Une année décisive se profile pour la démocratie américaine

Avec les élections de mi-mandat du mois de novembre, l'électorat américain aura pour la première fois l'occasion de se prononcer sur la première moitié de la présidence de Joe Biden. (AFP)
Avec les élections de mi-mandat du mois de novembre, l'électorat américain aura pour la première fois l'occasion de se prononcer sur la première moitié de la présidence de Joe Biden. (AFP)
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Publié le Dimanche 09 janvier 2022

Une année décisive se profile pour la démocratie américaine

Une année décisive se profile pour la démocratie américaine
  • De nombreux experts politiques émettent l'hypothèse que 2022 sera une année décisive pour la démocratie américaine
  • Toute l’incertitude qui régnait à l’intérieur du pays s'est accompagnée d'un sentiment de dérive de la politique étrangère américaine

À l'occasion du premier anniversaire des émeutes de Washington, qui visaient à renverser l'élection du président américain, Joe Biden, de nombreux experts politiques émettent l'hypothèse que 2022 sera une année décisive pour la démocratie américaine.

Avec les élections de mi-mandat du mois de novembre, l'électorat américain aura pour la première fois l'occasion de se prononcer sur la première moitié de la présidence Biden. À dix mois d'intervalle, les prévisions ne sont guère optimistes pour le locataire de la Maison Blanche, âgé de 79 ans.

La popularité de Biden a chuté dans les sondages d'opinion; une majorité significative d'électeurs désapprouvent désormais son bilan. Après l’impression positive laissée par ses six premiers mois d’exercice, les électeurs, depuis l'été dernier, ont commencé à se retourner contre le leader américain.

Les raisons en sont nombreuses et variées. Malgré la promesse de l'administration de «battre» le virus Covid-19 d'ici à l'été, le programme de vaccination a perdu de son élan et le variant Omicron a frappé fort, avec le recensement récemment effectué de plus d'un million de cas par jour, un record mondial.

Cela a pesé sur l'économie. Bien que les prévisions de croissance économique cette année aient peu changé, le développement de l'emploi a ralenti, car les employeurs réfléchissent à deux fois avant d'embaucher en pleine vague d'Omicron; par ailleurs, les problèmes dont souffre la chaîne d'approvisionnement mondiale entravent la productivité.

Aux États-Unis, si vous êtes un employé qui ne travaillez pas dans le secteur financier – en plein essor –, vos perspectives de niveau de vie semblent aussi incertaines qu'à n’importe quel moment depuis le début de la pandémie, avec une flambée de l'inflation – à son plus haut niveau depuis quatre décennies – qui assombrit davantage l’avenir.

L'initiative Build Back Better («Reconstruire en mieux», NDLR) lancée par Biden pour relancer la croissance a également rencontré des difficultés: elle a été entravée par le Congrès et par l'opposition républicaine. Le paquet de 1,7 billion de dollars (1 dollar = 0,89 euro) est actuellement tombé dans l’oubli.

Toute l’incertitude qui régnait à l’intérieur du pays s'est accompagnée d'un sentiment de dérive de la politique étrangère américaine. Le retrait chaotique d'Afghanistan l'été dernier a assombri le tableau, tandis que d'autres situations internationales se sont détériorées.

La popularité de Biden a chuté dans les sondages d'opinion; une majorité significative d'électeurs désapprouvent désormais son bilan actuel.
 

Frank Kane

Les relations américano-chinoises n'ont pas vraiment repris, après plusieurs conversations de haut niveau entre Washington et Pékin. En réalité, la tension accrue à propos de Taïwan a constitué le thème récurrent. Le «découplage» économique fait à nouveau parler de lui; dans le même temps, les échanges entre les deux plus grandes puissances économiques du monde continuent de se rétrécir.

Sur la question qui est peut-être la plus brûlante – les capacités nucléaires croissantes de l'Iran –, il y a eu un manque flagrant de progrès, alors que les pourparlers de Vienne s'enlisent davantage à cause de l'intransigeance iranienne et des hésitations américaines.

Dans ce contexte, les experts politiques américains prévoient de gros revers pour Biden et les démocrates au mois de novembre, à mi-parcours. Le contrôle du Congrès pourrait facilement revenir aux républicains, faisant de Biden un président «boiteux» pour les deux années qui lui restent.

Mais c'est le sujet qui suit qui a le plus alarmé certains analystes: Ian Bremmer, fondateur du groupe de consultants politiques Eurasia, a récemment prédit un «point de basculement historique» dans la politique américaine si les républicains remportent les élections de mi-mandat au milieu d'accusations de fraude électorale et de suppression d'électeurs, ce qui poserait les jalons d’un deuxième mandat à la présidence de Donald Trump en 2024.

Quel que soit le résultat alors, il serait accompagné d'accusations selon lesquelles il a été soit «biaisé» soit «détourné» et créerait une «crise nationale de légitimité politique» qui pourrait même voir certains États (Bremmer cite la Californie) chercher à se séparer de l'Union.

Le monde doit espérer que ce point de crise ne sera pas atteint. Le système politique américain a résisté à de multiples menaces au cours de ses près de deux cent cinquante ans d'histoire et il n'y a aucune raison de penser qu'il n’est pas capable de relever un nouveau défi de taille.

Pour cela, toutefois, démocrates comme républicains doivent montrer leur volonté d'éviter le genre d'attitudes politiques polarisées qui sont devenues de plus en plus habituelles depuis 2016. D'ici à la fin de cette année, nous verrons dans quelle mesure ils peuvent y parvenir.

 

Frank Kane est un journaliste d'affaires souvent primé qui habite Dubaï.
Twitter : @frankkanedubai

 

NDLR : L’opinion exprimée dans cette page est propre à l’auteur et ne reflète pas nécessairement celle d’Arab News en français.

 

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com