À Bassorah, les Irakiens ont dépeint un nouvel avenir qui ne saurait être construit sans le soutien de leurs voisins. L'accueil de la Coupe du Golfe, qui se déroule actuellement, représente pour les citoyens irakiens l’opportunité de montrer leur véritable identité, loin de ce que rapportent les médias internationaux.
Le monde a ainsi pu découvrir une autre image des Irakiens: des hôtes, des pères, des frères et des voisins, et non des criminels, des meurtriers et des militants – lesquels sont minoritaires parmi les peuples de Mésopotamie.
Dans le même temps, la 25e édition de l'événement a redonné aux Irakiens le sentiment de faire partie intégrante du monde arabe, loin du terrorisme du Corps des gardiens de la révolution islamique et de ses bras étendus.
Les rues de Bassorah, ville hôte de la Coupe du Golfe, ont vu germer les graines du retour de l'Irak à sa base arabe. Si ces dernières sont entretenues, elles permettront de renforcer la force et l’indépendance de la nation. Cela pourrait être le meilleur moyen de réduire l'influence iranienne en Irak et dans la région.
Le peuple irakien a tenu à exprimer leur gratitude pour avoir accueilli le tournoi à Bassorah et il a montré qu'il était prêt à construire des ponts solides. Le message est clair.
Le régime de Téhéran en serait-il satisfait? Que fera le Corps des gardiens de la révolution islamique pour tenter de détruire ce lien historique?
La réponse simple est la suivante: on s'en moque. Voilà pourquoi.
Les Irakiens souffrent de l'isolement arabe depuis des décennies, ce qui reflète leur désir de passer à une nouvelle étape dans leurs relations avec les pays voisins.
La dernière Coupe du Golfe organisée par l'Irak remonte à 1979. En raison de la situation politique et militaire du pays, il a fallu attendre 2023 pour que cela se reproduise.
Le sentiment d'appartenance croissant des Irakiens aux pays arabes qui partagent des caractéristiques essentielles et des liens historiques solides affaiblit l'influence des milices.
Le fait que l'Irak ait réussi à s'intégrer aux pays arabes du Golfe a créé une nouvelle opportunité d'améliorations économiques, politiques et sécuritaires.
La 25e édition de l'événement a redonné aux Irakiens le sentiment de faire partie intégrante du monde arabe.
Dalia al-Aqidi
Le tournoi, connu sous le nom de «Coupe Khaleeji 25», a mis fin à l'isolement de l'Irak depuis son invasion du Koweït, au début des années 1990. Après 2003, le régime était peut-être différent, mais l'effet était similaire.
Les politiques des gouvernements irakiens successifs de l'après-2003 et leurs liens avec les pays du Golfe étaient douteux et nuisibles en raison de l'influence iranienne.
Quand identifier le bon moment pour que les Irakiens se décident et retournent à ce qu'ils ont connu et aimé? Lorsque le régime iranien crée une crise pour perturber cette grande fête nationale.
En présence d'un public irakien, arabe et mondial, le Premier ministre irakien, Mohammed Chia al-Soudani, a utilisé le terme «golfe Arabique» lors de l'inauguration du tournoi au stade Palm Trunk, à Bassorah. Le 6 janvier, le religieux chiite Moqtada al-Sadr a salué, sur Twitter, les invités irakiens des «pays du golfe Arabique».
Le régime iranien s'est indigné de l'arabisation de ce qu'il appelle le «golfe Persique» à l'occasion d'un tournoi de football, même si la Coupe Khaleeji a été créée en 1970 avec le même titre.
Téhéran n'apprécie pas de voir le peuple irakien commencer à s'éloigner de ses gouvernements pro-iraniens et à tendre les bras à ses voisins du Golfe.
Si le Golfe souhaite réellement aider l'Irak et limiter légalement l'influence de l'Iran dans la région, il devrait profiter de ces circonstances exceptionnelles et s'en inspirer.
Les pays du Conseil de coopération du Golfe (CCG) devraient commencer à développer leurs projets d'investissement dans le cadre de contrôles et de frontières conformes au droit international et qui ne violent pas l'embargo imposé aux entreprises, aux personnalités et aux institutions iraniennes et irakiennes.
Ils devraient créer un comité chargé d'enquêter, d'étudier et d'approuver les projets afin de filtrer toutes les propositions et de s'assurer que les entreprises concernées n'ont aucun lien avec des individus ni avec des groupes terroristes nationaux ou internationaux.
Ce n'est qu'à partir de ce moment que les Irakiens pourront neutraliser l'Iran à l'intérieur de leur pays, ce qui aura un impact positif sur les systèmes politiques et électoraux. Laissons l'Iran être un voisin capable d'être utile et sincère lorsque ses instruments seront éliminés au sein de la société irakienne. Cela ne demande que de la foi et de la détermination.
Dalia al-Aqidi est chargée de mission au Center for Security Policy.
Twitter: @DaliaAlAqidi
NDLR: L’opinion exprimée dans cette page est propre à l’auteur et ne reflète pas nécessairement celle d’Arab News en français.
Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com