconnues du Hezbollah ni ses représailles de dimanche dernier n'empêcheront Israël de commettre d'autres assassinats. On estime donc que les représailles de l'Iran contre l'assassinat d'Ismaïl Haniyeh, si elles venaient à se produire, seront similaires aux deux séries de vengeance mentionnées ci-dessus. Autrement dit, ce sera plus pour l’image, les chaînes de télévision et les écrans des réseaux sociaux que pour une vengeance sérieuse.

Il faut surtout se rappeler que l’actuel gouvernement israélien cherche désespérément à lancer une guerre à plus grande échelle avec l’Iran et le Hezbollah. En contrepartie, profitant du déploiement massif de moyens militaires américains et de l’Otan dans la région, Washington et ses alliés ont pour objectif de faire preuve d’une force militaire gigantesque qui serait suffisante pour aider l’Iran à se défaire du piège de la propagande et des menaces dans lequel il s’est engouffré.

C’est peut-être même ce qui a aidé le Hezbollah à mettre fin à la propagande qu’il a alimentée pendant 25 jours après l’assassinat de Fouad Chokr.

En attendant la « vengeance iranienne » qui pourrait ou non arriver, on peut dire que des calculs minutieux et un esprit froid prévaudront. Quant aux têtes brûlées et aux masses déchaînées, elles peuvent attendre longtemps...

 

Ali Hamade est journaliste éditorialiste au journal Annahar, au Liban. X: @AliNahar

NDLR: Les opinions exprimées dans cette rubrique par leurs auteurs sont personnelles, et ne reflètent pas nécessairement le point de vue d’Arab News.