Lundi, le monde a célébré la Journée internationale de solidarité avec le peuple palestinien. La date du 29 novembre marque chaque année l'anniversaire de l'adoption par l'Assemblée générale des Nations unies en 1947 du plan de partage de la Palestine, la résolution 181, qui visait à établir deux États, un arabe et un juif.
Cette journée de solidarité offre traditionnellement l'occasion pour la communauté internationale de rappeler que la question de la Palestine n'est toujours pas résolue, et que son peuple n'a pas encore obtenu ses droits inaliénables tels que définis par l'ONU: le droit à l'autodétermination sans ingérence extérieure, le droit à l'indépendance et à la souveraineté nationales, et le droit de retourner vivre dans leur lieu d’origine.
Mais beaucoup de sympathisants se demandent comment ils peuvent être solidaires avec le peuple palestinien? Voici quelques idées pratiques.
Sur un plan politique, il faut que les gouvernements passent du stade des paroles en l'air à des décisions concrètes et énergiques. Les Parlements de la plupart des pays européens ont voté pour reconnaître une solution à deux États, même si seule la Suède a eu le courage de le faire officiellement. Si des pays craignent une probable réaction israélienne hostile, ils peuvent constater que Tel-Aviv a renouvelé ses relations cordiales avec Stockholm en dépit de la rupture initiale de leurs liens à la suite de cette décision.
Le message est clair et les Israéliens savent qu'ils ne peuvent pas se passer trop longtemps de relations internationales. Certains pays européens préfèrent reconnaître la Palestine à l'unisson. Une solution qui serait excellente, mais très peu probable avec l’actuel gouvernement israélien, considéré comme opposé à toute négociation avec les Palestiniens. Ils doivent reconnaître la Palestine dans les frontières de 1967, ou sur les frontières que l'ONU a approuvées en 1947.
Publiquement, il est important de renforcer la solidarité avec le peuple palestinien en encourageant les accords de jumelage entre des villes et des organisations, en visitant la Palestine, et en parrainant un secteur de la vie et de l'économie palestiniennes.
Sur le plan économique, il y a beaucoup à faire à la fois avec la Palestine et avec ceux qui soutiennent les Palestiniens. Investir en Palestine, acheter des produits palestiniens, séjourner dans des hôtels palestiniens et se rendre dans des restaurants palestiniens sont un must pour tout un chacun, que cela concerne des visites touristiques ou un pèlerinage dans la région.
Par ailleurs, les organisations et les entreprises qui ont osé défier le puissant lobby pro-israélien doivent être soutenues. Les actions d’Unilever, propriétaire de Ben & Jerry's, ont perdu 6 % en Bourse depuis la décision de la marque de glaces en juillet d'arrêter la vente dans les colonies israéliennes illégales. Toute personne possédant un portefeuille d'actions peut simplement recommander à ses courtiers d'acheter des actions Unilever, annulant ainsi les efforts visant à nuire économiquement à toute entreprise osant contester Israël.
Sur le plan confessionnel, il reste beaucoup à faire pour améliorer les relations avec les fidèles en Palestine, tant musulmans que chrétiens. À l'approche de Noël, il est important de rappeler au monde que le lieu de naissance de Jésus est sous occupation israélienne et que les chrétiens palestiniens constituent un élément dynamique du mouvement national palestinien. Un groupe de chrétiens palestiniens, Kairos Palestine, a lancé un appel à l'action avec des activités spécifiques, qu’il est possible de consulter sur le site cryforhope.org.
Enfin, alors que les Palestiniens ont besoin d'un soutien politique pour mettre fin à l'occupation sinistre et illégale ainsi qu’aux colonies de peuplement, il est nécessaire de contredire le discours des propagandistes israéliens et pro-israéliens, qui rejettent continuellement les critiques de leur occupation, des démolitions de maisons et des violations des droits humains, en accusant les Palestiniens de ne pas être ouverts aux négociations.
Les organisations et les entreprises qui ont osé défier le puissant lobby pro-israélien doivent être soutenues.
Daoud Kuttab
Les fausses promesses faites par l'administration américaine sous Trump lors de précédents pourparlers ont laissé la place à une prise de position israélienne plus sincère et honnête, mais fausse. Après son dernier sommet avec Joe Biden, le premier ministre israélien, Naftali Bennett, s'est vanté auprès des groupes juifs américains d'avoir dit au leader du monde libre que son gouvernement n'était pas intéressé par des négociations avec les Palestiniens. Ainsi, l'occupant cherche actuellement à maintenir indéfiniment l'occupation militaire dans les régions entre le Jourdain et la Méditerranée, pendant que son gouvernement pratique ce qui a été décrit par les ONG israéliennes et internationales comme une politique d'apartheid.
La nécessité de faire preuve de solidarité avec le peuple palestinien ne devrait pas se limiter à un seul jour. Un engagement international pour mettre fin à ce conflit, soutenu par des efforts continus, doit être prioritaire. Il fait au contraire se lever tout au long de l’année contre le fléau de l'occupation, et soutenir véritablement les revendications palestiniennes de liberté et d'indépendance, pour lesquelles de nombreuses personnes ont payé de leur vie.
Mettre fin à l'occupation est en fin de compte le meilleur moyen de montrer une réelle solidarité avec le peuple de Palestine.
Daoud Kuttab est un journaliste palestinien primé et ancien professeur Ferris de journalisme à l'Université de Princeton. Twitter: @daoudkuttab
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Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com