LOS ANGELES : Le festival américain du film français a débuté lundi à Hollywood, empreint d'inquiétudes face à la forte chute de la fréquentation des salles de cinéma en France et aux États-Unis depuis la pandémie.
"Il ne faut pas se cacher : le cinéma est en train de connaître un véritable bouleversement", a estimé auprès de l'AFP le réalisateur Jean-Jacques Annaud, lors de la 26e édition de cet événement destiné à montrer à Hollywood le meilleur des productions françaises.
Entre "l'inflation" qui rogne les budgets loisirs et "les gens qui se sont équipés avec de grands écrans pendant les confinements, (...) les salles sont en grande difficulté et l'industrie est en train de basculer vers les plateformes" de streaming, a-t-il résumé avant la première projection de son dernier film "Notre-Dame Brûle" en Amérique du Nord.
A terme, "il y a toute une catégorie de films dits intermédiaires qui risquent de ne plus avoir leur place sur grand écran", s'est-il inquiété.
Des deux côtés de l'Atlantique, le public a du mal à revenir dans les salles obscures.
En France, la fréquentation a connu son pire mois de septembre depuis 1980, selon les derniers chiffres du Centre national du cinéma. Avec seulement 7,38 millions d'entrées, les ventes de billets ont reculé de 34,3% par rapport à septembre 2019, avant la pandémie.
Aux États-Unis, environ 500 salles ont fermé depuis la pandémie, selon la National Association of Theater Owners. Et Cineworld, le groupe britannique propriétaire de Regal Cinemas, la deuxième chaîne américaine de salles, semble promis à de vastes restructurations, car il se prépare à déposer le bilan, selon le Wall Street Journal.
"C'est toujours inquiétant de voir que la fréquentation a baissé et qu'elle a du mal à repartir", a déclaré à l'AFP Marie-Castille Mention Schaar, qui présente son film "Divertimento" au festival.
"Il faut qu'on aille rechercher notre public", a-t-elle ajouté. "L'émotion qu'on a dans une salle de cinéma ne sera jamais la même que devant une télé ou un téléphone."
Pour sa 26e édition, le festival (anciennement Colcoa) propose 75 films et séries télévisées françaises, souvent projetés pour la première fois en Amérique du Nord.
Aux États-Unis, les plateformes permettent aux œuvres françaises de trouver un nouveau public, selon le directeur du festival François Truffart. "Il y a toute une nouvelle génération qui raffole de films français et de séries européennes et asiatiques", a-t-il souligné.
Cette année, la programmation inclut notamment des œuvres diffusées sur des plateformes, comme les films "Hawa" de Maïmouna Doucouré et "Athena" de Romain Gavras, produits pour Netflix.
Côté séries, l'humoriste Melha Bedia présentera "Miskina, la pauvre", diffusée sur Amazon Prime Video et le réalisateur Olivier Assayas projettera "Irma Vep", mini-série produite par HBO.