PARIS : Le confinement a suscité un regain d'intérêt pour elles, notamment chez les trentenaires urbains : le gouvernement veut désormais faire des villes moyennes « la figure de proue » de son plan de relance.
« Nos villes moyennes ont été très actives durant la crise de la Covid et nos compatriotes se reconnaissent de plus en plus dans ces villes à taille humaine », a affirmé Jacqueline Gourault, la ministre de la Cohésion des territoires, au terme des troisièmes rencontres d'Action cœur de ville (ACV).
Lancé à la fin 2017 et doté d'une enveloppe de cinq milliards sur cinq ans, ce programme a pour objectif de revitaliser les centres des villes intermédiaires qui comptent entre 10.000 et 100.000 habitants, désertés pour beaucoup d'entre elles depuis des décennies.
Face à des maires qui s'inquiètent des pertes de revenus avec la baisse prévue des taxes sur les entreprises, le gouvernement a envoyé pas moins de cinq ministres aux rencontres d'ACV pour expliquer que le plan de relance de 100 milliards d'euros sur deux ans « faisait la part belle aux collectivités », comme l'a assuré Mme Gourault.
« Aujourd'hui, non seulement les villes dites moyennes ne sont plus les oubliées des politiques d'aménagement, mais je dirais qu'elles en sont les figures de proue », a-t-elle souligné.
« Il y a une très grande opportunité : on redécouvre que notre pays a un très grand atout grâce aux villes moyennes, » a affirmé Rollon Mouchel-Blaisot, directeur du programme ACV.
Selon ses chiffres, plus de 1.200 projets sont « prêts à démarrer » et peuvent bénéficier des différents dispositifs prévus dans le plan de relance.
D'autant que le confinement a suscité un regain d'intérêt pour les villes intermédiaires, comme l'a confirmé un sondage Ifop, publié à l'occasion des rencontres d'ACV, qui révèle que 50% des Français choisiraient de vivre dans une ville moyenne s'ils en avaient le choix.
Selon cette enquête, ces villes sont aussi devenues attractives pour les jeunes actifs de moins de 35 ans qui vivent dans les métropoles, dont 36% souhaiteraient y déménager.
« Le sondage montre un nouveau regard porté par nos compatriotes sur ces villes qu'ils avaient eu tendance à négliger un peu », a commenté M. Mouchel-Blaisot.
« Attractivité culturelle »
A Senlis (Oise), ville de 15.000 habitants, qui en a perdu un millier depuis dix ans, la maire (sans étiquette) Pascale Loiseleur, a perçu ce regain d'intérêt depuis le déconfinement.
« Les habitants des métropoles et des grandes villes se rendent compte que l'on vit probablement mieux dans une petite ville où l'on peut tout faire à pied », a-t-elle affirmé.
Même tendance à Douai, ville du Nord de près de 40.000 habitants : « Il y a une fenêtre de tir pour les villes qui sont prêtes avec un projet cohérent », a expliqué le maire (PS) Frédéric Chéreau, reconduit lors des municipales à la tête d'une majorité rose-verte.
Il n'écarte pas la possibilité d'attirer des Lillois à Douai, « qui n'est distante que de 20 minutes, mais où les appartements sont deux fois plus grands pour le même prix ».
Au cours des rencontres auxquelles a participé la ministre de la Transition écologique Barbara Pompili, M. Mouchel-Blaisot a aussi exprimé sa volonté de « renforcer la contribution ACV à la transition écologique ».
« Le programme vise à remettre des habitants, des commerces, des services et des équipements dans le cœur de nos villes qui étaient désertées, à lutter contre l'étalement urbain et à mieux maîtriser l'urbanisme commercial périphérique », a-t-il indiqué.
Pour sa part, la ministre de la Culture, Roselyne Bachelot, a annoncé le prochain lancement d'un nouveau label qui sera attribué tous les deux ans à des villes moyennes ou un groupement de collectivités pour « distinguer » leur « attractivité culturelle ».