Le 22 septembre 2023, le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahou, a pris la parole, triomphant, à la tribune de l’Assemblée générale des nations unies.
Il a proclamé au monde, y compris aux prétendus experts qui doutaient de sa capacité et de son sens du rétablissement de la paix, que les accords d’Abraham, signés par Israël avec les Émirats arabes unis (EAU), Bahreïn, le Maroc et le Soudan en 2020, «ont annoncé une nouvelle ère de paix».
Il a ensuite affirmé, non sans audace: «Mais je crois que nous sommes à l’aube d’une avancée encore plus spectaculaire: celle d’une paix historique entre Israël et l’Arabie saoudite.»
Ces dernières semaines, l’Arabie saoudite, le Qatar et les EAU ont déclaré à Israël et à l’administration Biden qu’ils étaient prêts, avec le soutien de l’Égypte et de la Jordanie, à offrir une aide considérable pour la reconstruction de Gaza, mais à la seule condition que le gouvernement israélien œuvre en faveur d’un État palestinien.
Dans un discours prononcé lors de la réunion annuelle du Forum économique mondial à Davos, en Suisse, la semaine dernière, le ministre saoudien des Affaires étrangères, le prince Faisal ben Farhane, a soutenu: «La paix et la sécurité d’Israël sont intimement liées à la paix et à la sécurité des Palestiniens. Nous sommes pleinement d’accord avec cela.»
Dans un entretien accordé dimanche à Farid Zakaria de CNN, le prince Faisal a souligné que la création d’un État palestinien aux côtés d’Israël était «la seule façon pour nous d’en tirer des bénéfices. Nous avons besoin de stabilité et seule la résolution de la question palestinienne permettra d’y parvenir».
«La réaction de Netanyahou a semé la confusion et potentiellement l’échec de cette initiative diplomatique vitale.»
Le rabbin Marc Schneier
Cependant, la réaction de Netanyahou à la déclaration saoudienne a semé la confusion et a peut-être provoqué l’échec de cette initiative diplomatique si importante dans ce moment critique. Certains détails de l’initiative saoudienne sont peut-être nouveaux, mais le principe sous-jacent ne l’est clairement pas.
Les responsables saoudiens font preuve de cohérence depuis plus d’une décennie, évoquant la normalisation avec Israël parallèlement à la création d’un État palestinien.
Lorsque j’ai rencontré, en privé, le ministre de la Défense, le prince Khaled ben Salmane, et le prince Faisal à Riyad, en 2020, ils ont tous deux explicitement défini la position du Royaume.
Ils ont déclaré que le pays appelait à l’émergence d’un Moyen-Orient qui comprendrait un futur État palestinien et Israël vivant côte à côte dans la paix et la sécurité. En réalité, cette offre a été proposée par l’Arabie saoudite depuis l’Initiative de paix arabe de 2002.
Alors, pourquoi Netanyahou est-il surpris par l’offre de diriger la reconstruction de Gaza en échange d’une solution à deux États? Pourquoi le Premier ministre israélien réagit-il maintenant comme si la position saoudienne sur l’État palestinien était une information nouvelle?
Comment, alors, Netanyahou pourrait-il proclamer au monde, de la tribune de l’ONU, que nous sommes sur le point de décrocher le prix ultime – la normalisation entre Israël et l’Arabie saoudite – sans admettre que la création d’un État palestinien serait la condition à cette grande récompense?
«La position du Royaume sur la normalisation n’a pas changé, même à la lumière de la crise actuelle à Gaza.»
Le rabbin Marc Schneier
Personne ne peut nier que la position saoudienne, réitérée par le ministre des Affaires étrangères et réaffirmée par l’administration Biden, n’a rien de surprenant.
Le Royaume a exprimé à maintes reprises son espoir et son désir de normalisation avec Israël en échange d’un État palestinien. Sa position sur la normalisation n’a pas changé, même à la lumière de la crise actuelle à Gaza.
Monsieur le Premier ministre, nous devons saisir cette occasion historique.
Nous devons reconnaître la cohérence et l’authenticité de l’Arabie saoudite, qui témoignent deson désir d’établir un Moyen-Orient où régneraient la paix, la prospérité et la coexistence.
Le rabbin Marc Schneier est président de la Foundation for Ethnic Understanding, et consultant reconnu de nombreux États du Golfe.
NDLR: L’opinion exprimée dans cette page est propre à l’auteur et ne reflète pas nécessairement celle d’Arab News en français.
Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com