PARIS : Des relocalisations, du soutien à l'économie circulaire, la 4G dans les zones rurales, ou encore des accès simplifiés aux aides européennes: les collectivités attendent du plan de relance du gouvernement, qui sera présenté mardi, qu'il tire "les leçons de la crise" sanitaire.
"Nous espérons que le plan de relance soit à la hauteur des enjeux et qu'il considère réellement l'échelon régional comme un partenaire important", affirme à l'AFP Jules Nyssen, délégué général de Régions de France.
Le gouvernement dévoilera mardi lors du conseil des ministres de la rentrée son plan de 100 milliards d'euros pour redresser l'économie, qui a subi de plein fouet la crise du coronavirus au printemps, avec une contraction attendue du PIB de 11% cette année.
"On va sans doute beaucoup parler de relocalisation, de territoires, d'économie circulaire", estime M. Nyssen, en allusion notamment aux problèmes d'approvisionnement en masques rencontrés au début de l'épidémie, souhaitant que "les leçons de la crise soient tirées".
"Nous espérons que le modèle économique qui sera derrière le plan de relance reposera plus sur les territoires de façon à être moins dépendant des grands flux de la mondialisation", explique-t-il.
A ses yeux, il ne s'agit pourtant pas "de tourner le dos à la mondialisation, mais de réinstaller des activités économiques dans les territoires, de leur donner plus de sens".
Les attentes des régions sont apparemment en ligne avec la volonté de favoriser les relocalisations exprimée à plusieurs reprises par le gouvernement depuis le début de la crise, la question de la dépendance à l'étranger s'étant posée posée de façon aiguë, notamment dans le secteur pharmaceutique.
Des compensations pour les mairies
A l'échelon des municipalités, les élus attendent plus d'autonomie pour faire face à la crise. "Nous demandons à ce que nous soyons à la manoeuvre, qu'il y ait un peu de liberté pour les communes à mettre en place des soutiens différenciés pour les petits commerces", a expliqué à l'AFP Agnès Le Brun, porte-parole et vice-présidente de l’Association des Maires de France (AMF).
Comme la France devrait aussi bénéficier de 40 milliards d'euros du plan de relance européen, Mme Le Brun saisit l'opportunité pour demander "un accès beaucoup plus simplifié aux financements européens de la part des communes. En France, on est les rois de la complexification", ironise-t-elle.
Mais les maires redoutent aussi que la relance économique les contraigne à assurer de nouvelles responsabilités sans en avoir forcément le financement.
"Nous sommes pris en étau", dénonce la porte-parole de l'AMF. "Les dotations ont été diminuées d'année en année avec une augmentation des responsabilités sans les compensations qui allaient avec", s'insurge-t-elle.
"Les mairies font déjà beaucoup plus que leur part" dans la gestion de la crise, assure la porte-parole de l'AMF, qui exige que "toutes des charges induites par la crise sanitaire soient intégralement compensée aux communes par l'Etat".
Dans les villages ruraux, les maires souhaitent que la relance de l'économie fasse avancer des demandes qui "traînent en longueur" depuis des années, affirme à l'AFP Cédric Szabo, directeur de l'Association des maires ruraux de France (AMRF).
Il cite comme exemple "la question du très haut débit et de la 4G" pour que les communes rurales puissent aussi bénéficier d'un accès aux technologies. "Notre pays est loin d'être en tête de peloton sur ce dossier", souligne-t-il.
Mais il attend aussi du plan de relance qu'il soutienne les municipalités "à reconvertir et à transformer leurs villages autour de la question du maintien des personnes âgées".
Et aussi des aides à "la rénovation des coeurs de village à travers les mécanismes de rénovation du bâti public ou de l'ancien et privé. Aujourd'hui, c'est une opportunité formidable", souligne M. Szabo.