L'Arabie saoudite, véritable défenseur du modèle interconfessionnel

Il y a cinq ans, l’évocation même de l’université Yeshiva, la célèbre institution d'enseignement supérieur juif aux États-Unis, honorant le secrétaire général de la Ligue islamique mondiale (LIM), basée à La Mecque, aurait suscité la stupéfaction, voire l'indignation pure et simple.

Mais tel est le résultat de l’incroyable progression de la renommée du Dr Mohammed ben Abdelkarim al-Issa, devenu presque unanimement un champion interconfessionnel à l’échelle mondiale. Étant le principal partisan du rapprochement judéo-musulman dans le monde, la cérémonie du mois dernier à New York semblait tout à fait appropriée – sinon attendue depuis longtemps. Elle a renforcé l’émergence de l'Arabie saoudite comme la figure de proue pour établir des ponts au Moyen-Orient et dans le monde entier.

Au cours de sa courte période à la tête de la LIM, Al-Issa est devenu le symbole de la nouvelle Arabie saoudite, qui s'est énergiquement hissée au premier plan des efforts visant à établir la compréhension, la coexistence pacifique et les partenariats entre les différentes confessions, cultures et peuples du monde.

Son voyage de janvier 2020 à Auschwitz, par exemple, à la tête d'une délégation multinationale d'imams et de chercheurs musulmans, aux côtés de l'American Jewish Committee, a brisé des tabous dans la communauté islamique et les nations occidentales. Sa prière sur le site d'une telle horreur a constitué une reconnaissance de la souffrance historique du peuple juif et une démonstration d'un véritable engagement à créer un avenir brisant les anciennes divisions.

Mais ce n'a pas été la seule contribution d'Al-Issa. Après les attaques terroristes dévastatrices de Pâques au Sri Lanka, Al-Issa a uni les bouddhistes et les musulmans autour d’un accord de réconciliation. Il a établi des partenariats historiques avec l'Église catholique et d'autres confessions chrétiennes, ainsi qu’avec les hindous et d'autres religions, pour promouvoir la tolérance et la compréhension. Il a réuni des chercheurs et des dirigeants communautaires d'États manifestement fragmentés tels que l'Irak et l'Afghanistan, pour souligner le caractère sacré de la non-violence.

Le réseau mondial de la Fondation pour la compréhension ethnique que je dirige, a eu la chance de travailler avec Al-Issa et son organisation. En 2019, nous avons réuni des imams et des rabbins dans leurs mosquées et synagogues à travers trente-cinq pays pour instruire les groupes d'étudiants musulmans et juifs, les jeunes dirigeants, les familles et les enfants, sur les points communs de nos deux traditions religieuses. En nous concentrant sur la prochaine génération de croyants, nous espérons avoir un effet transformateur sur l'unité de notre communauté abrahamique, notre foi et notre destin communs.

Comme l'a affirmé le rabbin Dr Ari Berman, président de l’université Yeshiva, lors de la cérémonie il y a deux semaines, la mobilisation interconfessionnelle d'Al-Issa «reflète aujourd’hui une immense opportunité de réconciliation». Et, comme le secrétaire général de la LIM l’a résumé de façon concise, «nous pouvons avoir des différences, mais nous devons nous aimer les uns les autres et nous rassembler».

Al-Issa et l'Arabie saoudite mettent leurs promesses en paroles et en actes. Du centre Etidal, qui combat l'idéologie extrémiste, à l'adhésion historique de la monarchie aux délégations œcuméniques, le Royaume prouve sa réelle détermination à faire progresser la tolérance et à renforcer nos valeurs communes.

Et c’est essentiel, car le rôle de l'Arabie saoudite dans la discussion interconfessionnelle est aussi important que celui de tout autre pays. Les musulmans du monde entier se tournent vers le lieu de naissance de l'islam pour obtenir des conseils et, lorsque des personnalités telles qu'Al-Issa condamnent les déclarations niant l'Holocauste et donnent publiquement l’accolade aux représentants d'autres confessions en Europe ou aux États-Unis, elles fournissent un exemple puissant pour le présent et l’avenir. De telles actions renforcent l'écrasante majorité des modérés dans les pays musulmans et marginalisent les extrémistes, dont les actions entachent de manière injustifiée la réputation d'une foi noble.

«Le Royaume prouve sa réelle détermination à faire progresser la tolérance et à renforcer nos valeurs communes»

Rabbin Marc Schneier

Il y a plus d'une décennie, j'ai été honoré lorsque le regretté roi Abdallah m'a demandé de prononcer une allocution lors de son premier rassemblement de représentants religieux américains, après avoir présenté à l'ONU sa vision d'un nouvel organe consacré au rapprochement des civilisations. Son héritage est le Centre international du roi Abdallah ben Abdelaziz pour le dialogue interreligieux et interculturel, qui continue de promouvoir le respect de la diversité religieuse, la protection des lieux saints, et la dignité de tous les êtres humains.

Aujourd'hui, nous sommes heureux que le roi Salmane et son conseil des ministres soient tout aussi déterminés à promouvoir un plus grand respect international pour les «autres», tangible et perceptible. C’est le reflet d’une véritable compréhension pour laquelle, afin de créer une paix future et durable au Moyen-Orient comme ailleurs, nous avons besoin d'une alliance de peuples et de gouvernements.

Les dirigeants comme Al-Issa constituent les vrais ambassadeurs d'une telle campagne mondiale. L'Arabie saoudite et la communauté internationale sont chanceux de les avoir.

• Le rabbin Marc Schneier est président de la Foundation for Ethnic Understanding. Il est co-auteur avec l'imam Shamsi Ali de l’ouvrage Sons of Abraham: A Candid Conversation About the Issues that Divide and Unite Muslims and Jews.

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Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com