Le régime iranien n’est pas digne d’un nouvel accord sur le nucléaire

Ali Akbar Salehi, ancien chef de l’Organisation iranienne de l’énergie atomique. (Reuters).
Ali Akbar Salehi, ancien chef de l’Organisation iranienne de l’énergie atomique. (Reuters).
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Publié le Mardi 09 août 2022

Le régime iranien n’est pas digne d’un nouvel accord sur le nucléaire

Le régime iranien n’est pas digne d’un nouvel accord sur le nucléaire
  • Le régime va jusqu’à se vanter de sa politique astucieuse destinée à duper la communauté internationale
  • Plusieurs responsables iraniens de haut rang, parmi lesquels le chef de l’énergie atomique du pays, se targuent de la capacité du régime à fabriquer une arme nucléaire

Il devrait être extrêmement difficile de prétendre que le régime iranien est digne d’un quelconque accord sur le nucléaire, étant donné que la stratégie nucléaire des dirigeants iraniens se nourrit de tromperie autant que de chantage et qu’elle repose sur l’extorsion des puissances mondiales.

Le régime va jusqu’à se vanter de sa politique astucieuse destinée à duper la communauté internationale. Par exemple, l’un des aspects essentiels du Plan d’action global commun (PAGC), signé en 2015, est que la partie centrale du réacteur nucléaire d’Arak doit être remplie de béton puis détruite. L’Iran affirme qu’il l’a fait, selon Fars, l’agence de presse du pays. Le département d’État américain et d’autres parties de l’accord sur le nucléaire ont également confirmé cette information.

Plus tard, cependant, l’ancien chef de l’Organisation iranienne de l’énergie atomique, Ali Akbar Salehi, a admis dans un entretien accordé à la télévision d’État que le gouvernement n’avait pas respecté cet engagement et qu’il avait induit la communauté internationale en erreur. Il a notamment affirmé: «Nous n’avons pas coulé de béton dans le réacteur à eau lourde d’Arak. Si nous l’avions fait, le réacteur d’Arak aurait été détruit.»

Le régime iranien a fait traîner les négociations sur un retour à l’accord nucléaire assez longtemps pour atteindre le seuil nucléaire.

Dr Majid Rafizadeh

À la question de l’animateur de télévision du régime sur une vidéo qui montre du béton versé dans les tuyaux du réacteur, M. Salehi a répondu: «Ce ne sont pas les tuyaux que vous voyez ici. Nous avions acheté des tuyaux similaires, mais je ne pouvais pas l’annoncer à ce moment-là. Une seule personne le savait en Iran, il s’agissait du plus haut fonctionnaire. Personne d’autre n’était au courant. Lorsque nos amis négociaient, nous savions qu’ils reviendraient un jour sur leurs paroles. Le Guide suprême, Ali Khamenei, a dit de faire attention parce qu’ils ne tiennent pas leurs promesses. Nous avons dû faire preuve d’intelligence. De plus, pour ne pas détruire les liens, nous devions également en établir, de sorte que si nous devions retourner sur nos pas, nous pourrions le faire plus rapidement.»

Ce n’est là qu’un exemple des pratiques trompeuses du régime en ce qui concerne son programme nucléaire et le respect des accords internationaux. Il existe d’autres exemples, comme la détection de particules radioactives à Turouzabad, la réticence de l’Iran à répondre à des questions simples sur cette installation secrète ou de fournir des preuves non partisanes et des rapports détaillés sur les installations nucléaires clandestines de Téhéran.

Le régime iranien a fait traîner les négociations sur un retour à l’accord nucléaire assez longtemps pour atteindre le seuil nucléaire. Plusieurs responsables iraniens de haut rang, parmi lesquels le chef de l’énergie atomique du pays, se targuent de la capacité du régime à fabriquer une arme nucléaire.

Dès le mois de novembre dernier, l’Institut pour la science et la sécurité internationale a publié une étude qui confirme que «l’Iran possède suffisamment d’hexafluorure sous forme d’uranium enrichi à près de 20 et 60% pour produire de l’uranium de qualité militaire […] à destination d’un seul réacteur nucléaire en seulement trois semaines. Il pourrait le faire sans recourir à ses stocks d’uranium enrichi à 5% comme matière première. La croissance des stocks iraniens d’uranium enrichi à près de 20 et 60% a dangereusement réduit les délais de fabrication de l’arme nucléaire».

Le régime iranien a également intensifié ses tactiques d’extorsion, notamment en éteignant les caméras placées par l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA), qui surveillent ses activités nucléaires. «En d’autres termes, l’AIEA n’aura aucun accès aux informations avant la levée des sanctions», a signalé l’agence de presse officielle Irna, citant Behrouz Kamalvandi, porte-parole de l’Organisation iranienne de l’énergie atomique.

Le régime iranien construit également une installation nucléaire souterraine qu’il sera extrêmement difficile de bombarder. Même Israël n’aura pas la capacité militaire d’attaquer ce site nucléaire souterrain. Dans un rapport publié au début de cette année, David Albright, président de l’Institut pour la science et la sécurité internationale, a indiqué: «L’usine de Fordow est déjà considérée comme si profondément enfouie qu’il sera difficile de l’anéantir par une attaque aérienne. Le nouveau site de Natanz pourrait être encore plus difficile à détruire.»

Le régime iranien a fait traîner les négociations sur un retour à l’accord nucléaire assez longtemps pour atteindre le seuil nucléaire.

Dr Majid Rafizadeh

Ces évolutions marquent un nouveau chapitre dans un jeu d’acrobaties qui s’est prolongé à l’extrême et qui se révèle particulièrement dangereux entre l’Iran et les autres signataires de l’accord de Vienne sur le nucléaire. Le principal problème, qui réside dans le fait de céder aux exigences de l’Iran afin de satisfaire le régime théocratique, alors que le régime iranien en fait clairement moins, permet à Téhéran de s’enhardir dans la perspective de défier la communauté internationale. Cela exige une vive réaction.

Le PAGC est un compromis et se soumettre à l’extorsion nucléaire représente un compromis de trop. La communauté internationale doit concentrer ses efforts diplomatiques sur la lutte contre le danger présent, parfaitement clair, que pose le comportement agressif de l’Iran dans la région.

Le Dr Majid Rafizadeh est un politologue irano-américain formé à Harvard.

Twitter: @Dr_Rafizadeh

NDLR: L’opinion exprimée dans cette page est propre à l’auteur et ne reflète pas nécessairement celle d’Arab News en français.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com