Le 30 mars 2018, les Palestiniens de la bande de Gaza ont commencé à organiser des manifestations hebdomadaires contre le blocus sévère imposé par Israël.
Le moment choisi était symbolique, puisqu’il commémore ce jour de mars 1976 où six citoyens Palestiniens d’Israël ont été tués alors qu’ils manifestaient contre les projets d’Israël de saisir des milliers d’acres de terres appartenant à des Arabes «à des fins d’État».
Les manifestants palestiniens ont qualifié cette série de contestations à Gaza de «Grande marche du retour». Le monde a alors pu voir des milliers de civils agiter des drapeaux palestiniens et marchant vers la frontière de Gaza. L’enclave est essentiellement une prison à ciel ouvert, contrôlée par Israël. Les manifestations ont pris fin en décembre 2019.
Pendant près de deux ans, des dizaines de milliers de Palestiniens de Gaza se sont rassemblés tous les vendredis à la frontière avec Israël pour manifester. Les soldats israéliens, positionnés en toute sécurité derrière des fortifications blindées, ont utilisé des fusils de sniper, tuant 223 manifestants et en blessant 8 000 autres.
Parmi les personnes tuées par les soldats israéliens lourdement armés, on compte des journalistes, des femmes, des enfants (46 victimes avaient moins de 18 ans), des personnes âgées, des secouristes et plusieurs infirmières.
Afin de répondre à l’indignation internationale croissante, l’État hébreu a annoncé qu’il mènerait sa propre enquête sur les meurtres.
Cette semaine, deux organismes de défense des droits de l’homme – B’Tselem et le Centre palestinien pour les droits de l’homme – ont publié les résultats d’une enquête à la suite de l’investigation israélienne, concluant que cette dernière était une ruse et qu’aucune des personnes ayant donné l’ordre d’ouvrir le feu n’avait jamais fait l’objet d’une enquête. Le rapport de 31 pages des deux ONG, Unwillling and Unable: Israel’s Whitewashed Investigations of the Great March of Return, peut être lu dans son intégralité en ligne.
Israël cherche lui à mettre en place un mécanisme de défense juridique au cas où la Cour pénale internationale (CPI), qui enquête sur ses abus dans la bande de Gaza, rendait une décision défavorable. Israël espère miner l’enquête de la CPI en affirmant – à tort dans cette affaire – que les accusations ont fait l’objet d’une enquête et que cette dernière est responsable et juste.
L’enquête de la CPI et les accusations selon lesquelles Israël blanchit les crimes de guerre ont beaucoup contribué à pousser l’État hébreu à interdire à six organismes de défense des droits de l’homme de faire leur travail. Leurs locaux ont été perquisitionnés, leurs ordinateurs saisis et leur personnel arrêté. Israël veut faire taire les critiques qui ont accumulé les éléments de preuve nécessaires pour contredire et exposer ses mensonges.
Cette prétendue enquête israélienne n’a pas été menée par une entité «indépendante», comme le pays le prétend, mais par le groupe accusé des meurtres, à savoir les Forces de défense israéliennes.
L’État hébreu affirme vouloir la paix mais, en réalité, c’est indéniablement celui qui contribue le plus à la violence. Un très grand nombre de Palestiniens sont blessés et tués aux mains des soldats israéliens, de la police et des colons armés à l’intérieur d’Israël et dans les Territoires occupés.
Tous ceux qui sont sidérés par la manière dont les politiciens américains flattent Israël – fermant les yeux sur ses violations des droits de l’homme et sa violence, tout en exagérant l’importance des actes violents des Palestiniens – ont la responsabilité de les aider à voir la vérité.
«Cette prétendue enquête israélienne n’a pas été menée par une entité “indépendante”, comme le pays le prétend, mais par le même groupe accusé des meurtres, à savoir les Forces de défense israéliennes.» Ray Hanania
Tous ceux qui croient en les droits de l’homme et s’opposent à toute forme de violence devraient envoyer une copie du rapport de 31 pages au membre du Congrès qui les représente. Chacun devrait faire entendre sa voix. Ouvrir les yeux des membres du Congrès qui sont prêts à faire fi de la justice pour recevoir des centaines de milliers d’euros pour leur campagne de la part des comités d’action politique soutenant Israël.
Tant que ce financement se poursuivra, la vérité sera tuée presque aussi vite que les Palestiniens sont blessés ou tués. Notons qu’entre 2008 et 2020 les Palestiniens ont tué 251 Israéliens, tandis qu’Israël a tué 5 590 Palestiniens. Ces statistiques n’incluent pas les 115 000 Palestiniens qui ont été blessés, contre près de 5 000 côté israélien.
Ray Hanania est un ancien journaliste politique et chroniqueur primé de la mairie de Chicago. Il peut être contacté sur son site Web personnel à l’adresse www.Hanania.com.
Twitter: @RayHanania
NDLR: L’opinion exprimée dans cette page est propre à l’auteur et ne reflète pas nécessairement celle d’Arab News en français.
Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.