Le Liban ne devrait pas compter sur les « bonnes » intentions de Netanyahu

En pratique, les propositions tournent autour d'un retour à ce qui ressemble à un respect de la résolution 1701, modifiée en termes d'ampleur du retrait des militants du Hezbollah et d'évacuation de la zone située entre la frontière avec Israël et le fleuve Litani. (AFP).
En pratique, les propositions tournent autour d'un retour à ce qui ressemble à un respect de la résolution 1701, modifiée en termes d'ampleur du retrait des militants du Hezbollah et d'évacuation de la zone située entre la frontière avec Israël et le fleuve Litani. (AFP).
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Publié le Jeudi 29 août 2024

Le Liban ne devrait pas compter sur les « bonnes » intentions de Netanyahu

Le Liban ne devrait pas compter sur les « bonnes » intentions de Netanyahu
  • Comme la possibilité de parvenir à une trêve dans la bande de Gaza ne signifie pas la fin de la guerre. Elle ne remplit donc pas les conditions du Hezbollah
  • Cela signifie-t-il que le Hezbollah répondra à la trêve au Gaza par une trêve du Liban ? Dans le cas contraire, comment la partie israélienne pourrait-elle gérer une trêve avec le Liban ?

Malgré l’épisode sanglant de la dernière frappe Israélienne à Gaza qui avait pour objet l’élimination du numéro 2 du Hamas Mohamad Dayf.  L’espoir est toujours à l’ordre du jour de parvenir à une trêve temporaire entre l'armée israélienne et le mouvement Hamas dans la bande de Gaza. Celle-ci pourrait demarer avec l'accord sur une première phase d'échange de prisonniers et d'otages entre les deux parties.

Mais concernant le front avec le Liban une question se pose : Qu’en est-il des efforts américano-français afin de parvenir en parallèle à mettre fin à la guerre d’usure Que le Hezbollah Milice pro iranienne mène contre Israël depuis le territoire libanais ? C'est une question qui reste sans véritable réponse. D’autant plus que les propositions américaines que l'envoyé présidentiel Amos Hochstein porte depuis un certain temps et les distribue entre Paris, Tel Aviv et Beyrouth se sont heurtées au mur du refus absolu du parti pro Iranien d'examiner toute proposition avant le cessez-le-feu définitif à Gaza. Dès lors l’espoir de mettre fin à cette mini guerre initiée par le Hezbollah s’estompe. Pour cause, ce qui est proposé à Gaza est une trêve sans aucune autre obligation pour Israël.

En pratique, les propositions tournent autour d'un retour à ce qui ressemble à un respect de la résolution 1701, modifiée en termes d'ampleur du retrait des militants du Hezbollah et d'évacuation de la zone située entre la frontière avec Israël et le fleuve Litani.

- Ali Hamadé

Et en l’absence d'un cessez-le-feu définitif, suivit d'un retrait complet de la bande de Gaza, Donc les propositions américaines, qui s'appuyaient sur un ensemble de propositions françaises et américaines antérieures, dans le but de convaincre le Hezbollah de stopper l'escalade militaire au sud Liban resteront pour le moment lettre morte. En pratique, les propositions tournent autour d'un retour à ce qui ressemble à un respect de la résolution 1701, modifiée en termes d'ampleur du retrait des militants du Hezbollah et d'évacuation de la zone située entre la frontière avec Israël et le fleuve Litani. En échange un engagement d’Israël à respecter le cessez-le-feu, et mettre fin à toutes les sorties aériennes au-dessus du territoire libanais. Finalement les deux parties entameront des négociations visant à régler tous les différends entre le Liban et Israël liés au tracé de la Ligne bleue temporaire établie en l'an 2000.

Mais comme la possibilité de parvenir à une trêve dans la bande de Gaza ne signifie pas la fin de la guerre. Elle ne remplit donc pas les conditions du Hezbollah. Cela signifie-t-il que le Hezbollah répondra à la trêve au Gaza par une trêve du Liban ? Dans le cas contraire, comment la partie israélienne pourrait-elle gérer une trêve avec le Liban ? De surcroit, serait-il réaliste de tenter construire sur cette base un semblant de stabilité long terme ?

Certains observateurs pensent qu’Israël pourrait jouer la carte diplomatique et faisant porter la responsabilité au Hezbollah d’une possible guerre ouverte, en l’accusant d’enflammer le front.

Rappelons que les récentes déclarations du ministre israélien de la Défense Yoav Galant, dans lesquelles il sépare la situation à Gaza de la situation au sud du Liban, équivaudront- à un engagement clair à poursuivre la guerre contre le Hezbollah jusqu'à ce que l'une des deux choses suivantes soit imposée : soit changer la réalité au sud du Liban et forcer le Hezbollah à revenir à la résolution 1701 et à se retirer des frontières , soit Israël  devra accepter la nouvelle réalité, ce qui signifie que le Hezbollah a mis la main sur le sud du Liban, mettant ainsi fin à la mise en œuvre de la résolution 1701 en se déployant désormais à distance nulle du nord d’Israël.

Autre scenario, Les combats s’arrêtent à la fin de la guerre à Gaza. Le parti pro iranien réussit à enterrer la résolution 1701 et à négocier le nouveau tracé de la ligne bleue sous poids des bombardements. Malheureusement cela signifierait qu’il n'y a plus de résolution 1701, et que l'idée de l'amender proposée par les Français et les Américains est tombé à l’eau, et que l'Iran est ouvertement devenu un voisin d'Israël !

Cependant il n’est pas dit que les médiateurs réussiront de sitôt à imposer une trêve à Gaza. Il est très probable qu’en attendant les élections présidentielles du 5 Novembre, et suite à la tentative d’assassinat de Donald Trump, Benjamin Netanyahu mène une manœuvre pour gagner du temps face à une l’administration américaine en berne. En effet le débat désastreux du président Joe Biden ainsi que les demandes croissantes au sein du camp démocrate pour son retrait de la course présidentielle jouent en faveur de son plan de continuer la guerre contre le Hamas le temps qu’il faudra pour sa totale annihilation. Aussi faudrait-il retenir le 24 juillet date de la visite de Netanyahu à Washington, durant laquelle il prononcera un discours devant le Congrès américain, le Premier ministre israélien n'hésite pas à entamer une visite dans la capitale fédérale accablé par une crise majeure avec le président Joe Biden et une aile progressiste au sein Parti démocrate.

Nous ne pensons donc pas qu’il faudrait compter sur une trêve à Gaza, encore moins sur les intentions du duo Netanyahu-Gallant à l’égard du Hezbollah, qui du « haut de son arbre » s’entête à défie le principe de « gravité ».

Ali Hamade est journaliste éditorialiste au journal Annahar, au Liban. 

X: @AliNahar

NDLR: Les opinions exprimées dans cette rubrique par leurs auteurs sont personnelles, et ne reflètent pas nécessairement le point de vue d’Arab News.