Pourquoi l'Opep+ devrait s'en tenir à sa stratégie, malgré la COP26

Plusieurs raisons justifient que l’Opep+ s'en tienne à son plan d’action lors de la prochaine réunion de Vienne (Photo, Shutterstock).
Plusieurs raisons justifient que l’Opep+ s'en tienne à son plan d’action lors de la prochaine réunion de Vienne (Photo, Shutterstock).
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Publié le Dimanche 07 novembre 2021

Pourquoi l'Opep+ devrait s'en tenir à sa stratégie, malgré la COP26

Pourquoi l'Opep+ devrait s'en tenir à sa stratégie, malgré la COP26
  • Joe Biden aimerait que davantage de brut soit pompé pour atténuer la flambée des prix
  • Le marché mondial de l'énergie est en ce moment dans un tel état de volatilité que la politique de l'Opep+ peut être considérée comme une référence de stabilité

Alors que écologistes appellent à l'abolition de tous les combustibles fossiles lors de la Conférence des nations unies sur le changement climatique de 2021 (COP26) de Glasgow, à Vienne, la fine fleur de l'industrie pétrolière se met au travail.

La réunion mensuelle régulière du partenariat Opep+ – l'Organisation des pays exportateurs de pétrole, dirigée par l'Arabie saoudite et la Russie – est prévue le 4 novembre, et, bien que les grandes lignes de la stratégie soient claires, un sujet est susceptible de dominer cette réunion, ainsi que les prochaines: le fait que certains pays non membres de l'Opep+ demandent que l'organisation augmente sa production.

Le président américain, Joe Biden, a parrainé ces requêtes. Il voit le prix du baril de brut augmenter à 85 dollars environ (1 dollar = 0,86 euro) et, pour diverses raisons – nationales, géopolitiques et environnementales –, il aimerait que davantage de brut soit pompé pour atténuer cette flambée des prix.

Oublier un instant le fait que la solution repose entre ses mains s'il lève les restrictions réglementaires et la pression d'investissement sur sa propre industrie afin que les producteurs de schiste puissent recharger les plates-formes serait un bon moyen d'augmenter le total mondial.

Au mois d’octobre dernier, la production pétrolière américaine s'élevait à 11 millions de barils par jour, soit environ 2 millions de moins qu'avant la pandémie. L'Opep+, d'autre part, pompait 27,8 millions, soit 500 000 de moins que sa production avant la pandémie.

En dehors de cela, l'Opep+ ne devrait pas modifier la stratégie agréée cet été, qui consiste à augmenter la production de 400 000 barils par mois d’ici à la fin de l’année 2022.

Tout d’abord, le marché mondial de l'énergie est en ce moment dans un tel état de volatilité, avec la flambée des prix du gaz et du charbon, que la politique de l'Opep+ peut être considérée comme une référence de stabilité. Si les choses deviennent encore plus volatiles en cas de vague de froid soudaine aux États-Unis et en Europe, la stabilité et l'accessibilité du pétrole seront très appréciées.

 

L’Opep+ dispose de raisons valables pour ne pas modifier la stratégie agréée au cours de l'été.

Frank Kane

 

Certes, le gaz et le charbon ont été souvent remplacés par le pétrole à mesure que les prix augmentaient et que le brut devenait comparativement compétitif, mais on ne sait pas exactement dans quelle mesure cela a augmenté la demande mondiale. Certains experts l'évaluent à seulement 500 000, ce qui est minime à plus grand échelle.

L'Opep+ doit également être résolument tournée vers l'avenir. L'investissement dans l'industrie pétrolière a été si gravement touché par les effondrements des prix en 2020 qu'il ne s'en est toujours pas remis; or, une période de prix plus élevés soutenus est nécessaire afin d’encourager les investissements pour l'avenir, indépendamment de ce que pensent les militants de Glasgow.

De surcroît, de nombreux experts prédisent un déficit entre l'offre et la demande l'année prochaine, quand l'Opep+ mettra en place sa politique d'augmentations mensuelles progressives. Si Biden attend quelques mois, il aura probablement tout le pétrole qu'il veut en 2022. Et une augmentation supplémentaire de l'offre aujourd’hui entraînerait un déséquilibre supplémentaire sur le marché mondial, qui a mis si longtemps à se remettre après l’année 2020.

En réalité, certains membres de l'Opep+ ont déjà considérablement augmenté leur production depuis l'été. Les producteurs du Conseil de coopération du Golfe (CCG) pompent davantage et le plus gros producteur – l'Arabie saoudite – est de retour aux niveaux d'avant la pandémie.

Les autres membres de l'Opep+ sont même contraints d'atteindre les niveaux convenus par l'organisation l'été dernier. Plusieurs pays africains ont du mal à atteindre leurs nouveaux objectifs accrus. La reprise après le choc de 2020 a demandé plus de temps que prévu à ces pays.

Pour toutes ces raisons logiques l'Opep+ devrait s'en tenir à son plan lors de la prochaine réunion de Vienne. Malgré l'atmosphère fébrile de la COP26 et des pressions géopolitiques croissantes, la logique doit trancher.

 

Frank Kane est un journaliste d'affaires souvent primé de Dubaï.

Twitter : @frankkanedubai

NDLR : L’opinion exprimée dans cette page est propre à l’auteur et ne reflète pas nécessairement celle d’Arab News en français.