L'Opep+ ne semble pas renoncer à sa stratégie sur le long terme

Le variant Delta de la Covid-19 a entravé l'activité économique des États-Unis et de l’Asie, ce qui a eu pour conséquence de faire chuter la demande de pétrole pour le reste de l'année (Photo, AFP).
Le variant Delta de la Covid-19 a entravé l'activité économique des États-Unis et de l’Asie, ce qui a eu pour conséquence de faire chuter la demande de pétrole pour le reste de l'année (Photo, AFP).
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Publié le Lundi 30 août 2021

L'Opep+ ne semble pas renoncer à sa stratégie sur le long terme

L'Opep+ ne semble pas renoncer à sa stratégie sur le long terme
  • Les investisseurs ont maintenu l’approche qu’ils avaient adoptée, ce qui a permis de remédier progressivement à la baisse spectaculaire de production
  • Il est peu probable qu’un nouveau confinement généralisé soit imposé dans les principales économies mondiales

L'Opep+, l’alliance des pays producteurs de pétrole dirigée par l'Arabie saoudite et la Russie, se réunira cette semaine afin d’évaluer pour la première fois sa nouvelle stratégie mise en place lors de sa réunion de juillet dernier et entrée en vigueur au début de ce mois.

Malgré des rumeurs et le fait que certains événements médiatiques ont ponctué le mois d'août, les investisseurs ont maintenu l’approche qu’ils avaient adoptée, qui a permis de remédier progressivement à la baisse spectaculaire de production, de rééquilibrer les marchés mondiaux et d’entraîner une hausse soutenue des prix tout au long de l'année écoulée.

Cette période a bien entendu été marquée par des hauts et des bas, notamment au cours des premières semaines de ce mois, lorsque le variant Delta de la Covid-19 a entravé l'activité économique des États-Unis et de l’Asie, ce qui a eu pour conséquence de faire chuter la demande de pétrole pour le reste de l'année.

Certes, ce virus parvient toujours à bouleverser toutes les prévisions, en particulier celles qui tendent à se montrer exagérément optimistes. Mais il semble que les marchés considèrent que le vaccin finira par gagner la partie sur le long terme, comme en témoigne la flambée de 11% du prix du Brent la semaine dernière. En outre, il est peu probable qu’un nouveau confinement généralisé soit imposé dans les principales économies mondiales.

Si les pronostics de la demande ont fluctué, notamment ceux qui émanent de l'Agence internationale de l'énergie (AIE), la plupart des prévisions indiquent une tendance à la hausse. La seule question que se posent les experts concerne l’ampleur de l’augmentation de la demande.

Il ne fait pas de doute que les fluctuations de prix provoquées par la Covid-19 se poursuivront à un rythme qui sera de moins en moins régulier. Cependant, les données de base du marché semblent remarquablement stables. Les stocks de pétrole ne cessent de diminuer et le nombre d'appareils de forage américains est resté sensiblement le même, alors que certains experts prévoyaient qu'il allait prochainement augmenter de manière significative, dans une période où le prix du baril a dépassé les 70 dollars (1 dollar = 0,85 euro).

Dans ce contexte interviennent d’autres facteurs, au premier rang desquels l'ouragan Ida, qui se dirige à grands pas vers le littoral de la Louisiane, et qui risque d’affecter la production ainsi que la capacité de raffinage de pétrole dans les États touchés, parmi lesquels le Texas, où se trouve la grande raffinerie Motiva, gérée par Saudi Aramco.

 

Au rythme où vont les choses, les niveaux de production enregistrés avant la pandémie seront à nouveau atteints au mois de septembre de l'année prochaine. Toutefois, cet accord expire à la fin de l'année 2022, ce qui lui confère une certaine flexibilité dans l’hypothèse où des circonstances imprévues se présentent.

Frank Kane

 

Cependant, l'industrie américaine a acquis un savoir-faire assez poussé au niveau de la reprise post-ouragan. On peut donc légitimement espérer qu'elle rebondira avec efficacité après les arrêts forcés.

La réunion de Jackson Hole, le week-end dernier, a rendu peu plausible l’hypothèse selon laquelle la Réserve fédérale américaine freinera la relance économique et perturbera la demande de pétrole. Au cours de cette rencontre, les responsables politiques américains ont exprimé leur volonté de maintenir le rythme régulier du retour à la normale post-pandémie.

De son côté, le ministre saoudien de l'Énergie, le prince Abdelaziz ben Salmane, s'est déclaré très impressionné par le suivi mensuel observé par la Réserve fédérale américaine et les autres banques centrales. La stratégie mensuelle de l'Opep+ vise en effet à mettre en œuvre ce mélange subtil de surveillance financière et d'ajustements minutieux des marchés pétroliers. Force est de reconnaître que cette stratégie s'est révélée parfaitement efficace au cours de l'année écoulée.

Si certains sensationnalistes ont présenté la réunion du mois de juillet dernier comme une confrontation entre des membres de l'Opep+ motivés par des visions divergentes sur l'avenir de la production pétrolière, cette rencontre a pourtant offert le meilleur exemple de cohésion et de détermination de la part des vingt-trois membres de l'organisation.

Le modèle élaboré permettra aux pays membres qui souhaitent accroître leur capacité – et qui en ont les moyens – d'augmenter leur production de manière contrôlée et disciplinée jusqu'à la fin de l'accord, en 2022.

Par ailleurs, l'accord de juillet a abouti à un programme soigneusement étudié destiné à gérer l'industrie mondiale du pétrole d'ici à la fin de l’année 2022. Au rythme où vont les choses, les niveaux de production enregistrés avant la pandémie seront à nouveau atteints au mois de septembre de l'année prochaine. Toutefois, cet accord expire à la fin de l'année 2022, ce qui lui donné une certaine flexibilité si des circonstances imprévues se présentent.

Conscients de la hausse des prix des carburants domestiques, certains consommateurs ont appelé à une augmentation de la production au-delà des 400 000 barils prévus en juillet. Cependant, modifier les conditions à un stade aussi précoce de l'accord serait contre-productif et témoignerait d'un manque de confiance dans la stratégie sur le long terme. L'Opep+ souhaite se tenir prête pour pouvoir réagir en cas de nécessité.

 

Frank Kane est un journaliste économique plusieurs fois primé qui habite Dubaï.

Twitter : @frankkanedubai

NDLR : L’opinion exprimée dans cette page est propre à l’auteur et ne reflète pas nécessairement celle d’Arab News en français.

Ce texte est la traduction d'un article paru sur Arabnews.com.