L’année 2022 touche à sa fin et le Liban ne semble toujours pas se diriger vers une sortie de crise qui le secoue violemment depuis octobre 2019. Tous les indicateurs financiers et économiques sont au rouge. L’appareil de l’État est presque au point mort avec une vacance prolongée de la présidence de la république, et avec un gouvernement démissionnaire qui expédie les affaires courantes d’un pays en proie à de graves crises multiples qui semblent perdurer.
2022 est une année qui s’achève sur une note de vide et d’apesanteur. Personne dans le pays du Cèdre n’est capable jusqu’ici d’imaginer un moyen pour une sortie proche de cette situation aussi incertaine que dangereuse. Presque tous les Libanais souffrent en silence. Une minorité bien nantie s’est déjà accommodée de la situation. Tandis qu’une majorité de Libanais se terrent dans leurs maisons et vivent avec les moyens du bord, ou bien se préparent à quitter leurs pays pour une nouvelle vie et de nouveaux espoirs.
C’est dans ce contexte que le Liban entamera l’année 2023. Il est certain que l’élection d’un nouveau président de la république sera la tâche principale des grandes capitales concernées par le Liban. Les forces politiques libanaises qui forment le Parlement ont failli à leur mission de régler cette échéance qui revêt une importance majeure, et dont le fonctionnement de tout l’appareil d’État dépend. Une république sans président de la république qui selon la Constitution jouerait le rôle de médiateur dans une société fragmentée et multiple.
Or, le Parlement qui a été convoqué neuf fois consécutives a été dans l’incapacité de venir à bout de sa mission. La composition du Parlement issu des dernières élections de mai 2022 empêche l’émergence d’une majorité capable de faire élire un président de la république. Les principaux groupes parlementaires sont paralysés faute d’initiative politique qui aurait pour but d’ouvrir la voie. En somme, après deux mois de vacance de la magistrature suprême, les forces politiques libanaises semblent bien à court d’idées et surtout de volonté politique. D’où l’urgence d’une intervention de la communauté internationale qui elle seule aurait les moyens de trouver une issue à cette crise qui plombe tout un pays et le lamine.
On parle beaucoup d’une nouvelle initiative menée par le président français, Emmanuel Macron, qui devrait organiser une réunion tripartite des responsables diplomatiques français, américains et saoudiens (chef de file des pays arabes concernés) à Paris, à la mi-janvier, afin d’essayer de mettre sur pied une feuille de route pour aider le Liban à sortir d’une crise provoquée par la classe politique corrompue et incapable de faire quoi que ce soit pour trouver des solutions.
Seule la communauté internationale serait en mesure d’imposer un plan de sortie de crise des institutions. Elle aurait les moyens d’élaborer un projet de compromis auquel pourrait adhérer le Hezbollah qui représente les intérêts iraniens. Paris prendrait la responsabilité de convaincre Téhéran que le temps de la mainmise sur le Liban est révolu, et qu’il serait judicieux d’opter pour un compromis garanti par les grandes capitales concernées.
La milice pro-iranienne bloque toujours le processus d’élection présidentielle, sans pour autant arriver à imposer son candidat. Une feuille de route tripartite qui représenterait un projet américano-franco-arabe serait en mesure de contrecarrer l’hégémonie grandissante de l’Iran sur le Liban à travers sa milice libanaise.
Historiquement, le Liban a toujours été un pays où seuls les compromis équitables réussissent à perdurer. Voilà la clé d’une solution par étapes. La communauté internationale et les pays arabes ne devraient en aucun cas laisser le Liban entre les mains de l’Iran de la même façon qu’ils ne devraient pas laisser les Libanais sous l’emprise de cette junte politique qui n’a fait que saboter le pays. Aucune aide financière ni économique ne devrait passer par l’intermédiaire de la classe politique que la communauté internationale connaît si bien. Une classe politique qui n’a aucune crédibilité aux yeux des Libanais. Le Liban a grandement besoin d’une politique internationale volontariste qui viendrait imposer aux dirigeants locaux un compromis politique qui rétablirait l’équilibre que le Hezbollah a sciemment rompu par la force et le sang.
Ali Hamade est journaliste éditorialiste au journal Annahar, au Liban.
Twitter: @AliNahar
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