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Près de deux ans après le début de la guerre brutale qui sévit au Soudan, les enfants restent particulièrement vulnérables à la violence, aux déplacements et à l'effondrement de l'aide humanitaire.
Le conflit entre les forces armées soudanaises et les forces paramilitaires de soutien rapide a provoqué une crise humanitaire dévastatrice, déplaçant des millions de personnes et en exposant des millions d'autres à la famine, à la maladie et à la violence. Si la guerre touche tous les civils, ce sont les enfants qui portent le fardeau le plus lourd. Ils sont tués, violés, recrutés de force et laissés à l'abandon à cause de maladies évitables. Nombre d'entre eux ont perdu leur famille et sont maintenant pris au piège dans un cycle sans fin de souffrances, sans accès à l'éducation, aux soins de santé ou aux besoins humains de base.
Depuis que les combats ont éclaté en avril 2023, le Soudan s'est enfoncé dans l'une des pires crises humanitaires au monde. Les violences ont déplacé plus de 11 millions de personnes, dont plus de la moitié sont des enfants. La guerre a forcé les familles à fuir leurs maisons, laissant souvent les enfants bloqués dans des environnements inconnus et dangereux. Nombre d'entre eux ont été séparés de leurs parents ou sont devenus orphelins, ce qui signifie qu'ils doivent se débrouiller seuls dans des camps de déplacés surpeuplés, des villages déchirés par la guerre ou des centres urbains soumis à des bombardements constants.
Les enfants sont toujours les plus vulnérables pendant les conflits, mais la guerre au Soudan les a exposés à des dangers sans précédent
Dr Majid Rafizadeh
Outre les déplacements, les enfants soudanais sont confrontés à d'autres conséquences horribles de la guerre. Des rapports indiquent que plus de 200 enfants, y compris des nourrissons, ont été violés. Le viol est très probablement utilisé comme arme de guerre, laissant les survivants traumatisés, stigmatisés et risquant de subir des dommages physiques et psychologiques tout au long de leur vie. L'effondrement de la loi et de l'ordre signifie que les enfants sont davantage exposés à la violence sexuelle, à la traite et au mariage forcé.
Dans le même temps, les maladies se propagent rapidement. Dans l'État du Nil blanc, une récente épidémie de choléra a fait près de 100 victimes en quelques semaines, dont au moins 18 enfants. La destruction d'infrastructures essentielles, telles que les installations de purification de l'eau, a contraint les familles à boire de l'eau contaminée, ce qui a favorisé la propagation de maladies hydriques mortelles. L'effondrement du système de santé soudanais signifie que les traitements médicaux sont pratiquement inexistants, entraînant des milliers de décès qui auraient pu être évités.
La découverte d'un charnier près de Khartoum, contenant plus de 500 corps, a encore mis en évidence l'horrible bilan de la guerre. De nombreux morts, dont des enfants, ont été torturés avant d'être exécutés. La brutalité du conflit n'a laissé aucun refuge aux jeunes Soudanais, qui continuent d'être les principales victimes des crimes de guerre, de la famine et des déplacements de population.
Les enfants sont toujours les plus vulnérables pendant les conflits, mais la guerre au Soudan les a exposés à des dangers sans précédent. Contrairement aux adultes, les enfants n'ont pas la capacité de se protéger, de trouver de la nourriture ou d'échapper à la violence. Leur survie dépend entièrement de la présence d'une société qui fonctionne, ce qui s'est complètement effondré au Soudan.
Dans les zones de conflit, les enfants souffrent de malnutrition sévère à des taux alarmants. La combinaison des pénuries alimentaires, des perturbations de la chaîne d'approvisionnement et des attaques délibérées contre les efforts d'aide humanitaire a laissé des millions d'enfants en danger de famine. L'Unicef prévient que le Soudan est confronté à l'une des pires crises de malnutrition infantile au monde, un tiers des enfants de moins de cinq ans souffrant de malnutrition aiguë sévère. Un grand nombre de ces enfants ne survivront pas sans une intervention médicale immédiate et un accès à la nourriture.
En outre, l'éducation a été complètement interrompue pour des millions d'enfants soudanais. Les écoles ont été détruites, occupées par des groupes armés ou transformées en abris pour les familles déplacées. Les enseignants ont fui ou ont été tués et le manque de ressources a rendu impossible l'enseignement virtuel ou alternatif. Sans accès à l'école, une génération entière risque de grandir sans éducation, ce qui aggravera encore la pauvreté et l'instabilité de l'avenir du Soudan. Les enfants risquent également d'être recrutés par des groupes armés.
Les enfants du Soudan ont besoin d'un effort international coordonné pour assurer leur survie et leur bien-être à long terme
Majid Rafizadeh
La souffrance des enfants du Soudan n'est pas seulement une tragédie, c'est aussi un échec de la communauté internationale. Malgré l'ampleur de la crise, le Soudan a reçu beaucoup moins d'attention et d'aide que d'autres pays déchirés par la guerre. Les enfants du Soudan ne doivent pas être oubliés. Leurs souffrances sont la conséquence directe de l'inaction mondiale et répondre à leurs besoins devrait être une priorité internationale urgente.
Il y a plusieurs raisons essentielles pour lesquelles le monde doit donner la priorité aux enfants du Soudan. La communauté internationale a le devoir de protéger les plus vulnérables en temps de guerre. Les atrocités commises à l'encontre des enfants soudanais – notamment les viols massifs, les exécutions et la famine forcée – constituent des violations manifestes du droit humanitaire international. Le monde ne peut pas fermer les yeux sur ces crimes. Une crise prolongée au Soudan contribuera à accroître l'instabilité en Afrique, les flux de réfugiés, la violence transfrontalière et le recrutement d'extrémistes. En accordant la priorité aux enfants du Soudan, la communauté internationale peut contribuer à prévenir de futurs conflits.
La réponse actuelle à la crise soudanaise est insuffisante. Les agences d'aide luttent pour fournir les produits de première nécessité en raison du manque de fonds et des menaces qui pèsent sur la sécurité. Les enfants du Soudan ont besoin de plus qu'une simple aide temporaire, ils ont besoin d'un effort international coordonné pour assurer leur survie et leur bien-être à long terme. Pour faire face à cette crise, les dirigeants mondiaux et l'Union africaine doivent prendre des mesures urgentes.
Un cessez-le-feu durable doit être négocié et appliqué pour faire parvenir l'aide humanitaire à ceux qui en ont besoin. Les combats doivent cesser pour donner aux enfants du Soudan une chance de survie.
La communauté internationale doit également augmenter de manière significative le financement des programmes d'alimentation, de soins de santé et d'éducation. Les enfants du Soudan ne peuvent pas attendre que des procédures bureaucratiques retardent une aide vitale. La déclaration de Djeddah est un pas dans la bonne direction, mais elle doit être renforcée et pleinement mise en œuvre. Une pression accrue devrait être exercée sur les parties belligérantes pour qu'elles honorent leurs engagements et permettent à l'aide de circuler librement.
Les organisations humanitaires sur le terrain ont besoin de plus de ressources et de protection pour atteindre les communautés les plus vulnérables. Les gouvernements et les donateurs doivent soutenir ces efforts afin que l'aide parvienne aux enfants dans le besoin. En outre, la communauté internationale doit prendre des mesures à l'encontre des personnes responsables de crimes de guerre contre les enfants, afin de garantir la justice et la dissuasion contre d'autres atrocités.
En bref, alors que la guerre au Soudan s'éternise, les enfants du pays continuent de payer le prix le plus élevé. Ils ont perdu leurs maisons, leurs familles, leur sécurité et leur avenir. Chaque jour où l'inaction prévaut signifie que davantage d'enfants mourront de faim, mourront ou seront victimes de la violence. Les enfants du Soudan ne sont pas de simples statistiques, ils représentent l'avenir d'une nation. Leur souffrance devrait inciter la communauté internationale à agir immédiatement.
Majid Rafizadeh est un politologue irano-américain formé à Harvard.
X: @Dr_Rafizadeh
NDLR: L’opinion exprimée dans cette page est propre à l’auteur et ne reflète pas nécessairement celle d’Arab News en français.
Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com
