En 1975, l'Organisation des nations unies (ONU) a adopté une résolution décrivant avec précision le sionisme, un mouvement politique, comme «une forme de racisme». Au total, soixante-douze nations ont soutenu la résolution 3 379, tandis que trente-cinq nations s'y sont opposées. Trente-deux autres pays se sont abstenus, craignant probablement des répercussions des États-Unis, qui envoient des milliards de dollars d'aide étrangère à Israël.
La décision de qualifier le sionisme de «racisme» est intervenue un an après l’octroi du statut d'observateur à l'Organisation de libération de la Palestine (OLP), ce qui, in fine, a ouvert la porte à des négociations avec Israël dans les années 1980 et aux accords d'Oslo dans les années 1990. Ceux-ci ont finalement échoué en raison de l'opposition des extrémistes politiques du gouvernement israélien.
L'une des nombreuses demandes d'Israël était la révocation de la déclaration antisioniste de 1975, chose faite en 1991 par l'ONU en considération de nouveaux efforts pour parvenir à la paix. De même, l'OLP a accepté de modifier sa charte pour permettre la reconnaissance d'Israël.
Bien que les accords de paix aient été torpillés – et leur coauteur, le Premier ministre israélien, Yitzhak Rabin, assassiné – les violations des droits humains par Israël ont été perçues différemment au cours des périodes transitoires qui ont suivi. De nombreuses organisations de défense des droits de l'homme ont été formées, dont B'Tselem, le Centre israélien pour les droits de l'homme dans les territoires occupés. B’Tselem et d’autres organisations ont ensuite braqué les projecteurs sur les violations des droits humains commises par Israël en s’appuyant sur des faits, des preuves vidéo et des témoignages.
Les défenseurs d'Israël affirment qu'il est pris pour cible et que de nombreuses organisations palestiniennes se livrent à des violations des droits humains. La différence est, bien sûr, qu'Israël est un gouvernement souverain et que la souveraineté de l'État exige le respect des droits de l'homme et de la primauté du droit – ce qu'Israël a toujours ignoré.
Le mois dernier, Israël a déclaré que B'Tselem et cinq autres groupes de défense des droits humains étaient des «organisations terroristes». Cependant, B'Tselem continue de bénéficier d'un large soutien parmi les communautés internationales des droits humains et des droits civiques. L’organisation a rétorqué en insistant sur le fait qu'il n'y avait aucune preuve qui justifie une telle décision.
Sans ces six organisations, le monde ne serait pas au courant des nombreuses atrocités commises par Israël contre des civils non armés. La semaine dernière, par exemple, B'Tselem a révélé que des soldats israéliens avaient abattu en août un garçon de 15 ans dans le camp de réfugiés de Balata. Le garçon, Imad al-Hashash, a reçu une balle dans la tête tout simplement parce qu’il avait filmé les soldats depuis le toit de sa maison.
Sans de telles organisations, le monde ne serait pas au courant des nombreuses atrocités commises par Israël.
Ray Hanania
L'armée israélienne a publié une déclaration affirmant que le garçon avait été abattu à la suite d'un conflit «violent» qui a éclaté alors que les soldats quittaient le camp de réfugiés. Mais B'Tselem a prouvé que c'était encore un mensonge israélien.
Chaque fois qu'Israël veut camoufler une atrocité, il fabrique des rapports de violence qui, selon lui, ont été déclenchés par des «terroristes» palestiniens. Normalement, dans de telles situations, on s'attend à ce que les médias enquêtent et rapportent la vérité sur ces affrontements violents. Mais, en Israël, les journalistes sont censurés et interdits de fournir les détails des missions militaires. La plupart sont conditionnés à supprimer ces détails de leurs reportages.
La charge de faire éclater la vérité retombe donc sur les épaules d'organisations courageuses comme B'Tselem, qui a enquêté sur l'incident de Balata et déclare qu'il n'y a eu aucun incident violent – un soldat israélien a simplement vu le garçon filmer et a décidé de lui tirer dessus.
Cela ne signifie pas que l’acte sera puni. Cependant, le meurtre d'Imad al-Hashash conforte les preuves croissantes de violations des droits humains par Israël, ce qui pourrait aider le reste du monde à mieux comprendre pourquoi ces six organisations de défense des droits humains ont été qualifiées de «groupes terroristes». Avec cette déclaration, Israël peut arrêter les dirigeants, les employés et les bénévoles de ces organisations, et confisquer leur équipement, notamment les preuves des atrocités israéliennes.
Mais ces organisations continuent d’œuvrer pour faire la lumière sur les exactions d'Israël. Pas plus tard que la semaine dernière, des organisations de défense des droits humains ont publié une vidéo de colons israéliens attaquant des fermiers palestiniens tandis que des soldats israéliens armés surveillaient et protégeaient les colons. Des milliers d'oliviers dans des fermes palestiniennes ont été déracinés par des colons armés sous l'œil vigilant de l'armée pendant la saison des récoltes en octobre et novembre.
Israël a fait taire les médias en Israël et dans les territoires occupés. Les organisations pro-israéliennes musellent également le Congrès américain en décourageant les critiques à coups de millions de dollars de dons pour les campagnes politiques.
Mais tant qu'il ne pourra pas faire taire les organisations de défense des droits humains comme B'Tselem, les histoires qu'Israël espère étouffer continueront d'être racontées, montrant son vrai visage.
Ray Hanania est un ancien journaliste politique et chroniqueur primé de la mairie de Chicago. Il peut être contacté sur son site Web personnel à l'adresse www.Hanania.com.
Twitter : @RayHanania
NDLR : L’opinion exprimée dans cette page est propre à l’auteur et ne reflète pas nécessairement celle d’Arab News en français.