En grandissant dans la communauté juive de New York, je n’étais pas réellement conscient du Ramadan. Je ne savais pas grand-chose de son importance pour des milliards de musulmans dans le monde, et encore moins de la signification spirituelle de ses rituels.
Quand j’étais jeune, les fêtes religieuses étaient célébrées quartier par quartier. Des vagues d'immigrants apportaient des coutumes uniques tout en se joignant à une marche vers un rêve américain commun. Mais au cours des dernières décennies, avec l'accélération de la mondialisation et l'effondrement des barrières partout dans le monde, beaucoup d'entre nous sont devenus intimement liés à l'histoire des musulmans et de l'Islam et ont appris comment le Ramadan comporte des leçons pour nous tous.
J'ai eu le privilège de rompre le jeûne pendant le Ramadan, du Golfe au Maghreb, aux côtés d'hommes d'État et d'universitaires, d'étudiants et d'imams. J'ai trouvé ces expériences personnellement et professionnellement édifiantes, et les parallèles avec le jeûne juif, ou ta'anit, sont difficiles à manquer.
Nous avons tous tendance à penser d'abord aux rituels pratiques du jeûne et des cérémonies. Bien que ces pratiques soient sacrées, elles servent également à laisser place à la réflexion.
Dans la tradition musulmane, le prophète Mahomet s'est d'abord retiré dans la grotte du mont Hira en raison de son mécontentement face à la tension sociale, l'injustice et la discrimination répandues à son époque. Le Coran raconte que lorsque l'ange Gabriel a délivré la première révélation de Dieu à Mahomet, celui-ci a d'abord été chargé de lire, mais a répondu qu'il n'en était pas capable.
Et pourtant, le verset coranique nous dit : « Qui a enseigné par la plume – a enseigné à l'homme ce qu'il ne savait pas. » Même si Mahomet n'était pas alphabète, il a pu recevoir les révélations par la grâce de Dieu et les retranscrire pour le bien de l'humanité. Je ne suis pas un théologien ou un spécialiste de l'Islam, mais le message résonne en moi. Il s'agit du fait que la religion occupe une place particulière pour les humains qui cherchent à franchir des obstacles qui semblent insurmontables, et que la vraie foi peut nous amener dans des endroits que nous ne pourrions peut-être pas atteindre par nos propres moyens.
En ce Ramadan, en regardant les conflits et les carnages dans le monde d'aujourd'hui, intériorisons la leçon de la révélation de Mahomet : si nous avons la foi, nous pouvons surmonter ce qui semble impossible.
Rabbin Marc Schneier
De même, la Torah, dans le Lévitique, demande à tous les Juifs de jeûner le jour de l'expiation, Yom Kippour, qui se trouve également être la date à laquelle, selon notre croyance, Moïse a reçu les dix commandements de Dieu et a transmis sa révélation aux Israélites. Nous jeûnons pour le péché de l'ignorance et l'adoration de faux dieux, et par le jeûne nous cherchons la force de surmonter la tentation et de réaliser une foi pure qui nous mènera au-delà de nos propres limites.
À bien des égards, le monde est plus équitable et plus juste aujourd'hui qu’il ne l’était dans la péninsule arabique préislamique ou dans l'ancienne Jérusalem, et nous ne sommes pourtant toujours pas à la hauteur des conseils donnés dans toutes les révélations divines. Après tout, nous sommes humains. Nous sommes imparfaits.
En ce Ramadan, en regardant les conflits et les carnages dans le monde d'aujourd'hui, intériorisons la leçon de la révélation de Mahomet : si nous avons la foi, nous pouvons surmonter ce qui semble impossible. Le miracle n’est peut-être pas le triomphe sur l'analphabétisme, mais celui de la paix là où nous ne voyons que la guerre.
Le jeûne, ou Sawm, pendant le Ramadan est le quatrième pilier de l'Islam et revêt une importance cruciale pour les musulmans pieux. Mais ce n'est pas un concept étranger pour de nombreux autres croyants dans le monde. Nous autres fidèles de New York connaissons cette pratique et respectons l'engagement religieux, social et personnel qu'elle implique. Nous voyons comment les musulmans rompent le jeûne ensemble, plutôt que seuls, ce qui reflète l'objectif historique de l'Islam de veiller à ce que personne ne soit laissé pour compte dans la société et à ce que chacun ait quelque chose pour subvenir à ses besoins.
Enfin, je trouve cela très significatif que deux des fêtes les plus importantes de nos croyances respectives – les saisons sacrées du Ramadan et de la Pâque - coïncident cette année.
Il est plutôt rare que les saisons sacrées de l'Islam et du Judaïsme convergent si étroitement. Une telle coïncidence offre une occasion rare pour les juifs et les musulmans de prendre quelques instants pendant nos célébrations séparées pour penser à nos frères et sœurs de l'autre religion et prier pour leur bonheur et leur bien-être, tout en se rappelant notre connectivité et nos points communs. Chacune des deux religions remonte à notre patriarche vénéré Abraham/Ibrahim.
Les points communs entre la Pâque et le Ramadan sont également frappants. Les deux fêtes impliquent la prière, la réflexion et la célébration commune. Les adeptes du judaïsme et de l'islam observent tous deux d'importantes restrictions alimentaires. Ces rituels nous rappellent les nobles principes et valeurs que nous partageons et l'engagement en faveur de la tolérance, du respect mutuel et de la coexistence pacifique inhérents à toutes les religions.
Le rabbin Marc Schneier est président de la Foundation for Ethnic Understanding. Il est co-auteur avec l'imam Shamsi Ali de l’ouvrage Sons of Abraham: A Candid Conversation About the Issues that Divide and Unite Muslims and Jews.
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Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com