L'accueil des grands événements sportifs, bien que coûteux, en vaut la peine

Le Qatar peut à juste titre s'enorgueillir d'être la première nation arabe et musulmane à accueillir le tournoi et de susciter l'intérêt des téléspectateurs du monde entier (Photo, AFP).
Le Qatar peut à juste titre s'enorgueillir d'être la première nation arabe et musulmane à accueillir le tournoi et de susciter l'intérêt des téléspectateurs du monde entier (Photo, AFP).
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Publié le Lundi 19 décembre 2022

L'accueil des grands événements sportifs, bien que coûteux, en vaut la peine

L'accueil des grands événements sportifs, bien que coûteux, en vaut la peine
  • Le Qatar peut à juste titre s'enorgueillir d'être la première nation arabe et musulmane à accueillir le tournoi et de susciter l'intérêt des téléspectateurs du monde entier
  • Malgré tous les défis, le Qatar a cherché à projeter au monde l'image d'un État modernisé et économiquement dynamique qui s'appuie sur sa puissance énergétique

Le coût d'une sécurité renforcée met en évidence l’enjeu financier de l'organisation d'événements sportifs aussi médiatisés

De nombreux gouvernements considèrent encore que l'accueil de grandes compétitions sportives leur confère un prestige international considérable. Pourtant, ce point de vue a été mis à l'épreuve ces dernières semaines par les défis que doit relever le Qatar en tant que pays hôte de la Coupe du monde de la FIFA, dont la finale s’est déroulée entre la France et l'Argentine, dimanche.

Le Qatar peut à juste titre s'enorgueillir d'être la première nation arabe et musulmane à accueillir le tournoi et de susciter l'intérêt des téléspectateurs du monde entier. Prenons, à titre d’exemple, l'audience moyenne de 36,37 millions de personnes au Japon qui ont regardé le match de leur équipe nationale contre le Costa Rica le 27 novembre, un chiffre qui était plus élevé de 74% que l'audience moyenne de la phase de groupe pendant la Coupe du monde 2018 en Russie.

Par ailleurs, le match entre les États-Unis et l'Angleterre le 25 novembre a battu le record du match de football masculin le plus regardé aux États-Unis, avec 19,65 millions de personnes qui ont suivi la diffusion en langue anglaise.

Pourtant, aussi positif que cela puisse être pour le Qatar et la FIFA, l'instance dirigeante du football mondial, la Coupe du monde 2022 est également devenue le dernier grand événement sportif à être l’objet de controverses politiques et le reflet d’éventuelles mauvaises réputations.

Malgré ces défis, le Qatar a cherché à projeter au monde l'image d'un État modernisé et économiquement dynamique qui s'appuie sur sa puissance énergétique. Il produit 77 millions de tonnes de gaz naturel liquéfié par an, soit environ un quart de la production mondiale, ce qui en fait un acteur aussi important dans ce domaine que les États-Unis et l'Australie. Selon les prévisions, la production devrait passer à 126 millions de tonnes par an d'ici 2026-27.

Les défis auxquels le Qatar a été confronté pour l'organisation de la Coupe du monde ressemblent à ceux auxquels la Chine a dû faire face lorsqu'elle a accueilli les Jeux olympiques d'hiver cette année. Plusieurs pays occidentaux, dont les États-Unis, le Royaume-Uni et l'Australie, ont exercé un boycott diplomatique de l'événement à Pékin.

Le Qatar et la Chine ne sont pas les seuls à être confrontés à des difficultés lors de l'organisation de grands événements sportifs internationaux. Les Jeux olympiques de Tokyo, par exemple, ont eu lieu en 2021 après avoir été reportés d'une année entière en raison de la pandémie de Covid-19. Malgré cela, l'état d'urgence a été instauré à Tokyo et dans neuf autres régions japonaises pendant des semaines avant l'événement, les autorités tentant ainsi de maîtriser la crise sanitaire. Les fans d'autres pays n'ont pas été autorisés à y assister.

Les Jeux olympiques de 2016 représentent un autre exemple des pièges potentiels pour les hôtes. En 2009, lorsque Rio de Janeiro a obtenu le droit d'organiser les jeux, l'économie brésilienne était en plein essor et le pays jouissait d'un prestige international considérablement accru en tant que marché émergent de premier plan au sein du groupe des nations dites BRICS, aux côtés de la Russie, de l'Inde, de la Chine et de l'Afrique du Sud.

Le Qatar peut, à juste titre, être fier d'être la première nation arabe et musulmane à accueillir la Coupe du monde de la FIFA.

Andrew Hammond

Au moment où les Jeux ont commencé en 2016, le Brésil était néanmoins embourbé dans une crise politique entourant la destitution de Dilma Roussef, sa présidente à l'époque, et sa pire récession depuis des décennies, ce qui a entraîné des restrictions importantes au niveau du budget olympique.

En même temps, plus de 100 médecins et professeurs éminents ont écrit à l'Organisation mondiale de la santé pour demander que les Jeux soient reportés ou déplacés dans un autre pays «au nom de la santé publique» en raison des inquiétudes suscitées par une épidémie de virus Zika qui, avant le Covid-19, était considérée comme la pire crise sanitaire à laquelle le Brésil avait été confronté depuis au moins 1918.

En ce qui concerne les tournois de football internationaux, les hôtes de la Coupe du monde ne sont pas les seuls à avoir rencontré des problèmes. En 2010, l'instance dirigeante du football européen, l'UEFA, a annoncé, à grand renfort de publicité, que la France avait été choisie pour accueillir le championnat d'Europe de 2016. Mais le coup d'envoi a été finalement donné dans un pays qui fonctionnait toujours sous l'état d'urgence officiel après les attentats terroristes de 2015 à Paris.

Le département d'État américain a averti que l'événement pourrait être la cible de nouvelles frappes terroristes. C'était seulement la troisième fois en 20 ans que le gouvernement américain émettait de tels avis de prudence pour les voyages en Europe.

L'Euro 2016, ainsi que le Tour de France cycliste, étant considérés comme des cibles potentielles, les autorités françaises ont été contraintes de déployer environ 90 000 policiers, soldats et agents de sécurité pour le seul tournoi de football.

Le coût d'une telle sécurité met en évidence l’enjeu financier de l'organisation d'événements sportifs aussi médiatisés. Outre les coûts du maintien de l'ordre pour l'Euro 2016, l'investissement total de la France dans la modernisation et la construction des stades s'est élevé à environ 1,6 milliard d'euros (1,7 milliard de dollars). À lui seul, ce chiffre était supérieur à l'objectif annoncé de 1,4 milliard d'euros pour les droits de diffusion et les recettes de parrainage.

Ce décalage entre les recettes et les dépenses est encore plus flagrant pour certains hôtes des Jeux olympiques. En 2016, le Brésil a dépensé au moins 10 milliards de dollars pour l'événement, et le chiffre réel était probablement beaucoup plus élevé, bien plus que les recettes que les Jeux pouvaient générer, d'autant que de nombreux touristes ont été découragés de se rendre dans le pays en raison du virus Zika.

Malgré toutes les embûches, il semble toutefois que les villes désireuses d'accueillir les Jeux olympiques de 2032, qui suivront les traces de Los Angeles en 2028 et de Paris en 2024, ne manquent pas. De même, l'Allemagne accueillera le tournoi de football Euro 2024 et de nombreux pays ont exprimé leur ferme intérêt pour accueillir l'Euro 2028.

Ce qui nous ramène à notre point de départ, la Coupe du monde. En 2026, l'organisation sera partagée entre le Canada, le Mexique et les États-Unis. Entre-temps, une longue liste de pays a exprimé son intérêt pour l'organisation de la coupe de 2030.

Il en ressort qu’à court terme du moins, l'accueil de tels événements est toujours perçu comme un symbole majeur de prestige national qui continue à l'emporter sur les ennuis et les coûts qui l'accompagnent.

 

Andrew Hammond est un associé à la London School of Economics.

NDLR: L’opinion exprimée dans cette page est propre à l’auteur et ne reflète pas nécessairement celle d’Arab News en français.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com