Deux poids, deux mesures: la douleur chrétienne pour l’Ukraine, le silence pour Gaza

Des sauveteurs fouillent les décombres sur le site d'une attaque au missile à Sumy, en Ukraine. 13 avril 2025 (AFP)
Des sauveteurs fouillent les décombres sur le site d'une attaque au missile à Sumy, en Ukraine. 13 avril 2025 (AFP)
Short Url
Publié le Vendredi 18 avril 2025

Deux poids, deux mesures: la douleur chrétienne pour l’Ukraine, le silence pour Gaza

Deux poids, deux mesures: la douleur chrétienne pour l’Ukraine, le silence pour Gaza
  • Le gouvernement israélien a, en quelque sorte, placé les États-Unis sous une forme de «carcan d’intimidation»
  • Toute critique envers Israël est aussitôt taxée d’antisémitisme

Le dimanche des Rameaux, célébré la semaine dernière, a marqué le commencement d'une période sacrée durant laquelle les chrétiens méditent sur la promesse d'espérance et de rédemption incarnée par la mort et la résurrection de Jésus – des piliers essentiels de leur foi.

Cette journée a ouvert la voie aux célébrations pascales de ce week-end. Pâques constitue en effet le moment le plus significatif de l'année pour les chrétiens, surpassant même Noël, qui commémore la naissance du Christ. Ensemble, ces fêtes sacrées expriment les fondements d’une foi qui rejette la violence et valorise la compassion envers les plus démunis.

Il était donc intéressant de voir comment les chrétiens ont réagi le week-end dernier à deux incidents violents perpétrés par des armées terroristes.

D'une part, les forces russes ont attaqué la ville de Sumy en Ukraine, où des dizaines de civils qui célébraient le dimanche des Rameaux ont été massacrés. L'autre était un assaut des forces israéliennes sur plusieurs sites de la ville de Gaza qui a coûté la vie à des dizaines de Palestiniens, y compris des frappes qui ont détruit ou endommagé des parties de l'hôpital anglican Al-Ahli.

Les chrétiens d'Occident, y compris d'Amérique, se sont réveillés le dimanche des Rameaux sous un déluge de nouvelles concernant l'assassinat de 33 personnes à Sumy et l'indignation exprimée par le président ukrainien Volodymyr Zelensky et les dirigeants du monde entier.

Lorsque les frappes israéliennes à Gaza ont été mentionnées, les médias n'ont pas fait le lien entre les victimes et l'hôpital chrétien.

                                             Ray Hanania

À près de 2 200 kilomètres de Sumy, Israël a lancé des frappes de missiles sur la ville de Gaza qui ont tué plus de 20 Palestiniens et détruit ou endommagé des parties de l'hôpital Al-Ahli, un symbole de la présence chrétienne dans le territoire qui a été effacé par l'assaut israélien de 19 mois.

Les médias grand public ont abondamment décrit les frappes de missiles russes sur Sumy, en Ukraine, et les 33 personnes qui y ont trouvé la mort, mais ils l'ont moins fait lorsqu'il s'est agi de couvrir le bombardement par Israël de l'hôpital chrétien Al-Ahli et les 20 personnes qui y ont trouvé la mort.

Beaucoup comprennent les raisons de ce manque d’humanité observé non seulement chez certains chrétiens, mais aussi chez une grande majorité d’Américains: le gouvernement israélien a, en quelque sorte, placé les États-Unis sous une forme de «carcan d’intimidation». Toute critique envers Israël est aussitôt taxée d’antisémitisme.

Les titulaires de cartes vertes ou de visas qui osent dénoncer le génocide à Gaza sont arrêtés, accusés à tort de soutenir le «Hamas» ou d’encourager le «terrorisme».

Quand les médias américains ont couvert les frappes russes sur la ville ukrainienne de Soumy, ils ont souligné l’importance symbolique de la date – le dimanche des Rameaux –, l’Ukraine étant une nation chrétienne. En revanche, lors des frappes israéliennes à Gaza, ce même symbolisme n’a pas été relevé, bien que les victimes incluaient des civils dans un hôpital chrétien.

Je suppose que nous ne savons pas si les femmes et les enfants tués à Gaza le dimanche des Rameaux étaient chrétiens ou musulmans. S'ils étaient musulmans, l'Occident semble apparemment se soucier encore moins d'eux que de la tragédie des Palestiniens chrétiens de Gaza, une communauté qui a été dévastée au cours des 19 mois de terrorisme israélien.

Ce que fait Israël à Gaza n'est pas seulement un crime de guerre et un acte d'une grande inhumanité, c'est une transgression de la pire espèce, motivée par la soif de sang des Israéliens.

Jésus a enseigné les principes de la non-violence, exhortant ses disciples à résister au mal non pas par la force physique, mais par l'amour, le pardon et l'absence de représailles. Il s'agissait notamment de tendre l'autre joue, d'aimer ses ennemis et de prier pour ses persécuteurs. Son enseignement mettait l'accent sur la résistance active à l'injustice par des moyens non violents et, ce faisant, démontrait que le véritable pouvoir réside dans la compassion et le refus de s'abaisser au niveau de l'oppresseur.

Ce qui se passe à Gaza contredit tout ce que les chrétiens défendent et, en l'ignorant, ils abandonnent les fondements mêmes qui font d'eux des chrétiens.

Les chrétiens américains qui restent silencieux ne sont pas vraiment chrétiens. Ils sont le contraire de chrétiens.

Ray Hanania est un ancien journaliste politique et chroniqueur primé de la mairie de Chicago. Il peut être joint sur son site web personnel à l'adresse suivante: www.Hanania.com. 

X: @RayHanania

NDLR: L’opinion exprimée dans cette page est propre à l’auteur et ne reflète pas nécessairement celle d’Arab News en français.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com