Les États-Unis et l’Iran sur le point de sceller un nouvel accord sur le nucléaire?

Le ministre iranien des Affaires étrangères, Hossein Amir-Abdollahian, rencontre le directeur général de l’Agence internationale de l’énergie atomique, Rafael Grossi, à Téhéran, en Iran, le 5 mars 2022 (Photo, AFP).
Le ministre iranien des Affaires étrangères, Hossein Amir-Abdollahian, rencontre le directeur général de l’Agence internationale de l’énergie atomique, Rafael Grossi, à Téhéran, en Iran, le 5 mars 2022 (Photo, AFP).
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Publié le Vendredi 12 août 2022

Les États-Unis et l’Iran sur le point de sceller un nouvel accord sur le nucléaire?

Les États-Unis et l’Iran sur le point de sceller un nouvel accord sur le nucléaire?
  • Dans un éditorial, Josep Borrell révèle qu’il a établi un nouveau cadre pour relancer le Plan d’action global commun
  • Si l’équipe de l’envoyé spécial américain Robert Malley cède aux demandes de l’Iran, la région toute entière sera en danger

Avec le conflit russo-ukrainien, l’affrontement entre la Chine et Taïwan, les crises médicale et économique et les échanges de tirs entre l’État israélien et le mouvement militant du Djihad islamique palestinien, l’escalade des tensions mondiales a éclipsé les pourparlers sur l’accord nucléaire iranien.

La relance du Plan d’action global commun (PAGC) est-elle toujours un sujet d’actualité? Ce n’est peut-être plus le cas, mais le régime iranien et l’administration américaine tentent toujours de ressusciter l’accord de 2015. Jeudi dernier, un appel soudain a été lancé à toutes les parties des négociations internationales pour qu’elles reprennent les pourparlers nucléaires avec l’Iran.

En réalité, les pourparlers indirects de Vienne entre Téhéran et Washington avaient déjà commencé, à la suite d’une rencontre entre le négociateur en chef iranien, Ali Bagheri Kani, et le secrétaire général adjoint du Service européen pour l’action extérieure de l’Union européenne, Enrique Mora. Ce dernier a repris son rôle de médiateur entre M. Bagheri Kani et l’envoyé spécial des États-Unis pour l’Iran, Robert Malley.

Dans un éditorial publié par le Financial Times à la fin du mois dernier, le haut représentant de l’Union européenne pour les affaires étrangères, Josep Borrell, a révélé qu’il avait établi un nouveau cadre pour relancer le PAGC.

Cela pourrait être la fin heureuse que les dirigeants iraniens et américains espèrent si ce que la BBC a publié se vérifie. Elle rapporte qu’un responsable européen anonyme a déclaré que la demande adressée par Téhéran à Washington de retirer le Corps des gardiens de la révolution islamique (CGRI) de sa liste noire officielle des «organisations terroristes étrangères» avait été écartée des discussions et serait plutôt traitée «à l’avenir». La source a également révélé à la BBC que Washington ferait en sorte qu’aucun futur président américain ne se retire du nouvel accord.

Cependant, le gouvernement de Téhéran ne devrait pas oublier que les États-Unis sont un pays démocratique dont le président est élu par les citoyens. Par conséquent, aucune loi n’oblige un futur président à refuser d’annuler un accord conclu par un ancien dirigeant.

Les Iraniens sont assez intelligents pour être parfaitement conscients de cette situation, mais qu’importe ce qui peut advenir tant qu’ils sont assurés de recevoir des milliards de dollars une fois que les sanctions contre l’État paria seront levées. Tant que les démocrates seront au pouvoir, rien de terrible ne leur arrivera jamais.

En attendant, Téhéran serait en mesure d’équiper le CGRI pour en faire la force la plus importante de la région, ce qui porterait atteinte à la sécurité déjà fragile de certains des principaux alliés de Washington.

Lors d’une réunion à Téhéran, samedi dernier, le chef du CGRI, le général Hossein Salami, a déclaré à Ziad Nakhaleh, secrétaire général du Djihad islamique palestinien, que son pays s’engageait à soutenir le mouvement jusqu’au bout. Le général Salami affirme que «toutes les capacités antisionistes sont réunies pour libérer Jérusalem et défendre les droits du peuple palestinien».

Le régime iranien envoie des signaux pour prévenir Washington qu’il devrait prendre conscience que les prochaines heures à Vienne pourraient être décisives.

Dalia al-Aqidi

Comment le président Biden peut-il fermer les yeux sur toutes les menaces stratégiques du régime iranien, à moins qu’il n’existe des raisons directement liées à sa position instable à l’intérieur des États-Unis?

Avant son départ pour la capitale autrichienne, M. Malley a expliqué sur Twitter qu’il se préparait à reprendre les pourparlers. «Nous modérons nos attentes, mais les États-Unis saluent les efforts de l’Union européenne et font preuve de bonne foi pour parvenir à un accord. Bientôt, nous saurons si l’Iran est également prêt pour cela», lit-on dans sa publication.

Pendant ce temps, le régime iranien envoie des signaux pour prévenir Washington qu’il devrait prendre conscience que les prochaines heures à Vienne pourraient être décisives.

Le Tehran Times cite un diplomate iranien anonyme qui soutient que la stabilité d’un accord réside dans son équilibre. «On accorde notre confiance quand on nous la donne. Les problèmes liés aux garanties ont été fabriqués. Ils sont de nature politique et se poursuivent sous la pression politique. Ils ne doivent pas être un prétexte pour de futurs abus contre l’Iran», déclare cette source.

L’Iran a accordé au président américain un délai pour augmenter la pression avant les élections de mi-mandat, tandis que la Maison Blanche se trouve confrontée à des défis à gauche comme à droite. Si l’équipe de M. Malley cède aux demandes de l’Iran, les portes de l’enfer s’ouvriront dans la région. Le résultat nuira à de nombreux alliés de M. Biden, tandis que Téhéran et ses mandataires seront les plus gros gagnants.

Dalia al-Aqidi est chercheuse principale au Center for Security Policy.

Twitter: @DaliaAlAqidi

NDLR: L’opinion exprimée dans cette page est propre à l’auteur et ne reflète pas nécessairement celle d’Arab News en français.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com