Ces derniers mois, on a beaucoup parlé des États-Unis affaiblis, humiliés par leurs échecs en Afghanistan et distraits par les troubles internes. On a dit qu’ils avaient abandonné leurs alliés dans le monde arabe, laissant derrière eux une région engluée dans la confusion et l’instabilité.
Les preuves qui appuient ce récit ont souvent été citées: le retrait chaotique de Kaboul, la détermination en matière de reconstitution du Plan d’action global commun (PAGC) avec l’Iran et la prétendue distanciation des alliés traditionnels comme Israël, l’Égypte et les pays du Golfe.
Mon message au Moyen-Orient est simple: ne laissez pas tomber Joe Biden.
Attardons-nous sur le bilan du président au bout d’un an au pouvoir.
D’abord, Biden a évité de plonger la tête la première dans un nouvel accord nucléaire avec l’Iran qui mettrait en danger la sécurité des États-Unis ou de tout allié. En réalité, ses négociateurs se trouvent à Vienne pour échanger de manière lucide tout en veillant à ce que les Iraniens acceptent que des conditions strictes soient imposées à leur programme nucléaire. Entre-temps, aucune sanction américaine n’a été levée contre l’économie iranienne, au grand désarroi de Téhéran.
Ensuite, malgré un certain remaniement précoce des relations, Biden a maintenu et renforcé les amitiés de Washington les plus solides dans la région, affermissant les relations autour de la sécurité et des investissements et réintroduisant même des valeurs partagées.
Ce recentrage par rapport à l’approche plus transactionnelle de la politique étrangère de Donald Trump est essentiel pour rappeler à tout le monde les valeurs que les États-Unis défendent. Pourtant, Biden soutient fermement les partenaires les plus anciens et les plus proches du pays, comme le montre sa récente approbation d’une aide défensive à l’Arabie saoudite – un accord qui a été conclu malgré certaines contestations du côté démocrate.
Biden accorde la priorité à la paix et à la réconciliation. Après quelques réticences initiales, les pays et les populations qui vivent à proximité immédiate de la menace iranienne, des dangers d’Al-Qaïda et de Daech, ainsi que des conflits et des menaces non étatiques dans des pays comme la Syrie, le Liban et l’Irak, ont commencé à voir les avantages d’une position américaine moins belliqueuse.
Rabbin Marc Schneier
Le dirigeant américain est un allié d’Israël tout aussi fidèle que Trump, mais sans la politique personnelle, les sautes d’humeur brusques ainsi que les déclarations et les actions vindicatives qui continuent de caractériser l’ancien président.
Mais, surtout, Biden a placé la nation et les valeurs de la région au premier plan de la vision stratégique de son administration. L’avenir du Moyen-Orient n’est pas celui de l’idéologie extrémiste ou de l’exclusion religieuse. Il repose sur le développement, sur une intégration économique plus étroite avec le reste du monde et sur une prospérité partagée entre des territoires qui ont été trop longtemps séparés par d’anciennes animosités ou des différences ethniques, tribales et religieuses.
Biden accorde la priorité à la paix et à la réconciliation. Après quelques réticences initiales, les pays et les populations qui vivent à proximité immédiate de la menace iranienne, des dangers d’Al-Qaïda et de Daech, ainsi que des conflits et des menaces non étatiques dans des pays comme la Syrie, le Liban et l’Irak, ont commencé à observer les avantages d’une position américaine moins belliqueuse. Après tout, il est facile pour les États-Unis de tenir des propos fermes à des milliers de kilomètres, mais ce sont les peuples du Moyen-Orient qui paient le prix de toute guerre.
Le rendement de Biden dans la région est loin d’être la crise désastreuse souvent évoquée dans les médias internationaux.
Au contraire, de nombreux conflits endémiques qui régnaient dans la région se sont apaisés pendant son mandat. Les responsables saoudiens, émiratis et iraniens reprennent la parole. L’inclusion d’un parti politique arabe dans le nouveau gouvernement israélien offre un peu d’espoir quant à la possibilité de futurs pourparlers avec les Palestiniens. L’Irak a organisé des élections démocratiques et le différend entre les pays du Golfe et le Qatar n’existe plus.
Biden met tout simplement une nouvelle stratégie en œuvre pour le Moyen-Orient. Elle consiste à tirer parti de la puissance diplomatique inégalée de Washington pour résoudre ou atténuer un grand nombre de défis épineux qui ont ravagé cette partie du monde. Ces derniers comprennent la viabilité d’un futur État palestinien ainsi qu’une détente plus importante avec Téhéran susceptible de mettre fin aux guerres par procuration au-delà des frontières de la région.
Certes, la première année d’un nouveau commandant en chef à la Maison Blanche n’est jamais facile. Biden a du pain sur la planche, avec la pandémie, une reprise économique inégale caractérisée par une inflation élevée et les séquelles profondes d’une élection contestée, à la suite de laquelle des insurgés ont pris d’assaut le Capitole.
Dans la politique de Biden au Moyen-Orient, l’accent est mis autant sur les priorités régionales qu’américaines. Tous les acteurs phares du Moyen-Orient ont le devoir de garder la foi et de collaborer avec le dirigeant américain sur un projet qui renforce la sécurité et la prospérité, même si les progrès sont lents et le travail ardu.
Le rabbin Marc Schneier est président de la Foundation for Ethnic Understanding et conseiller auprès de plusieurs pays du Golfe.
NDLR: L’opinion exprimée dans cette page est propre à l’auteur et ne reflète pas nécessairement celle d’Arab News en français.
Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com